Une couverture attrayante pour un livre fait par une historienne du XVIIIè : banco ! Le contenu est à l’image de l’emballage : des anecdotes comme j’aime sur le modus vivendi des parisiens du XVIIIè siècle.
Nullement soporifique, voici ma conception de l’Histoire : vivante.
Le lecteur plonge alors dans les rues de Paris à cette époque. On vit avec eux dans les bas fonds, on se glisse à la même table qu’eux et on partage leur repas. Comment mange-t-on, se balade-t-on, travaille-t-on, aime-t-on ? Dans cette société où peu de gens sont lettrés, les traces écrites ne sont pas nombreuses, aussi Arlette Farge a-t-elle effectué un joli travail de fourmi.
Paris d’abord !
Une ville qui bruit, instable, des quartiers malsains comme celui de la Cité (!). Un peu plus loin, la rivière de Bièvre, qui coule encore à ciel ouvert, est teintée de rouge par le travail des tanneurs. Les bords de Seine sont verdoyants, la végétation y est encore sauvage et indomptée. La campagne règne encore à Paris et fait face à d’autres quartiers plus insalubres où les rats pullulent dans ces rues sans trottoir. Oui, à Paris, ça pue.
Il faut aussi imaginer des balcons chargés de plantes en tous genres, parfois ce sont de véritables petits jardins sur ces frêles balcons. Le goût de la nature est encore vivace. On récolte encore le blé à la Plaine Maillot, à Gentilly on peut cueillir des haricots, tandis qu’à Bagnolet on aperçoit une guirlande de vignes. Près de la Seine, ce sont de multiples marchands et spectacles de marionnettes. Sur le fleuve, des joutes … La fête règne.
Quid du quotidien ?
Au XVIIIè siècle, la France a subi une vague de migrations. L’exode rural impose aux gens de venir travailler pour une saison. On quitte femme et enfants pour venir cohabiter à Paris (le loyer est déjà trop cher pour vivre seul). Des couples éphémères voient le jour. Les couples se forment et se déforment : le taux de naissance explose. Il faut alors imaginer des logements précaires où l’on s’entasse, l’intimité n’existe pas. Tout se sait, rien ne se fait sans que le voisin ou le passant même ne le voie. C’est alors au propriétaire de l’immeuble de faire respecter les bonnes moeurs.
Un quotidien des plus truculents, donc …
Dans la série des « Connaissez-vous ? »
- « La réjouissance de la regrattière » : voici un métier qui consistait à vendre les restes des repas des domestiques. Je vous laisse imaginer la forte odeur de ces plats du plus que pauvre ..
- « Maraîchiner » consiste à s’attoucher, là, en public, avec son amoureux, autour de l’âtre où tout le monde se réunit pour chanter, danser, ou encore écouter une histoire …
- A La Salpêtrière, des femmes dites insensées (auxquelles s’ajoutent les prostituées) sont enchaînées comme des chiennes, on leur lance de la nourriture à travers les grilles de fer. Les registres de l’hôpital montre alors comment ce siècle qui est précurseur pour tout ce qui est soin de corps nie encore une certaine humanité. Je vous passe le manque d’hygiène des prisons …
- 90 % des maîtres de tripots sont des femmes !
Un siècle riche en changements (il n’a pas été appelé Siècle des Lumières sans raison) : cet ouvrage montre la pluralité des façons de vivre à Paris. Entre les bas fonds mal famés et la société où le paraître était de mise, l’écart est grand. Le plus intéressant dans ce livre n’est pas vraiment l’évolution des moeurs, et autre libertinage (on enfoncerait surtout des portes ouvertes …). Il s’agit plutôt ici de se fondre dans la vie quotidienne des parisiens, sans forcément se pencher de trop près dans les fourrés et autres bosquets pour y voir le badinage …
Auteur Arlette Farge
Editeur Le Robert
Date de parution 18/05/2017
EAN 978-2321007487
ISBN 2321007486
Illustration Photos couleur
Nombre de pages 192
12 € 90
Un petit livre qui a l’air super ! Merci pour cette présentation, Leiloona :).
Ah oui, j’aurais voulu intégrer des photographies du contenu (lui aussi attrayant), mais les images prises n’étaient pas belles … A feuilleter sur leur site si tu veux te rendre compte.
Ah justement, j’étais curieuse d’avoir un aperçu, donc j’irai regarder.
Je veux, je veux, je veux! Merci pour la découverte!
De rien miss ! 😉
Oh mais ça a l’air super instructif !
Ah mais carrément ! Arlette Farge fait partie de ces grandes historiennes qui cumulent érudition et pédagogie (elle se met à la portée de tous sans vulgariser.)
Du coup, on ne fait pas qu’enfoncer des portes ouvertes, une réelle mine oui. (Et comme je sais que ce siècle t’intéresse, tu devrais y jeter un oeil, oui.)
Une autre vision de Paris, je suis tentée.