Camille Claudel, itinéraire d’une insoumise

Par son humour dévastateur et sa trajectoire dévastée en passant par un cynisme assumé, Camille Claudel plus que jamais louée et célébrée suscitera sûrement encore sa cohorte de controverses, nourrira peut-être d’éternels débats, entretiendra accessoirement son mythe tenace et consolidera toujours l’échafaudage de sa légende. Puisse au moins cet ouvrage renouveler le regard, se déprendre des préjugés, démêler les opinions confuses et dissoudre la roche des malentendus.

Quand Leiloona me proposa d’écrire une chronique sur ce livre pour son blog www.bricabook.fr, je ne peux vous cacher ce bonheur immense qui m’envahit à travers cette opportunité de transmettre des connaissances précieuses.

Mais par où commencer ? La lecture de cet ouvrage nécessite un minimum de connaissances sur la vie de Camille Claudel, cette illustre sculptrice du XIXième siècle, née le 8 décembre 1864 dans l’Aisne et décédée le 19 octobre 1943 dans le Vaucluse, après un internement de 30 ans…

30 ans pendant lesquels elle n’a plus sculpté, 30 ans à vivre entourée d’aliénés, 30 ans à hurler sa solitude au monde entier, 30 ans à attendre une nouvelle liberté ! Les privations pendant la seconde guerre mondiale et le manque de soins ont eu raison de sa santé et son âme s’envola à jamais de cette Terre où elle connut le bonheur d’une passion amoureuse avec un autre génie de la sculpture, son maître puis amant et mécène Rodin, mais aussi les tourments d’un manque de reconnaissance artistique et amoureux.

C’est depuis le début des années 1980 que le grand public a redécouvert Camille Claudel. Reine-Marie PARIS, petite fille de son frère Paul Claudel, n’a eu de cesse de se battre pour redonner à sa grande tante la reconnaissance artistique qui l’a tant manquée de son vivant. Aussi, le 1 er janvier 2014, les œuvres de Camille Claudel sont entrés dans le domaine public.

A travers les films « Camille Claudel » (où elle est interprétée par Isabelle Adjani), « Camille Claudel 1915 » (incarnée par Juliette Binoche) et « Rodin », sorti cette année (où Izïa Higelin joue son rôle), c’est une Camille amoureuse, artiste, tourmentée, impertinente, et terriblement douée dans son art de la sculpture, que le cinéma a su capter de sa vie, à une époque où la femme n’avait pas encore acquis sa totale liberté d’être, de penser et d’agir en société. Et pour finir ce rapide résumé d’introduction sur Camille Claudel, pour ceux et celles qui la découvriraient à travers cette chronique, sachez que son musée s’est ouvert en mars 2017 à Nogent sur Seine. Beaucoup de ses œuvres y sont exposées ainsi que celles des personnages qui l’ont nourrie tout au long de sa carrière artistique.

Il va s’en dire que de nombreuses rumeurs circulent sur Camille Claudel où beaucoup ont cherché à interpréter sa vie personnelle à travers ses œuvres. Des bribes de sa vie publique se mêlant à des préjugés et voilà que le mythe se crée et s’installe…

L’ouvrage Camille Claudel, itinéraire d’une insoumise, nous permet de prendre le recul nécessaire pour mettre à distance les idées reçues et tenter de mieux comprendre l’histoire, la personnalité et le destin de cette femme. Son puzzle familial et artistique se monte donc tout doucement au fil des pages à travers les analyses d’une responsable scientifique du fonds historique du musée Rodin (Véronique Mattiussi) et d’une psychologue clinicienne (Mireille Rosambert-Tissier) .

Je vous avouerai que même moi, j’ai dû parfois faire le vide des rumeurs que j’avais pu entendre et qui étaient devenues à mes yeux une Vérité tellement elles étaient relayées par la foule ; à travers ces thèses argumentées, j’ai été amenée à revoir mon jugement sur des parties de l’histoire de Camille Claudel. C’est justement cette magie que nous offre la vie de continuer à nous enrichir tout en façonnant notre pensée au contact d’êtres ayant étudié un thème, que nous nous approchons de la Vérité qui est parfois bien plus complexe qu’un simple préjugé et si évidente une fois qu’on a fait le tour du sujet. Mais je ne vous en dis pas plus et vous laisse savourer tranquillement les plumes de ces 2 écrivaines qui réussissent à suspendre le temps et nous permettent de mieux comprendre à travers la femme, l’artiste et ses œuvres, le fabuleux et tragique destin de Camille Claudel.

Collection : Le cavalier Bleu
Parution : septembre 2014
184 pages
ISBN : 978-2-84670-540-0
Prix: 20 €

 

Nady ☆
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6 commentaires

    1. je suis curieuse d’avoir votre retour après lecture. Cet ouvrage a déstabilisé mes certitudes 😉

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  1. Alors si même toi, Nady, tu as été déstabilisée, effectivement l’ouvrage mérite d’être connu (il y a toute une légende autour de cette femme à fleur de peau en effet …)

    Merci pour ta chronique ! 🙂

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  2. un sacré personnage! Pas facile de faire le tri entre mythe et réalité!

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  3. Ça me plaît que tu ne me racontes pas le livre. ….tu places le personnage, nous rappelle des faits que nous avions peut être oublié ou jamais su et tu te retires sur la pointe des pieds en nous invitant à te suivre à travers cet ouvrage que tu as visiblement aimé. ….

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    1. Suis contente que ça te plaise Béné ; -) les analyses sont tellement poussées et bien amenées que je ne pouvais pas plus en dire et surtout je trouve que j’ai réussi à être factuelle sur sa vie, ce qui n’était pas évident pour moi avec tout le mythe sur sa vie qui s’était installé dans ma tête. Aujourd’hui, je vois les choses avec plus de recul et ça me plaît d’autant plus car me permet de voir des détails importants dans les techniques de son art 😉 des bises

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