Lors de la représentation de la pièce « Du Domaine des murmures« , j’ai repéré une affichette d’une pièce, sur le comptoir, juste avant de partir. Un dandy marionnette manipulé par une main inconnue. Il ne m’en a pas fallu plus pour vouloir découvrir cette pièce, qui a d’ailleurs obtenu le Molière du comédien (pour un théâtre privé).
« The Servant » reprend un thème bien connu au théâtre : celui du maître et de l’esclave, notamment par exemple dans L’Île des esclaves de Marivaux.
Qui est soumis à l’autre ? Le lien est bien plus ambigu qu’il n’y paraît.
Au début de la pièce, un jeune anglais revient d’Afrique, il a demandé à son meilleur ami de lui trouver un domestique. La rencontre a lieu, « the servant » est parfait. Trop ?
Au départ, personne ne se doute de quoi que ce soit. Le domestique remplit ses fonctions, il est certes un peu trop présent, mais bon, après tout, pourquoi serait-ce un défaut ?
Une pièce habilement construite, comme un film d’Hitchcock duquel on ne peut s’extirper. Englué, le personnage principal ne voit rien et se laisse guider telle une marionnette par ce domestique si parfait … On frôle alors le thriller sans jamais y tomber, on rit jaune quand les rôles s’inversent, et on se demande vraiment quelle attitude adopter : celle du spectateur conscient des rouages, celle du dandy qui se laisse merveilleusement bien avoir, celle du domestique caustique ?
On se laisse alors naviguer en eaux troubles, le temps file et se déroule sans anicroches, nous sommes bercés nous aussi dans cette barque instable et nous nous laissons aller.
A l’instar de la musique jazzy, toute en improvisations, qui accompagne la représentation, le spectateur ne sait pas où la pièce le mène, et sort des sentiers déjà battus et rebattus par la comédie.
Une intrigue étonnante, des comédiens bluffants, une pièce qui fait réfléchir aussi sur la notion du pouvoir, et de la lutte des classes sociales. Une pièce délicieusement anglaise à l’humour caustique et aigre-doux.
A découvrir jusqu’au 12 juillet, sinon reprise dès le 1 er septembre.
Un extrait de la pièce :
De Robin MAUGHAM – Mise en scène Thierry HARCOURT
Du mardi au samedi à 19h, dimanche 17h30
Avec Maxime D’ABOVILLE – Roxane BRET – Xavier LAFITTE – Adrien MELIN – Alexie RIBES
Lumières Jacques ROUVEYROLLIS – assisté de Jessica DUCLOS
Costumes Jean-Daniel VUILLERMOZ
Décor Sophie JACOB
Assistante à la mise en scène Stéphanie FROELIGER
Prix des places : Plein tarif 35€ / Tarif réduit 28€ / Tarif jeunes -26 ans 10€
Production Théâtre de Poche-Montparnasse
Affolants … les prix. J’hallucine !!
Ils se peignent pas avec un clou !! 🙂
C’est le tarif parisien …
Gustave avec Weber est au même prix, et Du domaine des murmures est à 25 … et va jusqu’à 45 pour le joueur d’échecs (je te parle de pièces que j’ai vues)
Tu sais, c’est un peu comme les loyers, les prix parisiens sont déraisonnables, cela dit, je n’ai pas souvenir d’avoir payé beaucoup moins cher en province …