Accoudée à la rambarde, elle regardait le bateau suivre sa route. Inexorable. Poussé vers d’autres courants lointains, il reviendrait dans quelques jours pour emmener de nouveau à son bord une guirlande de passagers.
L’air d’octobre était encore doux, la végétation paradisiaque s’offrait à perte de vue, comme cet océan libre qu’elle chérissait tant. Elle respirait calmement face à ce paysage d’eau et de nature mêlé, sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers, et un doux sourire illuminait son visage.
Sereine.
Il y a quelques mois, pourtant, elle avait dû fuir son pays. Détourner le dos des siens, fermer la porte de la maison que d’autres viendraient bientôt piller de ses richesses d’apparat, prendre les chemins de traverse avec pour seule coquille son sac à dos.
Léna avait pesté, s’était sentie sale face à la boue qui ne s’accumulait pas seulement sur ses bottes de marche. Comme si chaque pas qu’elle accomplissait se chargeait d’un nouveau poids. Il aurait été plus facile de se retourner, de revenir dans un pays qui n’était plus le sien. Mais à quoi bon, c’eût été vain. Le pays qu’elle quittait n’avait déjà plus ce visage qu’elle avait aimé, chimère borborygme d’un passé révolu.
Il n’est jamais facile de quitter les siens : Léna gardait sur elle des photographies prises lors d’un mariage, sa famille y était toute réunie. Elle aimait les toucher en marchant, caresse du doux papier sur sa peau meurtrie par le vent, mais elle n’était animée que par la pensée de retrouver au bout de son exil son frère et sa soeur, déjà partis.
Certains soirs, la tristesse était plus grande que d’autres, mais Léna tenait bon, ses larmes au coin de l’oeil ne faisaient que perler. Et puis, enfin, elle était arrivée. Un passeur puis les bras bienveillants de son frère avaient chassé la poussière des chemins parcourus.
Léna était arrivée voici trois mois, elle aimait monter sur ce sommet et imaginer déjà des centaines d’histoires. Elle prit le carnet glissé dans sa poche et écrivit.
Lundi 24 octobre 2016, Leiloona©©
Le texte de Manue :
Je ne dors pas, alors je t’écris ces quelques lignes.
Je ne dors plus, des jours que cela dure, des nuits que ça me déchire.
Mes paupières infiniment lourdes de douleur se ferment pourtant d’épuisement, mais alors une seule image s’inscrit dans ma rétine, comme tatouée, et je ne peux oublier, je ne peux me reposer.
Ce jour-là, le ciel semblait plonger dans l’océan, ou l’océan engloutir le ciel, je ne sais plus … et je sentais le piège se refermer lentement.
Tu habitais si loin. Sur une île où les nuits sont les plus longues du monde. Sur une terre où les seuls papillons vivants sont ceux que les habitants de cet endroit ont au creux de leur ventre lorsqu’ils aiment quelqu’un. Je ne pouvais te suivre.
Le bateau s’éloignait lentement, l’horizon allait bientôt l’avaler tout rond et moi rester seule avec le chant des sirènes et ce bleu profond dont je ne pouvais me détacher. Je savais que je n’oublierai jamais cet instant.
Tu vis avec les pingouins et moi au milieu des cigales, le froid bat dans tes veines, le mistral souffle dans mes oreilles. Comment avons nous pu nous aimer ?
Tu dois dormir dans ta cabine, bercé par le roulis, et moi je ne peux plus fermer les yeux car je sais que jamais plus je ne te reverrais.
Ma lettre vole déjà vers toi alors que tu n’as encore posé le pied chez toi. Bientôt, tu vas déchirer l’enveloppe et découvrir le sel de mes larmes déposé sur le papier. Il ne reste plus que des cristaux prisonniers, tels l’amertume et les regrets au fond de mon cœur, et mes mots écrits là pour que tu comprennes que je ne peux te rejoindre. Ma vie est ici. La tienne là-bas, au delà de l’azur, tu me l’as dit.
Je ne dors plus.
La mer m’appelle. Je ne peux résister à sa puissance. Elle m’engloutit. A moins que ça ne soit la peine qui m’étourdisse. Je me noie dans mon chagrin et je nage toujours plus loin en espérant qu’un jour la fatigue m’envahisse et que je dorme enfin. Pour une nuit ou pour toujours. Tu as mon cœur et j’ai le tien.
Reviens.
S’il te plaît.
Le texte de Nady :
Ça rend souvent nostalgique les rangements…
Ce matin en attaquant le classement de mes nouveaux livres dans la bibliothèque, ce cliché s’échappa d’un roman que j’avais dévoré il y a quelques années. Je le retourne pour me souvenir de la date et du lieu exact… on a parcouru le monde avec ma moitié et on en est arrivé au point de devoir noter les lieux si on ne veut pas oublier ; le monde est grand, les souvenirs s’entassent et déjà la mémoire est pleine… Mais là curieusement, aucune annotation au dos mais le souvenir de toi se réveilla…
Un ciel bleu, des toits rouges, la mer au loin dans laquelle vient s’étendre une falaise : un souvenir tendre de toi qui fait encore vibrer mon cœur aujourd’hui…
Mon corps entier vibrait déjà d’amour quand je t’ai rencontré. La vie me souriait, le travail, bien que prenant, m’épanouissait et mon amoureux était aux petits soins. Nous avions à l’époque pour projet de mettre en route un petit frère ou une petite sœur pour notre aînée pendant ces vacances salvatrices pour nous deux.
Telle une Princesse qui sait se faire désirer, tu as fait travailler notre patience avant cette première rencontre. Un atterrissage d’urgence pour vérifier un détail technique qui clignotait rouge avait retardé notre arrivée. Puis nous voilà arrivés chez toi. Dès les première secondes je m’y suis sentie terriblement bien. Quelque chose dans l’air brassait des énergies si positives que le temps semblait suspendu à jamais ! Et te voilà apparaissant devant moi ! Magnifique, majestueux, ensoleillé, serein ! Bref, je n’en croyais pas mes yeux ! Je ne voyais que beauté, calme et volupté !
Pendant tout le parcours qui nous amenait à notre hôtel club, mon regard ne cessait de te contempler ! Tu m’avais subjuguée et je m’étais bien promise de mieux te connaître sur ce séjour ! Tu m’en donnas grandement le loisir.
Au programme : de grandes promenades le long d’un littoral propre et aménagé pour les touristes ; des chaussures à prévoir tout de même pour marcher sur la plage, seule surprise inattendue, moi qui suis habituée aux plages de sable fin mais ce détail ne vint pas ternir mon bonheur toujours grandissant de mieux te connaître.
Tu étais splendide et apaisant. Je me plongeais en toi tout en t’admirant.
Entre deux visites culturelles et nos déchaînements sur les pistes de danse des boîtes de nuit aux alentours de l’hôtel, j’appris à mieux te connaître. Tu me montrais, comme dans toute nouvelle romance, ton plus beau profil. Puis, au fil des jours, soudain, au moment où je m’y attendais le moins, sous mes yeux ébahis par toute ta beauté, tu soulevas doucement ta parure pour attirer mon regard vers tes cicatrices profondes de fusillades d’un temps ancien mais pourtant bien proche. Quand tu me donnas la date des faits, un rapide calcul mental me fit réaliser que ces marques dataient d’à peine 13 ans. Où étais je il y a 13 ans de cela ? Que faisais je ? Pourquoi était ce une si subite découverte ce jour pour moi de ces combats du passé ? Je faisais pourtant déjà partie de ce Monde, notre Monde, celui que tu partageais avec moi il y a 13 ans !
Ah oui, c’est vrai, un souvenir lointain me revint en mémoire… une histoire de guerre entre deux peuples qui se battaient, s’entretuaient… des maisons dévastées, des civils pris au piège et blessés avec la mort qui rôdait…
Vite, tu t’excusas d’avoir mis de la gravité dans mes vacances si insouciantes et pleines de joie mais tu tenais à être dans le Vrai avec moi, au risque de me voir te rejeter pour ne songer qu’à profiter de mon séjour reposant. Tu fus étonné de ma réaction qui voulut en savoir plus sur l’origine de ces combats du passé et qui ne cessa de questionner pour comprendre ; Une manière peut être pour moi de me déculpabiliser de ne pas avoir prêté l’attention qu’il fallait il y a 13 ans de cela à ces querelles meurtrières. Mais aujourd’hui, avec le recul et la répétition d’autres guerres ailleurs, je réalise que je ne peux hélas rien faire pour arrêter la folie des hommes à part en prendre conscience, analyser les raisons, les causes et tenter de travailler l’avenir autrement pour que les mêmes faits ne se reproduisent pas, telle semble être ma mission ici bas. Tout cela je le compris depuis cette rencontre avec toi et ce jour particulier où tu t’es entièrement dévoilé.
Puis il a fallu te quitter, la tête pleine de merveilleux et intenses souvenirs de ce que tu as offert à mes sens sur ce séjour déjà trop court.
Une seule idée me trotte dans la tête depuis ce départ, celle de revenir te voir, très beau pays de Croatie !
Le texte de Terjit :
Ma douce,
La corne vient de sonner, ça y est, le bateau est en route. Je sais que tu as toujours aimé ce moment. Tu te souviens la première fois que nous sommes partis d’ici ? Le soleil montait doucement derrière les collines, le ciel bleu était tacheté de quelques nuages rouge sang. Sur le pont supérieur il faisait encore un peu frais, serré contre toi l’odeur de l’océan se mêlait à celle de notre nuit. Moment magique.
Je ne sais plus combien de temps nous sommes restés là, mais assez longtemps pour que nous nous retrouvions seuls avec le vent et les mouettes. Pas un mot, pas un geste, juste le plaisir d’être ensemble. Quand on s’aime comme nous il n’est pas nécessaire de parler pour se comprendre, nos corps l’un contre l’autre et nos respirations synchronisées sont suffisants.
La mer devenait plus formée et les embruns commençaient à nous fouetter le visage. Le vent du large a eu raison de notre résistance. J’ai pris ta main et nous sommes rentrés vers notre cabine. Tout était encore calme dans les coursives, l’espace était juste occupé par le ronron lointain du moteur.
Pour te réchauffer tu t’es glissée sous la douche. Depuis que nous sommes ensemble j’ai toujours profité de ce moment durant lequel j’aime m’allonger sur le lit à rêvasser, avec dans le coin de l’œil tes affaires étalées comme les cailloux du petit Poucet entre le pied de lit et la salle de bains. Ce jour- là le cortège débutait par ton gros pull breton dégoulinant au bord du lit, il était suivi de ta chemise en soie bleue roulée en boule, puis par ton pantalon avec une jambe retournée, ton collant tout recroquevillé, ton soutien-gorge avait trouvé asile sur la poignée de la porte et ta culotte montait la garde au pied du bac à douche. Comme à chaque fois tu avais oublié de prendre les serviettes, alors je suis sorti de ma rêverie pour te les apporter, j’en ai profité pour te regarder et te déposer un baiser. Comme à chaque fois je n’ai pas perdu une miette de tes mouvements quand tu te sèches. Tu fais toujours ça de la même façon : d’abord une serviette sur tes cheveux. La seconde est chargée du reste de ton corps avec application, toujours dans le même ordre : ton visage, tes épaules, tes bras, ta poitrine, ton ventre, tes hanches, tes fesses, ta jambe droite puis ta gauche, tes pieds et enfin la serviette qui s’enroule autour de toi pour te couvrir des aisselles à mi-cuisses. Je connais ton corps par coeur mais dans ces moments je ne peux que m’émerveiller et me dire combien tu es belle !
Tu es venue t’allonger sur le lit tout près de moi, ta peau encore chaude et humide m’a frôlé. Ca faisait longtemps que tu ne m’avais pas demandé si tu pouvais t’installer dans le « meilleur endroit du monde » et tu as posé ta tête dans le creux de mon épaule.
Le bruit dans les coursives montait doucement : des pas pressés et des plus lents, des rires d’enfants, des phrases en langues inconnues. Des annonces au hautparleur donnaient le programme de la journée : « à 10h aquagym », « à midi ouverture du restaurant », « à 14h tournoi de volley-ball », et des tonnes d’autres animations jusqu’au spectacle du soir. Nous avons ris en nous souvenant de nos premières vacances ensemble au camping municipal de Firmini, les annonces étaient les mêmes. Au moins sur ce bateau nous avons plus d’intimité que sous notre canadienne minuscule qui prenait l’eau. Nous en avons fait du chemin depuis le camping.
Nous sommes restés là bercés par les mouvements lents du bateau. Je me souviens de cette journée comme si c’était hier. Comme des adolescents nous avons pris de grandes résolutions que nous étions certains de ne pas tenir mais peu importe, nous nous donnions le droit de rêver encore un peu à un avenir serein. Je n’ai jamais su te dire combien ces instants hors du temps m’ont fait oublier les mois qui venaient de passer et ceux qui s’annonçaient plus difficiles encore. Tu as les pouvoirs d’une magicienne.
Les deux jours suivants sont passés au même rythme, calmes, tranquilles, dans la douceur de nos jours et la chaleur de nos nuits. Quand la terre est apparue de nouveau nous savions que la parenthèse allait se terminer. Je n’avais pas envie de sortir de notre torpeur, comme les enfants qui refusent de voir la fin des vacances et s’imaginent qu’ils ont le pouvoir d’empêcher l’avancée du temps. Heureusement tu étais là avec moi pour m’aider à surmonter mes craintes des jours à venir. Tu ne peux pas t’imaginer comme ton petit cadeau juste avant de sortir de la cabine m’a transporté de bonheur. Tu as toujours su trouver les mots justes dans les moments critiques, comme à chaque fois que nous avons parlé de cet enfant que nous ne pouvions pas faire ensemble. Tu m’as dit que ce n’était pas grand-chose, juste un tout petit livre facile à promener partout, comme un petit coffre secret dont nous sommes les seuls à connaître l’existence. Je me suis répéter des milliers de fois dans les moments les plus difficiles le petit poème à la page que tu avais corné :
« Ah! malheur à ce coeur d’où la passion est absente,
Qui n’est pas sous le charme de l’amour, joie du coeur !
Le jour que tu passes sans amour
Ne mérite pas que le soleil l’éclaire et que la lune le console. »
Il est fort cet Omar quand même ! Et avec lui tu as encore une fois su m’apaiser, me rassurer et me donner la force d’y croire encore.
Comme tu as commencé à lire cette lettre au moment de la corne du départ tu dois sentir le vent monter mais je ne suis pas là pour te réchauffer. Tu vas probablement rester moins longtemps dehors et tu rentreras dans notre cabine pour te glisser sous la douche. Comme d’habitude tu auras oublié tes serviettes, je suis désolé mon amour mais tu vas devoir t’habituer à sortir dans la froid pour aller les chercher. Tu te sécheras plus vite que d’habitude car tu n’auras plus le plaisir de sentir mon regard sur toi. Tu resteras certainement moins longtemps dans ta serviette sur le lit pour ne pas trop sombrer dans la mélancolie. Garde moi encore un peu près de toi s’il te plait. Quand le soleil glissera sous l’horizon, que le pont supérieur sera vide tu pourras y monter, au même endroit que la première fois. Le bateau sera assez loin pour qu’aucune terre ne soit visible, et tu pourras ouvrir la boite et me disperser au vent du large. Ce sera notre dernier secret.
Ne soit pas triste, ne pleure pas, tu as rempli ma vie de joies et de bonheurs, tu m’as aimé comme dans les comtes et j’ai eu la plus belle vie qui soit grace à toi.
Il n’y a rien après la mort, nous le savons tous les deux, mais soit rassurée, je n’ai pas besoin d’une horde de Houris puisque je t’ai eu toi.
Le texte d’Adèle :
Notre histoire avait commencé au comptoir d’une pharmacie.
Enrhumé, toussant, éternuant, transi par la pluie,
Tu étais venu réclamer des comprimés de Fervex à grands cris.
Or, la dernière boite, c’était moi qui l’avais pris.
Sur ton visage barbu et pourtant enfantin, se lisait le dépit.
« Mademoiselle, pour ces cachets, quel serait votre dernier prix ? »
J’avais ri.
« Une séance de guili-guili au fond de mon lit.
J’attendrai toutefois que vous soyez guéri. »
Tu as souri.
Suivirent trois mois de soirées champagne et confettis.
Nous touchions le septième ciel, à défaut du paradis.
Tu m’avais dit qu’on irait, au printemps, voir les fresques de Pompéi.
« On grimpera sur le Vésuve, de là-haut la vue est si jolie.
Tu verras, tout est beau sous le soleil de l’Italie. »
A Rimini, j’avais bu, gourmande, dans ton verre le Chianti.
Dans un hôtel, nous avions fait notre nid, à l’abri d’un crucifix.
J’étais amoureuse, j’en étais sure, nous deux c’était pour la vie.
Il a suffi d’une vendeuse en pâtisserie,
Gélati et fruits confits,
De son sourire de petite souris.
De son mail envoyé en catimini,
De ta nuit d’absence sans alibi.
Et voila, sur le ferry tu es parti,
Me laissant toute étourdie
Et dans la bouche un goût de pourri.
Le texte de Nicole :
Fuir, elle ne cessait de fuir. Son destin, son malheur, la fatalité… Elle ne s’arrêtait jamais. Partir de trains en avions, d’avions en taxis, d’escales en escales, de destinations proches à lointaines… Ses pieds étaient rarement arrimés au sol, comme s’ils volaient au-dessus du sol. Elle n’aimait pas stopper ce mouvement trop longtemps. Elle risquait de faire remonter les souvenirs enfouis dans sa mémoire. L’origine de cette fuite, ce départ soudain pour ne plus jamais s’attarder, ne plus jamais s’attacher par amour .
En signant ce contrat, elle se dérobait. Surtout, ne pas s’ennuyer, ne pas penser, ne pas rêver, ne pas s’arrêter. Elle était devenue gestionnaire de son temps qu’elle distribuait à ses clients en leur vendant des produits de luxe. Cette qualité aussi précieuse que ces commandes lui permettait de régler rapidement les affaires en cours. Toute les technologies lui apportaient cette illusion : e-mails, Skype, Whats’app… Tout était possible en étant ailleurs. Cet ou ces ailleurs qui la menaient vers une quête dépourvue de sens. Elsa se plaisait à penser, dans ces lieux sans attaches, qu’elle pouvait être une autre. Une femme caméléon qui s’adaptait aux cultures et aux habitudes de ses clients le temps d’un contrat. Seul signe distinctif, sa voix fluette et gracile qui contrastait avec l’assurance qu’elle dégageait. Chaque objectif atteint lui ouvrait la voie vers une prime confortable. Elle s’amusait à les accumuler afin de consommer un peu plus à chaque voyage : un nouveau vêtement, une nouvelle paire de chaussures, une nouvelle coiffure, un nouveau smartphone. Elle dépensait son argent pour se rapprocher d’un idéal féminin inatteignable qui semblait lui correspondre. Une autre manière d’éviter son être profond avec ses failles et ses blessures, éprouvée par des événements douloureux. Elsa était devenue experte en dissimulation telle une « Mata Hari » en mission secrète.
Deux jours avant son arrivée dans l’île, son responsable ne lui avait pas laisser le choix. Elle devait poser des jours de congés. La veille de son départ, elle s’était trouvée une formule tout compris avec vol-hôtel-croisère pour aller à Madère. Elle réserva un taxi qui la mènerait à Roissy. Tout s’était déroulé sans encombre jusqu’à son arrivée dans le hall de l’hôtel Madeira Panoramico. Il était deux heures de l’après-midi. Détendue et charmée, elle découvrit sa chambre avec un lit en bois clair avec draps en lin et coton mélangé. Une corbeille de bienvenue trônait sur la table avec une bouteille de jus de fruit et quelques fruits frais accompagnés de douceurs. Elle se servi un verre puis se dirigea vers la terrasse. Elle voyait les collines couvertes de maisons avec au loin l’océan atlantique. Demain, elle partirait pour une croisière aux Canaries. Ainsi, elle ne s’attarderait pas longtemps à l’hôtel. En attendant, elle se fit couler un bain moussant, chaud et fumant. La vapeur d’eau envahit la salle de bain en recouvrant les murs et le miroir. Elsa se sentait flotter à la surface de l’eau. Elle était sur un petit nuage. Elle se sentit fondre comme un glaçon dans un verre d’alcool. Enivrée par la chaleur, Elsa s’endormit, recouverte de mousse. Trois quart d’heure plus tard, elle ouvrit ses yeux et sortit du bain. Elle se pelotonna dans un peignoir. Elle sécha ses mains afin de commander un repas qui lui sera servit pour 19h précise. Elle s’allongea dans son lit double puis s’assoupit à nouveau. Le garçon de chambre la réveilla en toquant à la porte. Elle fit entrer le chariot et lui donna un pourboire. Elle dégusta lentement sa salade de saumon accompagnée d’écrevisses. Puis, elle retomba mollement sur son lit pour une longue nuit. Son sommeil profond et composé de rêves de son ancienne vie la happa si bien qu’elle n’entendit pas son réveil à 8h. Elle s’agitait tellement qu’elle chuta sur le sol. Elle secoua la tête, regarda le ciel bleu et ensoleillé. Elle se précipita vers la terrasse d’où elle vit le bateau de croisière s’éloigner. Cette fois-ci, elle ne pourrait pas s’échapper, se dérober et esquiver ce tête à tête avec elle-même. Elle devrait se donner le temps de plonger profondément dans son histoire sans jamais remonter à la surface. Consciente de cela, Elsa laissa des larmes s’écouler de ses yeux verts. Elle se figea sur la terrasse en regardant le bateau disparaître à l’horizon…
Le texte de Bénédicte :
Vous ne la distinguez pas très bien sur la photo mais j’habite dans cette petite maison à gauche, accrochée à la colline, juste à côté des immeubles blancs….Tous les matins je me réveille face à cette vue sublime, avec le ballet incessant des bateaux qui accostent sur l’île.
Dans cet endroit toutes les fenêtres sont tournées vers la mer et les ruelles serpentent sur l’arrière des maisons. C’était un formidable terrain de jeux pour notre enfance, qui nous ramenait immanquablement vers le port. Nous passions des heures à regarder débarquer et embarquer les touristes, et autant de temps à observer les pêcheurs imperturbables partir en mer ou rapporter le poisson. Il y avait toujours des vieux assis par terre à réparer les filets, ou des vieux jouant aux cartes à la terrasse des cafés. On sentait bien qu’il manquait une tranche d’âge sur l’île, celle qui partait faire ses études sur le continent et qui, bien souvent, ne revenait pas….
Moi je n’ai pas aimé l’école, et la boulangerie de mes parents me tendait les bras…Petite déjà j’aimais choisir une baguette pour les clients en la faisant légèrement craquer dans ma main comme ma mère. Alors, adulte, je continue les mêmes gestes dans la même délicieuse odeur de pain chaud, et c’est notre apprenti qui fait maintenant la majeure partie du travail de mon père.
A seize ans je suis tombée amoureuse de Jean au bal des pompiers….Lui aussi marchait sur les traces de son père, assurant à la fois le feu, les accidents et le secours en mer avec son équipe de volontaires. Il aime la mer et en même temps elle lui fait peur avec sa façon d’avaler les gens ou les bateaux. En dehors des opérations de sauvetage, il l’évite le plus possible. En fait il n’a jamais quitté l’île, excepté pour sa période de formation professionnelle, et plus le temps passe moins il en est question….Alors moi non plus.
Nos enfants ne sont pas encore partis, mais ça ne devrait plus tarder, et la-dessus je n’ai jamais cédé…
Un jour ils le prendront ce bateau que je n’ai jamais pris, et ils iront voir par eux-mêmes comment est le monde ailleurs qu’ici…..
Les textes écrits sur d’autres blogs à partir de la même photographie !
Manue :
Outch’, eh bien la nuit te fait écrire de sacrées lettres, dis-moi !
Les amours impossibles, et ses dégâts … J’espère seulement qu’elle réussira à se sortir seule de ce maelström … De belles images ponctuent ton texte, comme ces cristaux …
Dans ma tête, il revient et ils sont heureux, il a su lire entre les lignes et rendre possible ce qui paraissait ne pas l’être.
Merci 🙂
Nady : Je me doutais en lisant ton texte que tu parlais d’un pays … Un très joli pays, effectivement, avec ses cicatrices à ciel ouvert, mais terriblement tourné vers l’avenir. ♥
Belle sensualité que la tienne !
Merci ma belle @Leiloona. Il est vrai qu’on se comprend souvent à demi mots 😉 j’adore ce sentiment de gémellité de nos âmes parfois.
Ton texte m’a ému et me laisse penser que beaucoup d’êtres sont dans le cas de Lena en ce moment. L’écriture peut les sauver en exil… Bravo pour ton magnifique texte ! bisous
Terjit : Un personnage encore rempli de l’autre, de ce qu’ils ont été. Effectivement, ce qui a existé existe toujours dans un recoin de l’âme. C’est joli effectivement de garder le positif afin de pouvoir faire le deuil de ce qui ne peut plus être.
quelle délicatesse pour décrire la souffrance mêlée d’espoir. « Un passeur puis les bras bienveillants de son frère avaient chassé la poussière des chemins parcourus. », et s’inventer des histoires, écrire pour continuer à avancer. Merci, je suis ému par ce texte qui touche ma corde sensible de l’exil.
Adèle : Roooh ! De l’art d’écrire un poème triste tout en arrachant un sourire. Le côté comptine, sans doute … Très drôle en tout cas de bout en bout, j’aime ! 🙂
Nicole : Oh, mais quelle peut être cette histoire dont elle ne pourrait pas remonter ? 😮
Si cela lui fait trop mal, alors espérons qu’elle trouve à Funchal de quoi détourner son attention.
Bénédicte : Je me trompe peut-être mais je perçois dans ton texte le poids du destin, comme une fatalité que ton personnage subit … Pourquoi ne pas avoir pris ce bateau si tel est son rêve ?
En tout cas, j’ai forcément pensé à ma grand-mère avec ton récit … et à ces personnes qui pensent qu’une fatalité les empêche d’accomplir ce qu’ils souhaitent.
J’ai aimé ton commentaire. Dans ma tête cette femme est heureuse dans son île avec cet homme dont elle est très amoureuse et leurs parents. .Mais elle sait qu’il existe d’autres destins possibles pour ses enfants et elle veut leur offrir ce choix.
Mais dans ce que tu dis, je reconnais tout à coup ma contraignante incapacité physique de plus en plus grande à me déplacer autrement que dans ma tête. ..
@ Lei et @ Manue : non, non je ne pleure pas en vous lisant…C’est la pluie !!!
Ah la pluie, cette coquine !!! Il ne faut pas pleurer et imaginer une belle fin à cette histoire ! Il va être touché par son désespoir et vite revenir pour la sauver de la noyade !
Nath : Ah ben non, regarde elle sourit. 😉
Des bises.
@ Nady : Bon, que dire d’original ? Je ne sais pas ! juste que comme toujours, j’aime tes mots, ceux que tu alignes avec cette douceur qui te caractérise tant et qui fait que même les cicatrices sont belles sous ta plume….Je le répète, je suis fan !!
@ Bénédicte : Je te lis, je vois défiler sous mes yeux tout ce que tu nous racontes…Je sens l’odeur de la baguette croustillante, j’imagine cette vie qui me semble si mélancolique , si résignée… J’entends la voix de ton personnage, je t’assure, je l’entends… Quel talent, Béné, quel talent !!
Ps : J’ai très envie qu’elle prenne le bateau (une suite ?)
Merci Nath, c’est sympa car ton commentaire a déclenché en moi des idées pour la suite de sa vie car après tout ils sont loin d’être vieux tous les deux !…Peut-être qu’une autre photo la verra revenir ?
merci Nath
Une bien belle moisson de textes pour cette jolie photo.
Leiloona très émouvant texte sur les migrants, loin des clichés actuels.
Manue, j’ai aimé ta lettre triste mais belle.
Nady merci pour ce rappel des cicatrices de l’histoire.
Terjit de biens beaux souvenirs amoureux avec une chute très émouvante, merci pour ta délicate plume. Adèle j’ai aimé l’écriture drôle et féroce de ta ritournelle sur les méandres amoureux.
Nicole belle réflexion sur la fuite de soi et sur l’acte manqué de ce personnage qui va devoir se regarder en face.
Bénédicte une belle histoire sur l’attachement à sa terre, la transmission avec une narratrice à la fois mélancolique et forte.
Au plaisir de vous lire la semaine prochaine Nathalie ( eirenamg).
Merci 🙂
Merci ma belle pour ta lecture, je file lire ton blog. Belles vacances ! on se tente un restau de notre île dans la capitale soon ?
Merci à toi, je suis touchée car c’est exactement ce que je voulais faire passer, sans forcement en être consciente d’ailleurs !!!!
Eirenamg : Hum … je ne pense pas avoir collé à la réalité, beaucoup plus sombre à l’heure actuelle, effectivement … cette migration là était davantage dans les années 50/60 … du moins dans ma tête ! 🙂
@Leil : La douleur de l’exil est certainement terrible mais ton personnage est je le sens foncièrement optimiste, elle a déjà compris des tas de choses, elle a trouvé un merveilleux moyen pour réécrire son histoire et écrire des tas d’autres récits pour s’évader un peu plus encore. J’aime beaucoup !
Manue : Voilà, c’est exactement ce que je voulais faire passer. Enjoy ! ♥
@Nady : Evoquer l’attrait pour un pays, meurtri par l’Histoire, avec le filtre et les codes de l’amour qu’on peut éprouver pour un homme, quelle belle idée ! Longtemps je me suis demandée à qui tu parlais !
hihi, merci pour ta lecture et heureuse d’avoir mis autant de suspens 😉
Ton texte est troublant, ta narratrice tourmentée dans sa tête. C’est fou comme l’Amour peut rendre fou et empêcher le sommeil quand il est loin ! Au début j’ai cru à une lettre de rupture, belle et grave à la fois. Ta narratrice, devenant réaliste, préférait mettre fin à cette relation à distance. Le jeu des états opposés entre l’île où il se trouve et le Sud où elle réside est bien amené. Certains passages sont divins : « découvrir le sel de mes larmes déposé sur le papier. Il ne reste plus que des cristaux prisonniers, tels l’amertume et les regrets au fond de mon cœur » et là en tant que lectrice je me dis qu’elle va morfler ta nana mais bon elle prend les choses en main de manière délicate (une lettre plutôt qu’un sms ;-)) et ce pas pour décréter la rupture va être douloureux mais après on passera à autre chose et voilà que ta chute me retourne !!! une suite est nécessaire je crois 😉 super ton texte, merci !
Merci à toi !
@Terjit : La puissance des doux souvenirs pour lutter contre l’âpreté, la douleur qu’on éprouve face à la mort. Très beau récit.
Merci. Je viens de lire ton texte, plusieurs fois tant je le trouve émouvant, quelles belles images pour exprimer sa souffrance et tenter de le faire revenir. Une phrase reste aussi attachée à ma rétine tant elle est belle : »je ne peux plus fermer les yeux car je sais que jamais plus je ne te reverrais. ». Et la fin par un « s’il te plait », dois-je l’avouer, m’a tiré une larme. Je ne sais pas s’il reviendra mais franchement après une lettre comme celle là s’il n’abandonne pas les pingouins… et puis si, j’ai envie de croire qu’il reviendra !
Merci 🙂
Oui, dans ma tête, il revient !!!
@Adèle : c’est drôle et tragique à la fois ! Délicieux, comme un bonbon sucré 😉 j’adore !
@Nicole : Pauvre femme … tout le temps fuir et s’épuiser pour ne pas penser … j’espère qu’elle finira par être lucide et réussir à se détendre jusqu’aux tréfonds de son âme.
Je n’ai pas été inspirée cette semaine mais comme d’hab je viens m’incruster pour vous lire et vous laisser des petits commentaires (j’espère que ça ne pose pas de souci que je commente même quand je ne participe pas, j’avoue ne pas avoir tout compris de la discussion sur le post précédent…).
@Leiloona : la douleur de l’exil… mais aussi la douceur dans l’exil ? J’aime la mélancolie sereine qui se dégage de ton texte. Qui m’a fait penser à ma grand-mère italienne qui parlait de son pays avec tant de nostalgie. Je me demande maintenant si elle aussi avait su trouver sa propre sérénité dans l’exil… Je l’espère.
(Je me rends compte que cet atelier me fait beaucoup raconter ma vie quand je commente. Parfois vous me faites aussi pleurer. Va falloir que vous arrêtiez cela, les gens, c’est plus possible, hein ^^)
@Manue : ta plume est juste magnifique. Je n’ai rien d’autre à dire. Ah si, que j’ai particulièrement adoré cette phrase : « Sur une terre où les seuls papillons vivants sont ceux que les habitants de cet endroit ont au creux de leur ventre lorsqu’ils aiment quelqu’un. »
Waouh, merci … Il a fallu que j’attende deux heures ce matin pour que les bons mots sortent … je suis heureuse qu’ils te touchent, ton enthousiasme grignote mes doutes !
Oulala, Caro …. tu as bien entendu le droit de commenter, tout le temps … que tu participes ou pas. Le message s’adressait à une personne qui n’était jamais venue à l’atelier, et avait mis son lien vers son blog … qui ne menait à aucun teste écrit pour l’atelier, mais à un livre auto publié. J’ai donc retiré son lien … (je ne modère pas souvent, mais bon, faut le faire quand certains ne comprennent pas les règles – minimes – mises en place.)
Tu sais, tu penses à ta grand-mère italienne, moi j’ai pensé à la mienne en écrivant ce texte, même si le contexte et le résultat ne furent pas du tout les mêmes … Merci, effectivement, c’est de la douceur que je voulais mettre dans ce texte, tout simplement car c’est ce que je ressens quand je pense à ma grand-mère, et à sa force …
@Bénédicte : Je suis comme Leil, je vois dans ton texte la fatalité d’une vie qu’elle pense heureuse, qu’elle veut heureuse mais qui est pourtant rongée par les regrets. Ton texte fait écho dans chacun d’entre nous parce qu’il évoque les décisions que nous n’arrivons pas à prendre et les excuses que nos cerveaux inventent pour rendre cette situation plus acceptable. Très joli texte.
Mais si elle est heureuse !!…Elle est AMOUREUSE et elle adore son métier, elle n’avait pas envie de continuer l’école !!!…Elle voudrait simplement que ses enfants puissent choisir de revenir sur l’île s’ils en ont l’envie…..En fait c’est Jean qui a peur de la mer…..Bon j’arrête d’inventer des excuses !
@Nady : je suis tellement d’accord avec ta première phrase, chaque fois que je me lance dans un grand rangement, je finis en larmes pour une raison ou une autre (c’est probablement pour ça que je suis bordélique ^^)
Sinon en te lisant, je pensais à un pays africain. Mais non, c’est la Croatie. C’est fou comme on a tendance à oublier qu’il n’y a pas si longtemps, il y a eu une guerre civile en Europe.
@Terjit : ah ben voilà, je n’avais pas vu la chute arriver et j’ai envie de pleurer maintenant, c’est malin 🙂
(Le « tu vas devoir t’habituer à sortir dans le froid pour aller les chercher » mais noooooon. Tellement triste)
@Adèle : oh ben zut alors, j’ai eu le sourire tout le long de ton poème… jusqu’à la chute. Cruelle, va 😀
Sinon les mecs enrhumés qu’on rencontre dans une pharmacie ne sont donc pas de bons plan, je note ! XD
@Nicole : arrêter de fuir et se confronter à soi-même peut effectivement se révéler fort douloureux. Bon courage à Elsa !
@Bénédicte : moi je dis, tant pis pour Jean, on n’a pas besoin de lui pour le prendre, ce bateau ! Non mais sans blague 🙂 . De toute façon, ta narratrice finira par le prendre pour aller voir ses enfants et elle verra le monde à son tour, j’en suis persuadée !
Merci pour tes mots CBV. C’est sincèrement un réel plaisir de lire tes retours sur nos textes et à fortiori quand tu ne participes pas ! Big thanks encore et il me tarde de te relire aussi. belle semaine à toi
Oh merci, Nady ! Bonne semaine à toi aussi 🙂
Tu n’es pas sensible aux charmes des pompiers toi !!!!….Dans l’absolu tu as bien raison et je vais peut-être songer à le lui faire prendre ce bateau……
Merci de tes commentaires CBV. Je ne voulais pas te faire pleurer pour une vague histoire de serviette oubliée 🙂
@Terjit : comme j’envie ta plume si fluide, si délicate et si parfaite dans les descriptions que j’avais l’impression de le voir ce couple ! Que dire du contenu de ton texte ? tant de choses que je vais résumer en 2 mots : sublime et puissant ! Il y a certains passages qui m’ont vue revenir les lire, 2 fois, 3 fois tellement je n’avais pas envie de voir finir l’histoire et quelle chute !!! Je n’ose imaginer le terrible deuil qu’elle aura à faire pour arriver à la résilience après de tels moments avec son double. Puisse t il de là haut veiller sur elle et mettre rapidement sur son chemin un autre qui saura la réchauffer et apaiser son coeur ! Congrats pour cette lettre !
Merci Nady, je ne sais pas si un autre saura la réchauffer, en tout cas je ne crois qu’il y puisse quelque chose de « là haut » puisque cela n’existe pas. Je préfère me dire qu’elle va continuer à vivre dans un souvenir qui surpassera la mort. Après… tout est possible, il n’est pas forcément unique, un autre pourra peut-être autant l’aimer, mais le souvenir restera comme un étalon de son bonheur.
Quelle surprise ton texte ! un tel coup de foudre pour un lieu, ce qu’il est, ce qu’il représente, la plénitude qu’il apporte malgré les cicatrices, tu sais que ça me parle ! C’est un peu l’histoire de Terjit : si le paradis existait il serait probablement là-bas, mais ce n’est pas un paradis céleste, il est humain car fait de contradictions (douceur / violence, amour / déchirement, liberté / enfermement, ouverture / enfermement…) et c’est probablement cela qui le rend encore plus beau et désirable, comme la Croatie.
ROOoo, tes mots @Terjit ont le même pouvoir que ceux de JC Carrière et me feraient presque douter de mes croyances !!! Tsssss mais bon, j’aime bien aussi cette idée que tu soumets pour elle du souvenir comme « étalon de son bonheur »… je la ressortirai un jour, j’adore trop l’expression ! 😉
Et sinon par rapport au Paradis, j’en connais un morceau ici bas de temps à autre et ne suis pas vraiment pressée de découvrir le céleste, trop peur qu’il n’y ait rien à bécqueter ou boire de bon là haut… (mais ChUuuuut, ça fat mauvais genre de dire ça… 😉 )
@Adèle : un bien mignon poème à la chute bien amer… j’y croyais moi à leur histoire mais faut croire qu’il a la tête qui tourne vite au moindre sourire et main tendue 😉
très jolie histoire pleine d’espoir <3
@Nicole : ton texte résonne en moi ! oui il en faut du courage pour se confronter à soi parfois ! La vie nous offre des opportunités et si on ne les prend pas, un jour elle nous met devant le fait accompli pour notre plus grand bonheur futur ! Un texte extra ! Merci !
@Leiloona : L’écriture comme outil de résilience, quelle jolie idée ! Tu as su raconter une vie, un destin, avec des mots simples mais choisis. J’avoue que c’est le style d’écriture que je préfère.
Adèle : Merci. Oui, je crois que tu m’as déjà écrit qu’effectivement ce « style » là te plaisait plus … Je t’avouerai que mon dimanche soir fut pas mal occupé et au moment de m’y mettre j’étais trop fatiguée, j’ai donc repoussé au lendemain … un texte écrit vite, très, même … mais j’y ai mis pas mal de « moi », du moins des thématiques qui me travaillent depuis un temps certain ! 🙂
(tu sais tout ! 😛 )
Mais oui, c’est moi qui peine à lire Fils du feu !!! 😀
Hi hi hi oui, effectivement fils de feu est vraiment à l’opposé de ce que tu aimes ! 😛
@Manue : les premiers mots de l’histoire donnent l’envie de lire plus loin. Après, c’est une histoire d’amour, pleine de romantisme, très touchante. J’ai pensé à une merveilleuse chanson de Moustaki.
https://youtu.be/1zYZGkRDx3o Merci. <3
Merci à toi 🙂
@Nady : tomber amoureuse d’un pays, voilà une idée originale ! Je me suis laissée prendre, croyant à une infidélité ! J’espère que la moitié n’a pas été jalouse ! 😀
Moi aussi au début j’ai cru à une tromperie, Nady nous a bien eues 🙂
ROooo, les filles ! vous êtes des coquines !!!! vivre avec ma narratrice impose de ne pas connaître la signification de la jalousie sinon c’est mort pour lui 😉 hihihi
Manque d’inspiration et de temps donc pas de participation pour moi cette semaine. Mais je vais tenter de vous lire et de vous faire mes retours rapidement… 🙂
A la semaine prochaine belle Jos ! 😉
@Terjit : quelle maitrise de l’écriture !
J’adore la volupté de la séance douche et les personnifications (« ta culotte montait la garde au pied du bac à douche »).
Après, c’est le récit de deux vies, l’amour, l’espoir, la douleur.
La fin est déchirante, je suis touchée au coeur.
Merci Adèle, ravi de t’avoir touchée. Un texte en rimes c’est assez rare me semble-t-il dans cet atelier (même si j’y suis depuis peu de temps), c’est une bonne idée qui donne du rythme à ton texte. Et puis j’aime l’idée de l’histoire d’amour qui commence par une rencontre improbable dans un endroit aussi glamour qu’une pharmacie avec le nez bouché. C’est finalement une belle histoire d’amour même si elle se termine brutalement, mais on peut le comprendre le pôôôôvvvvvrrrrre… le sourire de petite souris des italiennes… qui pourrait y résister 🙂
@Nicole : tu as su ne pas perdre le fil de ta réflexion et nous amener jusqu’à ta conclusion. Un joli texte sur l’introspection et le temps qui passe, le sens de la vie, pour nous faire réfléchir. Bravo !
@Bénédicte : quel talent pour écrire un texte en apparence tout simple ! Et les émotions sont au rendez-vous, une vie déroulée sous nos yeux, belle et pleine de beaux sentiments, qui donne envie de l’avoir vécue. J’aime aussi ta façon d’apostropher le lecteur. Un enchantement, ton texte !
Enfin quelqu’un qui me comprend !!!….Merci Adèle, vous me faites toutes découvrir plein d’intentions dans ce texte, et je me reconnais dans « tout simple »….
pour Leiloona: merci! j’aime qu’une histoire de réfugiés se termine bien!
Adrienne : Envie de prendre le contre pied de l’actu, oui ! 🙂
pour Manue: moi aussi j’ai pensé à des amours de vacances 🙂
pour Nady: si j’ai bien compris, ce grand amour n’est donc pas « sa moitié », pas celui avec qui elle était en vacances en amoureux?
on va plutôt parler de « coup de coeur » pour ce pays, le grand amour sera pour sa moité 😉
pour Terjit: une lettre d’adieu comme on rêverait d’en recevoir une 🙂
pour Adèle: que veux-tu, un type comme lui
qui est vite pris
est vite repris 😉
😀 Mais oui! 😀
pour Nicole: il serait mal venu de se plaindre, il y a plus malheureux qu’elle 😉
pour Bénédicte: douceur, sérénité, clairvoyance… beau texte!
Merci Adrienne, c’est bien agéable de te retrouver !
@Leiloona : j’aime beaucoup ton texte, qui est emprunt d’actualité et de tristesse aussi
Merci à toi. Oui, l’actu transparaît effectivement dans ce texte, disons que cela me touche particulièrement (cela touche des choses transgénérationnelles …)
@Leiloona : Moi je reviens sur mes pas, et Léna, elle, part pour d’autres horizons 😉 voilà un texte qui résonne dans cette actualité quelque peu morose. Mais Léna a l’air de se sentir mieux sur ce sommet. Un très beau texte (comme toujours) à la fois dur et doux, et comme je les aime tout en finesse 🙂
@Nady : merci pour ce voyage. Chaque terre a son histoire et lorsque l’on vogue vers ces paysages inconnus il est, je trouve, important de connaître le sol que l’on frôle de nos pieds.
@Bénédicte : Qu’il fut bon de se laisser porter par ta dolce vita !
Quitter le nid et sa terre, certains ont le courage et d’autres non. Personnellement je fais partir de la première catégorie 😉
Je vois que l’amour est au rendez-vous cette semaine :
@Manue waoh ! Quel cri d’amour ! Quelle souffrance et quelle puissance. Il paraît que « les histoires d’amour finissent mal en général » … Crier sa peine n’est-ce pas faire un premier pas vers la guérison ?
En tout cas très très joli, je suis touchée en plein cœur. Bravo !
@Terjit bravo mes larmes ont coulées. C’est beau et intense. Je pense qu’on a tous envie de laisser ses souvenirs dans l’esprit de la personne que l’on aime, et l’envie de déclarer cette flamme avant que la vie ne nous épuise (pas sûr qu’on sache faire plus joli que toi).
@Adèle : ah ces Don Juan … la chute fait toujours mal. Au prochain, tu sauras qu’il ne faut pas offrir tes Fervex. Bien trop dangereux ! 😉
@Nicole comme l’introspection peut faire peur … Et pourtant elle est si souvent nécessaire pour enfin oser avancer et ne plus faire semblant. Très joli texte qui nous remet face aux décisions que l’on prend ou que la vie prend pour vous.
Voilà, finalement c’est ça : certains ont le courage ou l’envie de partir, d’autres pas et toutes ces choses-là font des vies…..
L’Ivresse : Merci ! Effectivement je ne voulais pas trop faire la part belle aux souffrances, mais plutôt à l’arrivée, et à ce qu’elle était devenue ! ♥
Merci ! C’est ce que je voulais, toucher en plein coeur 🙂
Merci beaucoup ! c’est ce que je voulais dire dans cette lettre d’adieu » continue à vivre mais n’oublie pas »
@Leiloona : Joli texte sur l’exil et tellement d’actualité. J’aime bcp.
@Manue : Quelle lettre déchirante et quelle belle preuve d’amour ! Un amour qui part… j’ai choisi la même chose pour mon texte. »Sur une terre où les seuls papillons vivants sont ceux que les habitants de cet endroit ont au creux de leur ventre lorsqu’ils aiment quelqu’un » –> sublime phrase.
@Nady : J’ai vite saisi que tu parlais de la Croatie mais tu as bien amené l’histoire. Il est tjs étonnant de voir ce pays devenir un destination soleil de nos jours alors que l’horreur n’est pas si loin que ça. Le temps passe et la mémoire ne s’efface pas mais laisse de la place pour autre chose de plus joyeux.
@Terjit : Ton texte m’a clouée. De beaux souvenirs émergent et ce brutal retour à une réalité présente : la mort. Superbe texte qui m’a bcp émue.
@Adèle : Joli texte en forme de poème à la fois rigolo et touchant. Vilaine la vendeuse en pâtisserie qui casse ce joli couple. Quel culot de proposer des guilis au garçon dès le départ… lol
Merci Virginie ! ♥
Merci Virginie 🙂
merci 🙂
@Nicole : Il est temps que ton héroïne se retrouve, prenne du temps, se pose enfin de cette vie folle et solitaire. Qu’elle y fasse de belles rencontres !
@Bénédicte : On se demande si ton héroïne a véritablement choisi cette vie sur l’île. Aurait-elle aimé partir, prendre le bateau ? N’est-elle pas en train de vivre ce rêve par procuration avec ses enfants ? Fatalité ou pas, j’aime bien ton texte.
Merci de ta lecture. Je crois qu’elle était consciente de ne pas être taillée pour le continent, et Jean non plus….Mais leurs enfants peut-être …..
Elle s’est assise sur ce banc à l’ombre de l’érable où elles aimaient papoter…
Elle pense à cette petite fille aux boucles blond vénitien et à ses yeux si doux
elle ne sait pas si elle viendra, elle l’attend.
Son coeur bat de plus en plus fort entre détresse et espoir.
Elles aimaient jouer au mime, inventer une scènette de leur invention,
se cacher derrière la glycine comme dans un ilot enveloppant.
Elle se dit que peut-être ces moments partagés s’effaceront dans les souvenirs de ce petit lutin auréolé d’or.
Elle prie très fort et retient ses larmes en attendant de revoir son joli feu-follet…
N’hésite pas à participer sur ton blog la prochaine fois ! 🙂
Joli texte … 🙂
@ Leiloona :
J’ai été très touchée par l’évocation des gris-gris si personnels à chacun, de ceux qu’on penserait à sauver en premier pendant un incendie, après les humains bien entendu….Et j’ai aimé que Léna ait retrouvé son frère et un port d’où elle peut, enfin libre et en partie sereine, imaginer des destins à tous ces passagers.
Il est heureusement des exils forcés qui ne connaissent pas tous une fin tragique ou une perpétuelle errance….
Oui, j’appartiens à une famille d’exilés, et leur départ et leur vie furent heureux ici … Merci Béné. 🙂
@ Manue :
Que te dire sinon mon admiration devant tes mots et l’inquiétude qu’ils suscitent parfois…Je suis souvent effrayée par la violence des émotions et des sentiments qui se débattent derrière ton front….La mort et la passion rodent dans ce très beau texte…Bien entendu qu’il ne dort pas paisiblement dans sa cabine et qu’il doit être dans le même état que celui dans lequel il t’a laissé puisqu’il a ton cœur et que tu as le sien….
Attends surtout, il reviendra….
Merci ! Ton admiration étouffe pendant un instant les doutes quant à ma capacité à écrire et à intéresser des lecteurs.
@ Nady :
Bien entendu que c’est un pays !…Tu as semé des indices partout comme autant de petits cailloux : « mon corps entier vibrait déjà d’amour quand je t’ai rencontré « , « Puis nous voilà arrivés chez toi « , « tu soulevas doucement ta parure pour attirer mon regard vers tes cicatrices profondes « …..Du moins cela m’a semblé clair malgré le mal (vilaine!) que tu t’es donné pour semer le trouble….
C’est un beau texte Nady qui correspond à 100% à ce désir si puissant chez toi de participer à ce que le monde aille mieux….
@ Terjit :
Quelle fin terrible !
Je pensais avec tendresse et comprehension à un amour volé à d’autres conjoints car ils sont vraiment touchants ces deux-là….Comme résolus à prendre un peu de bonheur par ci par là, sans pouvoir faire d’enfants, en se cachant pour ne pas détruire leur famille respective….Mais non, j’étais trop bisounours et j’ai du mal à me remettre de la chute….
Donc c’est un bon texte !…
@ Adèle :
Les amours sont difficiles aujourd’hui à l’atelier !….ça commence tout léger, on sent déjà le sourire s’installer sur nos lèvres et vlan ! on se prend un fruit confit en plein dans l’œil….Honnêtement c’est moi qui hallucine ou elle l’a dragué en échangeant sa boite de Fervex contre une séance de guili-guili ?….Adèle j’en déduis que tu es une coquine et que finalement la vendeuse de gelati a fait la même chose que toi !!!….Mais console-toi dans pas longtemps il achetera des chaussures ou une cravate, ou tout autre chose et adieu la patisserie !….
Tu me fais rire ! 😀
@ Nicole :
Je me suis demandée un long moment où tu voulais nous emmener et je t’avoue que je ne trouvais pas ton héroïne très sympathique….Et puis mon cœur a fondu quand j’ai compris quel immense chantier l’attendait finalement sur cette île en tête à tête avec elle-même …..
@ Adèle ; bon, je vais éviter absolument le Fervex moi ! Plus sérieusement, il est bien pourri ce type là hein !
@ Terjit : profondément émue par tes mots, par cette histoire bouleversante et qui pique aux yeux …
@Leiloona : Ton récit traite l’exile de façon touchante et émouvante tout en ayant une pointe d’optimisme. C’est beau.
@Manue : Quelle triste et belle lettre, ponctuée de superbe phrases et finissant par un cri ! Poignant !
@Nady : Un angle judicieux ! Une belle idée que tu arrives à développer avec douceur et sérénité. C’est bon de te lire.
@Terjit : Ne soit pas triste, ne pleure pas !!! Mais comment ne pas pleurer en te lisant, c’est tellement beau, criant de vérité et bouleversant. Bravo !
@Adèle : Il fallait ton texte pour me remettre de celui de Terjit. Un poème sucré/salé, triste mais qui m’a néanmoins fait sourire. Et pourtant, le dernier vers est… je ne trouve pas le mot !
@Nicole : une fuite en avant, une fuite effrénée, la fuite de soi, mais une fuite que le destin parvient à stopper pour obliger Elsa à se regarder en face, enfin. Bravo.
@Bénédicte : Si on sent une pointe de regret chez cette femme qui n’a jamais quitté son ile, on ressent son bonheur d’y vivre avec l’homme qu’elle aime. Une sorte de « résignation sereine ». C’est beau !
Merci Jos d’avoir pris le temps de nous lire. ♥
Merci Jos !
Bonsoir tout le monde! Après une semaine de connexion carrément aléatoire, je peux enfin finir de vous lire.
@ leil, un beau regard sur l’exil et la force de ceux qui parviennent à la transcender pour en faire du Beau.
@ Manue Une sacrée lettre comme on aimerait en recevoir. Quelle puissance des mots !
@ Nady, tu dis fort bien la puissance indélébile de certains souvenirs.
@ Terjit, un hymne à l’amour malgré la triste fin! C’est beau!
@ Adèle, un texte original. J’aime la balance que tu fais entre l’humour initial et la chute , nettement plus brut
@ Nicole, un réveil tardif que nous lui souhaitons salutaire. Il est sans doute temps qu’elle se pose en effet. J’aime bien cette ironie de l’histoire.
@ Bénédicte, une jolie vie simple, un beau texte sur l’attachement.