L’exposition phare du Grand-Palais se termine dans quelques jours, l’occasion de me frotter à une certaine sérénité visuelle en ces temps plus que troublés.
Le musée a choisi une disposition chronologique pour rendre part des différents bouleversements artistiques opérés par celui qu’on surnommait « le fou de peinture ». Des estampes commerciales au manga, en passant par « les trente-six vues du Mont Fuji », celui qui influença « les Nabis », mais aussi Gauguin, Van Gogh, Monet et Manet au XIXè, possède effectivement un art protéiforme.
Après avoir dessiné pour des supports commerciaux, Hokusai bâtit sa réputation en illustrant des « kyoka », des poèmes-bouffes raffinés et marqués par un certain luxe, avant de poursuivre vers des illustrations de fictions épiques. Monstres mythologiques et scènes de genre s’échappent alors de ses oeuvres …
Yu Zhi jouant de la cithare ©Hokusai
Nous passons alors à l’art du manga, mais que les plus jeunes ne commettent pas d’erreur, il s’agit ici du sens premier du terme « dessins légers, variés, ou épurés ». On ne peut que saluer alors la précision avec laquelle Hokusai rend compte de la vie quotidienne.
Après ses 50 ans, son art change encore, il se tourne alors vers la production de manuels de peinture, dans le but de faire connaître son art à un public plus grand.
S’ensuit alors sa période « litsu » qui marquera pour les siècles à venir le monde, puisque c’est à cette période qu’il peindra notamment ces fameuses « trente-six vues du Mont Fuji ».
Une certaine finesse couplée à une beauté presque magique : une belle sérénité s’échappe de ses oeuvres. Il avait l’art de mettre en exergue les moindres détails et de donner vie à la scène représentée.
La portée d’Hokusai n’est plus à démontrer, et il suffit de voir le public devant le Grand Palais pour savoir que « ce fou de peinture » est un incontournable.
Toutefois, comment ne pas regretter la scénographie choisie ?
Des oeuvres mises en enfilade qui poussent chacun à suivre benoîtement son prédécesseur, lui même poussé par des suiveurs, des cartels trop bas qui nous forcent à suivre cette file, si l’on souhaite savoir un minimum de quoi parlent les estampes exposées.
On se gêne, on se pousserait presque, comment alors ressentir réellement le talent d’Hokusai ?
Seule la jonction entre la première et la seconde partie apporte un souffle à cette scénographie : des projections murales démesurées.
De la démesure qui fait la joie des kids. @GrandPalaisRmn #Hokusai https://t.co/867ZY359h0
— Bric à Book (@Leiloona) 10 Janvier 2015
Pour terminer, une lithographie d’Henri Rivière, entre impressionnisme et japonisme de la Tour Eiffel en construction … Paris, la neige … Un havre de paix bientôt retrouvé ?
Les 36 vues de la Tour Eiffel, lithographie inspirée des 36 vues du Mont Fuji d’Hokusai, Henri Rivière,
Informations pratiques :
Du 01 Octobre 2014 au 18 Janvier 2015
Grand Palais, Galeries nationales
Lundi : 10h – 20h
Mercredi, jeudi, vendredi : 10h – 22h
Samedi : 9h – 22h
Dimanche : 9h – 20h
Fermeture hebdomadaire le mardi
TARIFS : Plein : 13 €
Réduit : 9 €
Gratuit pour les moins de 16 ans
Réservation complète, vente sur place uniquement sur file d’attente
Je partage tout à fait ton avis sur la scénographie!
Ah oui, tu l’as faite aussi ?
Je me souviens qu’en août (ou juillet ? je ne sais plus), nous avions parlé de cette expo comme d’une incontournable … J’aurais regretté ne pas la voir, mais fichtre quelle déception pour la scéno … 🙁
Bonjour Leiloona,
j’étais à Paris la semaine du nouvel an et j’avais envie de voir cette exposition mais je n’ai pas réussi a décider mon mari. Il devait y avoir foule … Une vague humaine….
Souhaitons que la tranquillité revienne rapidement sur la capitale et en France.
Bisous
Merci Didi, oui souhaitons-le …
Bises aussi.
On se demande ce que font ces scénographes d’expo payés à prix d’or parfois. J’ai manqué cette expo, tant pis pour moi.
Je me demande aussi … pour cette exposition là, je n’ai vraiment pas compris l’intérêt et la pertinence de la disposition en tout cas.
Voilà une des raisons qui me fait rêver aussi souvent de Paris ! 😉
Ah pour ça, oui, c’est le pied ! 😀
J’ai adoré l’expo… et bizarrement, je ne me suis pas sentie poussée… il faut dire qu’on a butiné beaucoup… et qu’on y a passé des heuuuures!!!
C’est toujours le problème avec ce genre d’expo, on aimerait de la sérénité et on a la foule et les comportements souvent inadaptés. Mais on n’a pas le choix.
Ah bah je vois qu’Hokusai est maudit pour sa scénographie !
Je l’avais vu au musée Guimet. Il y avait tellement de monde qu’on nous avait fait entrer par la sortie. Du coup, nous étions à rebrousse poils et du fil narratif et des gens. Magnifique 🙁 Et en plus, les dessins étaient exposés en vitrine à hauteur de hanches ce qui fait que les gens s’agglutinaient pour voir. Un vrai bonheur…
J’ai hésité du coup à aller au Grand Palais, mais le monde, la foule… j’ai crains les mêmes déboires, à raison visiblement.
Dommage.
As-tu pu feuilleter le catalogue de l’expo (en librairie, il est sous cellophane, impossible de le feuilleter) ? Vaut-il ses 50 € ? Parce qu’à défaut d’avoir pu voir l’expo, j’hésitais à investir dans le catalogue… En sachant qu’à Noël j’ai eu l’édition complète et commentée de « La manga » !
Ah non pas eu le courage de feuilleter le catalogue de l’expo, il y avait vraiment beaucoup de monde à la boutique et déjà que j’ai fait de petites emplettes, je ne voulais pas faire attendre l’ami qui m’accompagnait. 😉
Comme toi, je regrette qu’une si belle expo soit gachée par le monde et la scéno inadaptée !