L’écriture de Kéthévane Davrichewy possède une grâce certaine. Quand on commence un de ses romans, en quelques paragraphes la magie opère. Nous voici transportés en Géorgie, à une époque où Staline le tyran portait encore des culottes courtes et se prenait quelques raclées …
L’Autre Joseph, c’est l’arrière-grand-père de l’auteur, Joseph Davrichachvili, ou Davrichewy (les noms d’Europe de l’Est aiment changer et prendre d’autres couleurs … le mien aussi a subi une mutation). Joseph a plus que côtoyé Sosso, qu’on appellera plus tard Staline.
Transporté en Géorgie du début du XXè siècle, le lecteur se délecte des anecdotes racontées autour de la famille de l’auteur. Joseph n’aime pas trop celui qui deviendra le petit père des peuples. On le raille souvent sur leur ressemblance respective : la rumeur dit même que le père de Joseph, préfet de son état, et la mère de Sosso auraient eu une liaison … Mais à cette époque les secrets familiaux sont légion, et jamais on ne connaîtra la vérité. Parfois l’évidence est tout de même difficile à contester …
Le lecteur flirte alors avec une période explosive qui aboutira à la révolution russe : les deux destins se croisent et se séparent. Quand l’un est exilé en Sibérie, l’autre débarque à Paris. Leurs vies semblent alors s’éloigner l’une de l’autre. Mais le Destin le veut-il vraiment ?
Quelles vies ! Quels destins ! Il est toujours incroyable de constater que la réalité dépasse bien souvent la fiction ! Kéthévane Davrichewy brode son histoire autour de l’Histoire. L’auteur tisse ici son histoire familiale, s’interroge aussi sur ce qu’aurait pu devenir Staline si son arrière grand-père avait vu certaines choses sous un autre angle, et questionne aussi le travail de l’écrivain. Le lecteur se laisse prendre dans les mailles enchanteresses de l’auteur, revient avec elle sur les pas de ses ancêtres, et ne peut qu’être touché par cet hommage familial. Une véritable saga comme l’Est sait le faire : comment ne pas être bercé par ce lyrisme, et cette langue aux R roulés ?
Roman
N° d’éditeur : 144
Disponible en librairie au prix de 21 €, 280 p.
ISBN : 978-2-84805-200-7
Également disponible en format epub et pdf au prix de 15,99 €
Date de parution : Janvier 2016
Télécharger un extrait au format PDF : lautrejoseph.pdf
1ère rencontre avec cette auteure, et sacrebleu quel délice !
Et je n’en resterai pas là, parole de framboise :-p
J’ai une tendresse toute particulière pour « La mer noire » … à vie gravée dans mon parcours …
http://www.bricabook.fr/2010/02/commentaires-sur-la-mer-noire-de-kethevane-davrichewy/
Je l’ai lu aussi en cette rentree… Et je suis moins enthousiaste que toi! J’aime tellement ce qu’elle a fait avant (les séparées, il faut lire les séparées! Et quatre murs!) que la je reste sur ma faim, moins sensible au contexte historique. Je n’ai jamais réussi à trancher entre l’histoire l’air et le romanesque, et même si la langue est magnifique l’histoire m’a beaucoup moins touché!
Son roman le plus personnel en effet … celui qui reconstruit et met du noir (des mots) là où la famille a laissé des blancs… ça m’a touchée, mais effectivement je comprends ce que tu veux dire. J’aime cette époque historique, et cela ne m’a pas dérangée du tout qu’elle prenne autant de place.
Je comprends que tu puisses être touchée, ma « déception » (le mot est un peu fort!) est toute personnelle, a plus à voir avec mes attentes de lecteur qu’avec la qualité du roman!
Et ca n’enlève rien à l’écriture de Davrichewy, ciselée.
Et puis les couvertures de wespieser se marient bien avec ce collant mauve! Jolie photo!
Tu sais déjà ce qui dans ton article me donne envie de m’y plonger…
On a toutes les deux cet amour pour les pays de l’Est … j’ai vu que tu partais en Avril découvrir un nouveau pays balte … trop hâte de voir tes prochaines photos. ♥
Voilà, je sais que lorsque tu évoques l’Est, cela va me parler plus particulièrement… Et il me tarde aussi d’être en Avril pour vivre puis raconter tout ça… <3
C’est assez intrigant…
Oui, comme lorsqu’elle a découvert qui était Joseph et quelle avait été son enfance : parfois le passé familial est aussi (voire même plus) riche qu’un roman.
Etonnant cette famille. Ma prèfèrence va toujours vers La mer noire.
Oui, étonnante, c’est le mot ! Ah mais la mer noire est un roman totem pour moi, je ne peux dire le contraire ! 🙂
Oh, j’ai très envie de le lire celui-là, j’aime beaucoup cette auteure
Oui, un très beau roman, un côté slave qui me plaît et me parle.
J’avais beaucoup aimé La mer noire. Celui-ci me tente.