Petits Crimes Conjugaux, Théâtre : Fanny Cottençon, Sam Karmann, Jean-Luc Moreau, Eric Emmanuel Schmitt

La caractéristique des hommes, c’est qu’ils refusent leur destin. Ils préfèrent leur liberté. Mais qu’est-ce que c’est, une liberté qui ne s’engage pas? Une liberté creuse, vide, inconsistante, une liberté qui ne choisit rien, une liberté velléitaire, une liberté préventive. Les hommes fantasment la liberté plus qu’ils ne l’utilisent, ils la gardent précieusement sur une étagère au lieu de l’employer. Là, elle sèche, se racornit et meurt bien avant eux. Car la liberté n’existe que si l’on s’en sert. Les hommes sont silencieusement romanesques : ils vivent quelque chose et se racontent autre chose. Ils doublent leur vie d’une autre vie, secrète, désirée, imaginée, dont ils sont les poètes muets.

Au théâtre Rive Gauche, vous pouvez voir une autre pièce que « Le Chien » elle aussi d’Eric Emmanuel Schmitt et mise en scène par Jean-Luc Moreau : « Petits crimes Conjugaux ».

Arrivée en fanfare

Un couple revient chez lui, mais immédiatement quelque chose cloche. L’homme, Sam Karmann, ne semble pas reconnaître son appartement. Et pour cause, il est amnésique suite à un accident arrivé quelques semaines plus tôt, dans ce même appartement. Sa femme, Fanny Cottençon, le regarde gentiment : va-t-il retrouver ses marques, voire même sa mémoire. Le déclic n’a toutefois pas lieu …

S’ensuivent alors de nombreuses questions de la part de cet homme : qui est-il, qu’aime-t-il, s’aiment-ils encore tous les deux, quel est son caractère ? Les réponses arrivent alors, plus ou moins rapidement, parfois, aussi, avec quelques hésitations. Sa femme lui cacherait-elle un secret ?

De Charybde en Scylla

« Petits Crimes Conjugaux » est une pièce construite comme un thriller psychologique. Qui manipule qui ? Oublier le passé permettrait-il de faire renaître un amour évanoui ? Et l’amour en lui-même, qu’est-il ? A-t-il besoin de renouveau, de peps, de saveurs d’interdit ? Au contraire l’amour véritable ne naîtrait-il pas justement au moment où les premières passions se sont éteintes ? Ce moment précis que certains appellent la tendresse serait alors l’amour vrai, celui sans phare et doux … Mais n’est-ce pas alors plutôt un amour filial ?

Sam Karmann est assez bluffant dans ce tango endiablé des sentiments et des émotions, il mène la danse, voire même le bal tout entier. Notamment lors d’une superbe tirade à la fin sur ce qu’est l’amour. Emportée, j’ai été, ces rares moments où l’illusion théâtrale a lieu. Je n’étais plus vraiment au théâtre, mais ailleurs … En sortant, comment ne pas réfléchir sur le sentiment amoureux dont personne n’a encore trouvé la formule. Indéfinissable, vraiment ? N’est-ce pas, au contraire, ce qui fait son charme ?

Petits crimes conjugaux

De Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène : Jean-Luc Moreau assisté de Anne Poirier-Busson
Décor : Stéfanie Jarre assistée de Daphné Roulot
Lumières : Jacques Rouveyrollis assisté de Jessica Duclos
Musique : Sylvain Meyniac
Costumes : Nathalie Chevallier
Accessoiriste : Nils Zachariasen

DEPUIS LE 29 SEPTEMBRE 2016
Du mardi au samedi à 21h
Matinée le dimanche à 15h
Tarifs guichet : 45€ (Carré Or), 36€, 27€

Durée = 1h40

L’avis de Stéphie.

Leiloona
Épicurienne culturelle, je sillonne villes, pays et musées, toujours un livre dans mon sac ... Chaque lundi, je publie mes textes dans un atelier d'écriture que j'anime depuis plus de 5 ans, basé sur une photographie. Museo geek l'hiver, sirène l'été. J'aime les bulles, le bon vin et les fromages affinés. View all posts by Leiloona →

6 commentaires

  1. C’est une superbe pièce qui m’a donné envie de lire le texte ! Et l’acteur masculin a un charme dingue !

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    1. Oui, une très belle pièce au décor bien sympathique ! Le soir où j’y suis allée, Fanny Cottençon qui joue un personnage porté sur l’alcool avait pas mal d’hésitations … soit elle joue à la perfection les méfaits de l’alcool, soit quelques passages du texte lui manquaient. Je ne l’ai pas évoqué, laissons-lui le bénéfice du doute. 😉

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      1. Le soir où j’y suis allée, la pauvre était malade comme un chien. Elle a retenu sa quinte de toux pendant tout le spectacle 🙁

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  2. J’ai découvert cet auteur en allant au théâtre voir « le visiteur » il y a de cela quelques années. Je note cette pièce

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