Le Goût du large, Nicolas Delesalle Préludes

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Grand reporter à Télérama, Nicolas Delesalle nous avait émus avec son premier roman  Un Parfum d’herbe coupée. Lu d’un souffle, c’est un récit qui fleurait bon les souvenirs et les années 80 …

Le second roman apporte une nouvelle pierre à l’édifice, bien entendu, mais il est surtout l’occasion pour l’auteur de confirmer son premier coup d’essai. Quand le précédent livre a bien fonctionné, la barre est placée haut.

Avec le Goût du large, ne comptez pas retrouver l’aspect léger qu’on trouvait dans le premier. En fait, ce roman n’est pas un feel good book, il est bien plus que ça.

le gout du large delesalleLe temps d’un périple en cargo de 9 jours, l’auteur partage avec son lecteur son odyssée.

Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J’allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l’ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j’allais devenir un milliardaire du temps, plonger mes mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J’allais me gaver d’heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer.

Devenu « milliardaire du temps », voici le moment pour Nicolas Delesalle de faire le point, de se déconnecter du monde actuel hyper connecté. Seul face à lui-même et à ses souvenirs. C’est donc un récit rétrospectif que l’auteur nous livre ici. Sur ce cargo, des centaines de containers, à l’image de cet homme qui a déjà vécu mille et une histoires. Lui aussi est un porte containers et il livre ici à travers ce Goût du large sa générosité envers les autres.

Des péripéties en tous genres, de belles rencontres, des terrifiantes, cet homme a enfin le temps de se poser, d’apprécier la mer, ses circonvolutions, ses lumières, les terres étrangères aussi, parfois hostiles.

Quelle merveille ! Voici une Odyssée des temps modernes : des rencontres dignes de films d’actions, des moments de tendresse absolus. Nicolas Delesalle délivre ici toute la beauté du monde, toutes les réalités présentes sur cette terre protéiforme. En fond, bien entendu, la montée des intégrismes fait froid dans le dos, tout comme l’inhumanité de l’immigration actuelle. Qui sommes-nous devenus ?

Un roman dont je me suis délectée par petites touches. Presque un mois pour le lire, j’ai pris le temps de le digérer, de le reposer, de relire aussi de merveilleuses phrases. Nicolas Delesalle est un être généreux et son second roman ne fait que le confirmer. Voici un auteur qui possède à la fois un style percutant et efficace tout en gardant une belle humanité.

Ce n’est pas le goût du large, mais le goût des autres.

 

Parution: 06/01/2016
Format : 130 x 205 mm
Nombre de pages : 320
EAN : 9782253107767
14 € 20
Séverine : Avec beaucoup de finesse, de sincérité, de pédagogie, de recul et d’humour, Le goût du large mêle anecdotes, faits, intimité et émotions, et il se referme avec le sentiment d’avoir parcouru la terre (jusque dans ses profondeurs, en Ardèche), la mer et une bonne partie de l’humanité, et que tout n’est pas perdu.
Un très touchant voyage.
Laurie : Un beau voyage, certes douloureux mais à un rythme qui permet de vraiment prendre le large et de se reconnecter avec l’Humanité.
Virgnie : Aucun pathos, aucun jugement de valeur mais la description des émotions ressenties rendant le récit vivant et profondément humain.
Leiloona
Épicurienne culturelle, je sillonne villes, pays et musées, toujours un livre dans mon sac ... Chaque lundi, je publie mes textes dans un atelier d'écriture que j'anime depuis plus de 5 ans, basé sur une photographie. Museo geek l'hiver, sirène l'été. J'aime les bulles, le bon vin et les fromages affinés. View all posts by Leiloona →

21 commentaires

  1. Je suis entièrement d’accord avec toi quand tu dis que ce n’est pas un feel good book mais qu’il est bien plus que ça… c’est tout à fait ça!

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  2. Je l’ai posé sur bureau pour un temps , car moi et mon mal de mer …
    Non, j’ai hâte de me plonger dedans !

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  3. L’extrait que tu proposes emporte déja le lecteur. J’ai hâte de découvrir ce roman et tu m’as donné envie de lire le premier. Honte à moi,je l’ai laissé passer. Je suis sensible aux plumes de ce genre

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    1. Ah oui, le premier est en poche aussi ! 😀

      L’extrait est sympa et ce n’est pas le seul du livre, une très jolie prose oui.

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    1. Oui, il s’agit de son vécu, ce n’est pas une fiction, mais je voulais montrer avant tout que le livre n’était pas du tout de style journalistique, puisque le monsieur l’est. 🙂

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  4. Beaucoup aimé aussi… Qu’on ne parle plus de « style journalistique » de manière péjorative, alors que des journalistes écrivent de cette très belle façon !

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    1. Ah bé non cela n’est pas péjoratif, mais c’est bien deux façons d’écrire complètement différentes …

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