Splendeurs et misères : images de la prostitution

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Le musée d’Orsay offre pour la première fois une rétrospective des images de la prostitution des années 1850-1910. Thématique largement présente en littérature et peinture, elle a inspiré de nombreux artistes, qu’ils appartiennent au naturalisme, au symbolisme, voire même fauvisme… Voyons alors sous quel angle elle a été traitée.

Entre réalité et fantasmes, la femme se dévoile … Une cheville seulement, ou plus ? L’artiste joue avec les codes et porte un oeil sur ce monde interlope que beaucoup ne connaissent pas. Le spectateur glisse alors vers un monde entre « chiens et loups », la suggestion est souvent de mise. Une femme avec un verre d’absinthe qui attend ? Une prostituée. Une autre à un comptoir avec quelques pièces ?  Une tenancière de bordel.

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Entre femmes des rues et semi mondaines qui courent les spectacles et se montrent à l’Opéra, l’écart peut être grand (sans mauvais jeu de mot), on oscille alors entre le faste et la misère que le peintre saura mettre en valeur au détour par exemple d’un trait brut et sec.

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L’exposition aborde aussi le côté historique de la prostitution : l’ouverture des maisons closes, le suivi médical imposé pour les prostituées afin d’endiguer les maladies, mais aussi la toilette des visiteurs … Le visiteur sillonne alors entre les peintures sages et les photographies pornographiques (à cet égard, deux salles obscures ont été interdites aux moins de 18 ans, à raison … bon, de toutes façons, je me vois mal emmener des enfants ou des pré-pubères à cette exposition …).

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Superbe scénographie de Robert Carsen, surtout dans la seconde partie de l’exposition : papiers peints, lourds rideaux rouges, fauteuils rembourrés sur lesquels les visiteurs se penchent pour voir les « pique-couilles » ou autres préservatifs d’époque … S’il n’y avait pas autant de monde, on s’y prélasserait bien. Comme le lit « dit de la marquise de Païna », ou encore le fauteuil de volupté du Prince de Galles.

Les grands absents ? Les hommes … Et pourtant, je doute que nous n’ayons aucune trace d’hommes qui vendaient leur corps …

Une exposition léchée qu’on se plaît à regarder soit d’un oeil d’expert et amateur d’art, soit aussi, ne nous leurrons pas, pour émoustiller un quotidien automnal …

N’hésitez pas à vaincre la foule (l’exposition est courue, à raison), pour vous prélasser quelques heures au milieu de ces filles de joie.

22 septembre 2015 – 17 janvier 2016
Musée d’Orsay
Exposition temporaire

Leiloona
Épicurienne culturelle, je sillonne villes, pays et musées, toujours un livre dans mon tote bag ... Chaque lundi, je publie mes textes dans un atelier d'écriture basé sur une photographie que j'anime depuis 5 ans. Museo geek l'hiver, sirène l'été. J'aime les bulles, le bon vin et les fromages affinés. View all posts by Leiloona →

15 commentaires

  1. Super article, merci ^^ Le musée d’orsay fait vraiment de très bonnes expos, très inspirantes même pour un auteur ^^. Il faut que je trouve le temps d’y aller!

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    1. Merci ! 😀 Oui, là, on peut passer des heures à contempler et à imaginer des tonnes d’histoires … d’ailleurs certaines photos montrent que les auteurs, tels Maupassant ou Zola pour ne citer qu’eux, se sont inspirés de ces toiles. 🙂

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        1. Hum, le pass ne permet pas de couper la file … mais en effet, arriver à l’ouverture permet de ne pas trop faire la queue. 🙂

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  2. Tu as fait des photos, la vilaine 😉 D’ailleurs, j’ai trouvé cela dommage que les photos étaient interdites car la muséographie était très jolie. Surtout les salles avec le tissus à motif comme tu en parles dans ton billet 🙂
    Sinon, figures toi que ce matin, j’ai vu une famille avec des enfants dont le plus grand devait avoir 10 ans. Ils se baladaient tranquillement entre les peintures. Je pense même qu’ils sont allés dans les salles obscures 🙂
    J’ai été très contente de l’expo même si il a vraiment trop de monde pour pouvoir en profiter tranquillement 🙂

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    1. Oui, j’ai fait des photos, mais très très peu … et à ce moment là je ne savais pas que je n’avais pas le droit. 🙂

      Une famille avec un gosse de 10 ans ? Oh peuchère ! Punaise …

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      1. les enfants semblaient contents de se balader et voir des peintures. Heureusement qu’il ni avait rien de très explicite 🙂

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  3. Il faut que j’aille la voir, je suis très curieuse de la découvrir ! Les dernières expos d’Orsay m’ont chaque fois bluffée par leur scénographie. Et vu ce que tu en dis, ça semble être la même chose pour celle-ci…

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  4. Il va falloir que je choisisse une heure stratégique pour m’y rendre… j’ai hâte de la voir en tout cas !

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    1. Je crois que le mieux serait d’aller à l’ouverture … et pas le week-end … mais là nous sommes en période de vacances, donc pas la période la plus calme.

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  5. Ping : Expo Eros Hugo entre pudeur et excès | Bric à Book

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