Héloïse, ouille ! Jean Teulé

heloise abelard teule


On sait que ça a été une histoire sexuelle folle entre les deux, et au lieu d’étudier, ils n’ont fait que baiser comme des dingues.

heloise ouille teuleJ’ai une aversion pour Jean Teulé, une vraie, une de celles où l’on se dit un jour « je ne le lirai plus jamais ». Après Mangez-le si vous vous voulez, la coupe était pleine. Non, non, non, on ne m’y reprendra plus. 
Et puis on vieillit, on oublie ses principes … Ou bien en femme curieuse, on se demande comment l’auteur a pu traiter l’histoire d’Abélard et Héloïse … « Souvent femme varie », il paraît …

Forcément, Teulé apporte un nouvel éclairage à l’histoire. C’est cru (surtout les carottes. Ceux qui auront lu me comprendront), gras, grivois. L’amour tout court plutôt que l’amour courtois. Et pour le coup, je dois bien avouer que cette crudité est bien amenée et rondement écrite. La narration croustille sous nos pupilles, un texte bien couillu même si l’ironie de l’histoire voudra qu’Abélard en manque à la fin de sa vie …

Teulé ne s’encombre pas des euphémismes à la mode. Il appelle une chatte une chatte et des couilles des couilles. Autant dire qu’il y a même des dessins à la clé, au cas où l’on ne comprendrait pas bien la description.

Truculent, oui. Drôle aussi.

Même si j’ai trouvé que la donzelle avait parfois des visées un peu trop contemporaines à mon goût, l’incartade est vite oubliée.

Mais une fois leur relation découverte, tout va de mal en pis (et là je ne parle pas de la poitrine opulente d’Héloïse), et la narration aussi manque de souffle. Ce qui avait fait sa fraîcheur n’existe plus, avec les couilles est partie l’ivresse. Le lecteur aussi est mis à la diète. Abstinence aussi pour lui !

Forcément l’histoire littéraire retiendra la première partie : un texte cru, grivois et obscène. Et qui sait, peut-être entendra-t-on bientôt « Viens-là que je te hurtebille ! »  Mais quid de la seconde partie beaucoup plus plan-plan (bien que douloureuse, forcément.) ? Un roman inégal à mes yeux. Mais je partais de loin, et le talent de conteur de Teulé, sa culture aussi, s’étalent bien ici.

Un petit air rabelaisien mi-figue mi-raisin.

Auteur Jean Teulé
Editeur Julliard
Date de parution 05/03/2015
ISBN 2260022103
EAN 978-2260022107
336 pages
20 €

L’Irrégulière : C’est grivois, gaulois, mais jamais vulgaire, car c’est fait avec talent, avec une verve extraordinaire et une jouissance totale du verbe et de la langue. Il faut, réellement, avoir une solide culture et une maîtrise totale de son art pour aboutir à un roman aussi pleinement jouissif et brillant.

Jérôme : J’aime cette liberté de ton, ces obscénités assumées, cette vulgarité jamais choquante. Parce que derrière l’exubérance et la langue frétillante (sans mauvais jeu de mots), on sent l’érudition et l’énorme travail de documentation.

27 comments

  1. titine75 says:

    Il me tentait bien celui-ci et j’aime beaucoup la gouaille de Jean Teulé. Bravo à toi de n’être pas restée sur tes à priori !

    Répondre
    • Leiloona says:

      Oui, bon, je ne dis pas que je réitérerai … mais ce fut plaisant, la première partie surtout.

      Ne jamais dire « fontaine … »

      Répondre
  2. bookinnosfa says:

    Comme toi depuis « Mangez-le si vous voulez », je ne voulais plus jamais lire l’auteur. Je n’accroche pas du tout. Avec le Montespan, c’est passé mais uniquement grâce à la bd qui est très bien imaginée.
    Toutefois, j’ai lu une chronique récemment qui m’a donné envie de retenter l’aventure avec lui et avec ce livre. Ta chronique, bien que moyennement enthousiaste m’y encourage quand même encore.

    Répondre
    • Leiloona says:

      Oui, mitigée je suis, mais pas totalement réfractaire et en colère, et ça c’est vrai que c’est déjà beaucoup.

      Répondre
  3. Mia says:

    Coucou, j’ai publié un roman récemment, je me permet de te laisser le lien du site web. Passe y faire un tour, ça me ferait plaisir. :) J’essaye de me faire un peu connaître, j’avoue ne pas savoir comment m’y prendre.
    Passe une bonne journée. :)
    http://miakbowen.tumblr.com/ / fb: « Les Enfants de la Lune – Mia K. Bowen »

    Répondre
    • Leiloona says:

      Ah oui, je me doute que cela doit être compliqué. Je laisse votre lien, même si mon blog n’est pas une vitrine. :)

      Répondre
  4. Jerome says:

    C’est bien de ne pas avoir trop de principes je trouve 😉
    Oui, c’est inégal mais il a été piégé par le déroulement de l’histoire de ces deux amoureux : un départ en fanfare et une fin beaucoup moins rockn’roll. En tout cas j’ai aimé retrouver Teulé en pleine forme, ce qui n’a pas toujours été le cas dans ses romans précédent, c’est rien de le dire !

    Répondre
    • Leiloona says:

      Oui, tout à fait, c’est pour ça qu’à chaud mon billet aurait été moins positif, mais en y réfléchissant, je me suis dit, comme toi, que leur histoire était mal fichue pour le genre romanesque, mais que ce n’était pas du fait de Teulé. :) Bon, je ne sais pas si je recommencerai tout de même. :)

      Répondre
  5. Ex-In Cold Blog says:

    J’avais beaucoup aimé « Je, François Villon » mais, comme toi, « Et mangez-le si vous voulez » m’avait exaspéré : tout ce qui faisait la verve et la truculence du premier y devenait excessif et grand-guignol, une grossière caricature. Je n’ai pas ta ténacité, j’ai laissé tomber Teulé… pour le moment tout au moins.

    Répondre
    • Leiloona says:

      Oui, voilà, c’est aussi ce que j’avais ressenti pour le « mangez-le », là ce ne fut pas le cas … une amélioration ? Moins d’attente de ma part ? Moins de sévérité ? Je ne sais pas. :)

      Répondre
  6. entrelespages says:

    C’est vrai que le livre a deux parties bien distinctes. J’ai bien aimé les commentaires d’Héloïse lisant les lettres de son ancien amant… Pas le meilleur des Teulé au niveau de l’organisation mais quel style. On sent qu’il s’est fait plaisir.

    Répondre
    • Leiloona says:

      Oui, mais il était un peu contraint par l’histoire en elle-même au niveau de l’organisation. 😉 Le style, oui, bien aimé la gouaille.

      Répondre
    • Leiloona says:

      Je ne sais pas si je vais le faire tourner, honnêtement à part une amie qui l’a déjà acheté par elle-même car fan, le reste, non … pas trop fan du bonhomme. 😉

      Répondre
  7. gambadou says:

    J’ai la même aversion que toi, et je n’ai pas assez vieilli pour oublier mes principes ;)) Donc, pas de Jean Teulé !

    Répondre
  8. krolfranca says:

    Je suis comme tu étais, bien décidée à ne pas relire Teulé depuis le même roman que toi. Et le peu que tu critiques m’agace déjà : « visées trop contemporaines de la donzelle », « narration qui manque de souffle ». Personnellement, je n’aime son écriture.

    Répondre
    • Leiloona says:

      Là ce n’était pas aussi poussif que pour « mangez-le », il s’est amélioré, ou bien j’ai baissé ma garde, au choix ! :)

      Répondre
  9. Alphonsine says:

    « Ce qui avait fait sa fraîcheur n’existe plus, avec les couilles est partie l’ivresse. »
    Cette phrase est tout bonnement géniale. x)

    Répondre
  10. Laure Micmelo says:

    Comme j’ai été déçue par certains Teulé, que j’avais trouvé pas très bien écrits (alors que j’avais adoré le magasin des suicides), je tergiverse, mais bon, là, tu me fais envie !

    Répondre
    • Leiloona says:

      Ah oui ? Si on m’avait dit un jour que je donnerais envie de lire Teulé, je n’y aurais pas cru ! 😀

      Répondre
  11. yueyin says:

    C’est souvent le cas avec Teulé depuis quelques années, ça commence bien mais ça tourne vite à vide hélas… je me laisserai peut être tentée mais je m’étais bien dit qu’on ne m’y reprendrait plus moi aussi :-)

    Répondre
    • Leiloona says:

      Du coup j’ai relu mes chroniques et je me suis aperçue que dès « le magasin des suicides », j’avais trouvé que cela s’essoufflait ! 😀

      Répondre
  12. laurielit says:

    Il m’intrigue cet homme, je n’ai rien lu de lui, j’aime son franc-parler, il m’a fait exploser de rire @LGL avec ses termes crus qui contrastaient fortement avec la tonalité de l’émission. J’ai hésité à l’acheter mais j’ai lu 2/3 critiques du même gabarit que la tienne et j’ai donc lâché l’affaire. Mais je me suis achetée d’anciens titres, on verra. C’est bien aussi d’assumer les termes en littérature mais peut-être que trop c’est trop…

    Répondre
    • Leiloona says:

      Ou bien, emprunte un livre en bibli, tu verras si tu accroches.

      Pour moi, le ton est bon, souvent trop poussif, et ses romans s’essoufflent, mais cela reste personnel. :)

      Répondre
  13. Céline says:

    J’ai aussi aimé la première partie, j’ai pas mal ri et même été un peu choquée (les carottes quand même). Mais en effet la narration s’essouffle ensuite et j’ai peiné à le finir…

    Répondre

Laisser un commentaire