Monsieur Sim est dépressif. Sa femme l’a quitté, son boulot l’a quitté. Lorsqu’il part voir son père au fin fond de l’Italie, celui-ci ne prend même pas le temps de déjeuner avec lui. Comment faire un film intéressant avec un personnage dénué – apparemment – d’intérêt ? Michel Leclerc semble avoir trouvé la recette…
(Musique de Walter Jon Williams :
« Ta Ta ! Tatata Ta Taaa… Tatata Ta Taaa.. Tatatata … »)
Quelque part, au fin fond de la Galaxie…
Le Faucon Millénium est écrasé au milieu d’un paysage de neige.
A son bord, un seul passager : Yann, solo donc…
La voix féminine de l’ordinateur de bord brise le silence glacial.
@GPS : Yann ! Yann ! Réveille-toi !
@Nimentrix : Lei….a ? Que se passe-t-il ?
@GPS : Yann, tu es en train de te planter de film… Ça n’est pas parce que ta patronne a refusé de te payer l’aller-retour pour l’avant-première de SW7 à Los Angeles qu’il faut oublier que tu es là pour chroniquer le nouveau film de Michel Leclerc.
@Nimentrix : Celui qui avait réalisé l’excellent « Le Nom des Gens » ?
@GPS : Oui.
@Nimentrix : Et du très décevant « Télé Gaucho » ?
@GPS (soupire) : Oui, aussi…
@Nimentrix : En fait, je suis dans la même situation que Monsieur Sim, là.
@GPS : Attention, tu risques de spoiler l’histoire…
@Nimentrix : Je ne spoile rien, c’est sur l’affiche et dans la bande annonce… A un moment, Monsieur Sim se retrouve totalement seul au milieu de nulle part avec sa voiture dans la neige et il parle avec son GPS…
@GPS : Sauf que son GPS s’appelle Emmanuelle, pas Leiloona, et il n’a pas la voix de ta patronne…
@Nimentrix : Emmanuelle… Tu sais que c’est le nom de mon ex-femme ?
@GPS : Tu peux te focaliser sur le film de Michel Leclerc, s’il te plait ? Les lecteurs s’impatientent…
@Nimentrix : Tu sais que tu imites très bien la patronne en colère ?
Sim
« Sim, Monsieur Sim, comme la carte… » A la manière de James Bond, Monsieur Sim se présente, mais son personnage est plus proche du célèbre François Pignon créé par Francis Veber que de Daniel Craig. Le François Pignon de l’Emmerdeur, avec ce besoin insatiable de raconter ses malheurs à tous ceux qu’il rencontre. Mais personne ne l’écoute. Personne… Certains meurent même en l’écoutant et Monsieur Sim finir par se demander s’il n’est pas ennuyeux à en mourir. Monsieur Sim est un peu bizarre : il espionne son ex-femme en discutant avec elle sur les réseaux sociaux, caché derrière un pseudo féminin.
On the road again…
Monsieur Sim reçoit une proposition inattendue : traverser la France pour vendre des brosses à dents qui vont « révolutionner l’hygiène buccodentaire». Le film se transforme alors en road movie initiatique, où entre 2 discussions avec Emmanuelle, son GPS, décide de revoir les visages de son enfance, son premier amour, sa fille et finira par faire d’étonnantes découvertes qui vont le révéler à lui-même. Sur ce « voyage intérieur » plane l’ombre de Donald Crowhurst un navigateur porté disparu durant une course autour du monde en solitaire. Le marin s’est laissé dériver et a fini par sombrer dans la folie… Le destin réservera-t-il le même sort à Monsieur Sim ?
Du rire, de la folie, de la tragédie, de l’émotion….
Si la première partie du film est placé sous le signe de la comédie, avec un Jean-Pierre Bacri hilarant dans le rôle du total loser, le film prend progressivement une dimension plus dramatique, particulièrement après la rencontre clé avec Samuel (Mathieu Amalric) qui lui fait découvrir l’histoire de ce marin solitaire que la folie a mené au suicide. Samuel est plus présent par la voix que par l’image mais Monsieur Sim est très sensible aux voix, particulièrement celle de son GPS… De la folie à la révélation il n’y a quelquefois qu’un pas et la dernière partie du film, avec une jolie astuce narrative risque de surprendre plus d’un spectateur qui n’aurait pas lu le roman de Jonathan Coe dont le film est l’adaptation.
Si vous n’allez par voir Star Wars 7…
Vous allez au cinéma et il n’y a plus de places pour le blockbuster de la décennie avec Harrison Ford ? Foncez voir La Vie très Privée de Monsieur Sim. Entre les scènes humoristiques, la dimension tragique et émotionnelle, le regard très pertinent sur notre ultra-moderne solitude (les réseaux sociaux, le GPS, les « reportages » vidéos), Michel Leclerc fait mouche. Coup de chapeau à la superbe performance de Jean-Pierre Bacri, drôle et touchant dans le rôle de dépressif optimiste, à l’incroyable présence de la voix de Mathieu Amalric, et la pétillante pléiade d’actrices confrontées à cet homme qui semble avoir beaucoup de mal à comprendre les femmes… Un film qui finit dans mon top 5 de l’année et qui n’en sortira pas, même si un certain épisode 7 devait venir s’y glisser 😉
@GPS : Emmanuelle….
@Nimentrix : Oui…
@GPS : Comme dans le film avec Sylvia Krystel ?
Yann Nimentrix Solo appuie sur le bouton rouge, l’ordinateur de bord s’éteint.
La bande annonce :
Date de sortie 16 décémbre 2015
(1h42 min)
Réalisé par Michel Leclerc
Avec Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Valeria Golino
Genre Comédie dramatique
Nationalité Français
Une adaptation du roman de Jonathan Coe ?
Oui ! 🙂
héhéhé compte bien y aller pendant les vacances 😉 avais bcp aimé le livre !
2 semaines de congé m’attendent… Il faut que j’aille le voir!!
J’avais beaucoup aimé le livre mais je ne le sentais pas en film, même si Bacri me semble parfait pour le rôle. Je vais peu au cinéma mais je le regarderai plus tard.
Une envie forte de relire le roman …(et de voir le film, j’aime Bacri)
Et notre présentateur de films préférés en Belgique francophone, Hugues Dayez, est positif à son sujet, ce qui est un gage certain de qualité ! Ca donne envie, votre reportage !