Toujours dans le cadre des interviews réalisées avec Page, voici non pas un libraire ce mois-ci, mais une éditrice : Karine Bailly de Robien
Merci à elle d’avoir bien voulu se plier à cet exercice !
Comment êtes-vous devenue éditrice ?
J’ai découvert ce métier un peu par hasard lors d’un stage obligatoire pendant mes études à Sciences po. A l’époque, les éditions Fayard se situaient juste en face de Sciences po, rue des Saints-Pères, et ils cherchaient un stagiaire au service de presse. J’ai été tellement éblouie ce que j’ai découvert, et je me suis fait la réflexion : « c’est quand même incroyable d’être payé pour faire un métier aussi merveilleux. »
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
(Racontez-nous aussi une petite anecdote)
Tout me plait dans ce métier, mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est partir à la chasse aux textes qui méritent d’être lus, par le plus grand nombre de lecteurs possible. Je me souviens avoir découvert un roman formidable, très touchant, lors d’un séjour aux Etats-Unis, The Saving Graces, d’une romancière américaine, Patricia Gaffney. Ce roman m’avait beaucoup émue et j’ai découvert qu’il avait été vendu à plus de 2 millions d’exemplaires et traduit dans de nombreux pays. Je me suis alors embarquée dans une véritable filature pour trouver qui détenait les droits de ce livre, pour remonter jusqu’au subagent français, et négocier l’achat des droits de traduction. Les Quatre Grâces est devenu l’un des plus gros succès des éditions Charleston, et nous l’avons ensuite cédé en poche à Pocket. Je pourrais également vous raconter comment j’ai mis la main sur La femme qui décida de passer une année au lit de Sue Townsend, l’auteur du Journal secret d’Adrien, 13 ans ¾, mais ce sera pour une autre fois !
Comment choisissez-vous les manuscrits que vous éditez ?
Pour moi, la clé, c’est l’authenticité. Je suis d’abord une lectrice et le manuscrit doit me toucher, me passionner. Si à la fin de chaque chapitre, je ne peux pas m’empêcher de lire le suivant, si je n’arrive pas à poser le manuscrit avant le mot « fin », c’est gagné. Nous publions peu de livres, uniquement des pépites, des coups de cœur. Et le succès des romans que nous publions nous conforte dans cette façon de voir le métier : small is beautiful !
Que se passe-t-il entre le moment où un manuscrit arrive chez vous et celui où il est publié ?
Chaque année, nous organisons un appel à manuscrits avec nos partenaires Pocket et la Ville de Cabourg : le Prix du livre romantique. Dans le cadre de ce Prix, nous présélectionnons 5 manuscrits, que nous faisons lire à un jury prestigieux composé de libraires, de romancières… Le manuscrit lauréat est alors édité par nos soins : nous prenons le temps d’accompagner l’auteur pour parfaire son manuscrit, en travaillant avec lui l’intrigue, les personnages, le style. L’objectif : le plaisir de la lecture ! Lors que le manuscrit est prêt à être publié, on passe à l’étape de la correction ortho-typo et de la mise en page. Nous avons l’habitude de faire lire nos romans aux libraires et aux journalistes en avant-première, en faisant imprimer des épreuves non corrigées. Nous aimons trouver des idées originales pour donner envie aux lecteurs de découvrir nos romans, en organisant des lancements décalés, des cours de charleston, en distribuant des extraits du livre dans le métro… Au moment où le livre est en place en librairie, le bouche-à-oreille est déjà en cours…
Qu’est-ce que vous apporte votre partenariat avec la revue PAGE ?
Un contact privilégié avec les libraires, ce qui est central dans le succès de nos romans. Nous avons la chance d’avoir en France des librairies sur tout le territoire, et des libraires-lecteurs passionnés, en qui les lecteurs ont confiance. En tant qu’éditeur, nous avons à cœur de soutenir les libraires, de faire venir des lecteurs dans leurs librairies, en encourageant nos auteurs à faire des dédicaces, et en communiquant auprès de notre base de lecteurs (bientôt 30 000 fans très engagés sur Facebook) pour les inciter à rencontrer nos auteurs dans les librairies.
Un livre que vous nous conseilleriez …
C’est difficile de n’en choisir qu’un, mais il y a une de nos auteures particulièrement brillantes, il s’agit de Clarisse Sabard, qui a été lauréate du Prix du Livre Romantique en 2016 avec Les Lettres de Rose. Nous avions été emportés par cette histoire romanesque, et son nouveau roman, La Plage de la mariée (que nous avons publié cette année) confirme son talent. On y trouve des personnages forts, une intrigue poignante, et l’écriture de Clarisse nous emporte véritablement. Une auteure à suivre !
Parlez-nous un peu de votre catalogue Rentrée Littéraire 2017
Aux éditions Charleston, nous aimons les textes atypiques, et nous avons donc décidé de publier un magnifique recueil de Rupi Kaur, lait et miel (milk and honey). Construit autour de courts poèmes en prose, c’est un livre qui parle de survie. De l’expérience de la violence, des abus sexuels, de l’amour, de la perte et de la féminité. Rupi Kaur n’a pas vingt-cinq ans mais elle parle à toutes les femmes, et ses dessins sont magnifiques.
À côté de ce titre, nous avons toujours les grands romans qui font notre spécificité, avec deux titres de Catherine Cookson, « la romancière britannique la plus célébrée de tous les temps » selon The Times.
Un programme qui nous ressemble !
Je ne connaissais ni cette édition ni ces romans. Voilà qui les met en lumière.
Alors tant mieux ! C’est le but de ces interviews ! 😀
Les romans cités sont à présent sur ma to do book 🙂 Merci pour cette présentation des éditions Charleston. PAGE, un magasine littéraire de qualité et précieux.
Ah oui un mag’ précieux par sa qualité oui !
J’ai envie de découvrir les lettres de Rose du coup ! 🙂
Les lettres de Rose est mon roman préféré chez Charleston. Et Karine Bailly est une nana extra !
Je le lirai … p’tre l’été prochain ah ah ! (trop de livres sur ma pal, l’éternel refrain quoi.)
J’adore cette maison d’édition et Les lettres de Rose est juste magnifique <3
Décidément, ce roman fait un carton ! 🙂