Chaque lundi, à 10h, heure du sacro-saint café, Joanne K et Robert se retrouvaient. Qu’il pleuve, vente, ou neige, le lundi était sacré. Lundi, jour du débrief de l’atelier. Mais la pause ne commença pas comme d’habitude.
Robert fulminait, lui habitué à être assis sur sa chaise, faisait les cent pas :
-Je n’y crois pas ! Elle l’a fait !
– Oui, enfin, il fallait s’y attendre, non ? Après 7 ans d’atelier chaque lundi, cela devait bien que cela arrive un jour.
– Non, c’est elle la patronne, elle n’a pas le droit de ne pas publier de texte. C’est son bébé, son antre, son bijou. Et là, rien, pas de texte.
JK réfléchissait sur la déontologie d’un atelier d’écriture, les yeux rivés sur cette robe rayée de la vitrine.
– Moui, n’empêche, si Leiloona n’écrit pas sur cette photo, qui parlera de nous ?
La femme déplia ses jambes, mue par une idée soudaine !
-En fait, tu sais quoi ? Son absence sur cet atelier m’a donné envie d’écrire ! Je vais écrire une histoire et je lui enverrai illico par mail !
Voici comment JK R. prit un jour sa plume pour ne plus la lâcher.
Voici comment Robert envoya un mail à Leiloona avec ces deux mots : « Mission accomplie ».
(NB : Promis, je reviens vers vous dès la semaine prochaine.)
© Alexandra K, le 10 septembre 2017
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Le texte de Nady
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Le texte de Ludo :
Jeanne lève le rideau de fer, est surprise par le soleil qui l’éblouit. Elle démêle cheveux et lunettes qui se sont noués comme dans un serment d’amour et chausse ces dernières. Elle s’avance sur le trottoir et déploie, manivelle en main, le auvent de sa boutique de vêtements. Le strident grincement par lequel il se plaint d’être ainsi réveillé, pourrait être désagréable aux oreilles de Jeanne. Mais elle sait que c’est lui qui donnera le signal à Raymond, l’avertira que c’est l’heure de leur rituel café, elle, sur le banc qui longe la fenêtre de la maison, lui, un tabouret sur le pas de la porte, mais à l’intérieur, toujours.
Cela avait commencé quelques mois plus tôt, un jour de peu d’affluence à la boutique, Jeanne s’était installée sur le banc, un livre à la main. Raymond, seul à sa fenêtre, surveillant le temps qui s’écoule sans autre but que de laisser vieillir les humains, lui avait alors proposé un café. Le premier d’une longue série interrompue seulement par les dimanches, jour de fermeture de la boutique de Jeanne. Elle avait accepté, et naturellement, la conversation s’était engagée autour de la lecture en cours de Jeanne, elle lui avait dit l’histoire de cette femme abandonnée dans l’hiver glacial de cette nuit de Saint Sylvestre, dans un pays nordique. Elle avait raconté la neige, le froid dont on ne sait si il est dû à l’hiver ou à la solitude… Elle avait lu un passage à voix haute et le plaisir dans les yeux de Raymond. Alors le rituel s’était installé, chaque matin, elle avait oralisé quelques pages pour lui, en échange de son café amer et brûlant qui réchauffait le corps tout entier.
Elle patiente des secondes qui lui paraissent des heures, tente de prendre un air détaché, les jambes croisées sur le banc, mais Raymond n’ouvre pas. L’inquiétude monte, insidieuse…
Raymond avait dû fouiller un peu dans les cartons du grenier. Il y a bien longtemps que les livres avaient quitté sa vie, la lecture ne faisait pas partie de ses passe-temps. Le jour où Jeanne avait raconté la première histoire et lu pour lui quelques pages, il avait senti grouiller son ventre et se former un sourire sur ses lèvres. Il avait aimé sa voix douce, sa manière de dire les mots, de leur donner une épaisseur, de les faire naître sur sa langue, puis de les laisser s’échapper de ses lèvres roses, charnues, sensuelles… ce sont des mots qu’il apprenait en l’écoutant, parce que comme les livres, ces mots avaient fui son vocabulaire depuis longtemps, lui l’éternel célibataire se refusait à accepter qu’il tombait amoureux de sa voisine.
On est lundi et Jeanne lui a demandé, avec un sourire qui l’a désarmé, l’a fait fondre et à qui il était impossible de dire non, elle lui a demandé que ce matin, ce soit lui qui lise quelques lignes pour elle. C’est plus tard, lorsqu’il a sérieusement soupesé le problème qu’il s’est rendu compte. Il ne possédait aucun livre ou si peu, en tous cas, rien qui soit présentable à Jeanne qui lit si bien, des textes si beaux… En redescendant du grenier, un vieux roman de ses années de collégiens à la main, il en avait commencé la lecture à voix haute et l’évidence était apparu. Il ne pourrait pas!
Lorsque le grincement du rideau résonne, son cœur palpite, sa gorge se noue, mais il a décidé de résister, de ne pas ouvrir, de rester sourd.
Trois petits coups secs claquent sur sa porte, la voix de Jeanne prononce son prénom. D’habitude il aime ces deux syllabes dans sa bouche, mais pas ce matin, il a honte, tellement honte… elle dit qu’elle s’inquiète, il ne le veut pas, alors, surmontant sa gêne, il ouvre, Le rouge et le noir à la main…
Jeanne lit dans ses yeux…
– ce n’est pas grave Raymond, ne soyez pas gêné. Si vous voulez, je peux vous réapprendre à lire.
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Le texte de Miss Marple :
Tu vois Nicole, que je t’explique,
Oui je sais, en bonne bretonne élevée au bon lait frais comme dans le temps, que vous alliez chercher à la ferme dans des pots à lait, des petits, pas de la taille de celui qui se trouve en décoration devant ma porte, tu ne vas pas croire ce que je vais te raconter.
Difficile en effet quand on n’a pas quitté ce petit coin de France, peut être même pas cette rue, comme toi..voyons qu’est ce qui a changé en 50 ans ??
le nom de cette boutique « la pluie et… » le beau temps, je suppose .. les vêtements qui s’y vendent, oui.. c’était une mercerie avant, non ?? une quincaillerie ou un marchand de couleurs !
Difficile de croire qu’il y a une autre vie ailleurs, que J’ai eu une autre vie ..
Pendant que tu voyais, de loin..Mai 68.. plus d’essence pour ton solex bleu, mais la plage , elle est ici, pas sous les pavés comme ils disaient à Paris !!, tu portais des robes à fleurs, tu rêvais de partir en combi volkwagen, tu fumais Dieu sait quoi, tu voulais virer de Gaulle mais tu n’avais pas le droit de vote, à l’époque on votait à 21 ans, nous étions donc « mineurs » !
As tu idée de ce que j’ai osé faire ? Regarde, je mime, regarde moi bien, observe la position des jambes, de la tête et même des bras !
Non, pas du qi gong ni du tai chi, on n’en parlait pas, regarde mieux, tu ne comprends pas, pourtant c’est facile, allez je t’aide par quelques mots : mawashi, atari, basho,chiri-chozu et surtout chanko-nabe, le repas qui nous était servi cinq à sept fois par jour.. et pour finir, Intai..la retraite.. eh oui, j’étais SUMO !!
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Le texte de Valérie :
La vie réserve bien des surprises à chacun d’entre nous, des bonnes et des moins bonnes. Nous avions tout pour être heureux, enfin je le croyais. Nous vivions dans une petite ville en bord de mer non loin de Marseille. Nous bénéficions d’un climat agréable toute l’année, pouvions profiter des plaisirs de la mer autant que nous le souhaitions. Mon père, comptable dans une grosse banque travaillait en ville et ma mère tenait la petite mercerie qui jouxtait notre maison de ville. J’adorais la rejoindre dans son univers. Les cotons et les laines de toutes les couleurs, les boutons de toutes les formes, les tissus, les patrons…tout me fascinait dans sa boutique. Ecouter les clientes de maman échangeaient sur leurs projets, la petite robe qu’elles étaient en train de coudre, le tableau qu’elles brodaient, la barboteuse qu’elles tricotaient…était pour moi un vrai plaisir. J’enregistrais tout. Maman connaissait ses produits sur les bouts des doigts mais était d’une maladresse telle qu’elle ne pouvait s’adonner à aucune de ces activités, à mon plus grand regret. J’aurais tant voulu apprendre …
Mais, j’étais heureuse. Une seule chose me manquait peut-être, un frère ou une sœur. J’y pensais parfois, me disant à quel point il serait agréable d’avoir un compagnon de route pour partager avec lui mes jeux, mes joies, mes peines. J’avais des amis bien sûr comme tout le monde mais ce n’est pas pareil. Enfin j’imagine. Je n’ai su que, il y a quelques années, que ce manque avait été encore plus fort pour la personne qui m’était la plus chère au monde, ma mère. Alors qu’elle avait à peine quarante-cinq ans et moi vingt, maman s’est effondrée dans sa boutique, une crise cardiaque, une mort aussi subite que violente. C’est mon père qui l’a trouvée en rentrant du travail le soir. Quand je suis arrivée de la fac, on l’entendait hurler de la rue.
A peine entrée dans l’âge adulte, il a fallu que je gère l’enterrement de maman car papa, rongé par la tristesse, en était incapable.
C’est en rangeant ses affaires, que j’ai découvert tout un pan de son existence jusque-là ignoré. En classant les papiers, je suis tombée sur le livret de famille où j’ai lu que mes parents avaient eu un garçon cinq ans avant moi et que ce dernier était mort accidentellement à peine âgé de trois ans. Je comprenais d’un coup les tremblements incessants de ma maman, son air ailleurs parfois, sa sur protection vis-à-vis de moi. Elle m’avait aimée mais ne s’était jamais remise de l’absence de son fils. Elle se sentait sans doute coupable et devait vivre avec la peur que cela recommence. C’est à ce moment aussi que j’ai découvert qu’elle prenait des antidépresseurs depuis des années, sans doute responsables de son arrêt cardiaque.
J’ai dû arrêter mes études pour veiller sur mon père. Il ne s’en remettait pas, il pleurait à longueur de journée. Il ne sortait plus, n’allait plus au travail, il s’était mis à boire et à manger n’importe quoi n’importe comment. Il a pris kilos sur kilos et est devenu obèse et impotent. Je ne pouvais pas le laisser seul. J’avais trop peur.
Malgré notre douleur, nous avons cependant dû réagir. Mon père était passé à demi-traitement et nous allions bientôt plus pouvoir payer les différentes traites, de la maison et de la boutique. C’est alors que j’ai proposé à mon père de rouvrir la mercerie, ce lieu qui renfermait malgré tout tant de bons souvenirs. Il a accepté.
Les débuts ont été difficiles, mais petit à petit les clientes m’ont fait confiance et de bouche à oreille ma clientèle a augmenté. J’ai diversifié un peu les services proposant tout d’abord des retouches. Et me familiarisant avec ma machine à coudre, j’ai mis en place des ateliers de couture. Les participantes, ravies de leur petite trousse ou de leur petit sac repartaient avec le sourire et m’encourageaient vivement à développer mes talents de couturière. J’ai donc commencé à piocher dans les nombreux patrons du magasin et j’ai essayé, parfois avec succès d’autre fois moins. Je coupais du soir au matin, piquais, surpiquais, défaisais, recommençais… Au bout de quelques années je suis devenue experte et j’ai même réussi à créer deux modèles de robe que je réalise aujourd’hui encore à la demande des clientes, après avoir choisi avec elle le tissu le plus adapté à leur teint, leurs courbes… Pour m’aider à répondre à la demande j’ai même embauché une couturière. C’est ainsi que peu à peu j’ai redonné vie à la boutique de ma maman dont j’ai conservé le nom « La pluie et le beau temps », nom qui m’a intriguée petite mais qui prend tout son sens aujourd’hui.
Mon père est fier de moi. Tous les jours depuis plus de trente ans, on se retrouve pour papoter un peu dès que j’ai un moment. Il n’est jamais retourné au travail mais il gère la comptabilité de la boutique. Il a retrouvé un peu le sourire mais n’a pas perdu ses kilos. En rigolant, il me dit souvent que c’est sa bouée pour ne pas se noyer.
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Le texte d’Adèle :
L’heure des confidences
Angelina avait, comme on dit, fait sa vie à Paris, bien loin de sa famille sicilienne. Quarante années pendant lesquelles elle avait d’abord trouvé du travail comme serveuse ou vendeuse, puis avait fondé une famille. Elle venait certaines années en vacances à Céfalu, pour se reposer et rendre visite à ses parents.
Ses enfants, quoi de plus normal, étaient partis à leur tour, puis avait sonné l’heure de la retraite et, presque aussitôt, par surprise ou par traitrise, son mari s’en était allé manger les pissenlits par la racine.
Paris était devenue ville trop grise, elle avait fait ses valises, direction son île bordée de ciel bleu et de rochers, un été à se faire bercer par la mer et la tendresse de son grand frère Adriano, à visiter oncles et tantes, cousins et cousines, et dieu sait qu’ils sont nombreux dans les tribus italiennes.
Après aout écrasant, septembre promettait de belles journées. A dix neuf heures, avant le traditionnel vin blanc-campari, Angelina et Adriano s’asseyaient ensemble, elle dehors, sur le banc, avide des derniers rayons du soleil et lui à l’intérieur, suant et transpirant malgré l’ombre, malgré l’abri et la fraicheur de l’ancienne charcuterie familiale, transformée en logement au jour où Adriano avait déposé son tablier gris et ses couteaux.
De part et d’autre du perron ils devisaient avec légèreté, partageant leurs souvenirs, ou faisant semblant, la mémoire est parfois capricieuse, quand les émotions et les sentiments sont partie prenante. Ils recommençaient leurs chamailleries d’enfants et cela faisait un bien fou à Angelina, et lui donnait l’impression que tout était à recommencer.
Il y avait un sujet qu’ils évitaient, par respect pour le mari, fraichement disparu. Mais ce soir-là c’est elle qui commença à parler, sans regarder son frère, la tête levée, comme si elle parlait aux étoiles. Lui, derrière, écoutait.
«Dino, [car c’était ainsi qu’elle appelait son frère depuis toujours], Dino, tu te souviens de Gino, le fils des Bellini, celui qui m’emmenait faire des tours de Vespa le dimanche, pendant que papa et maman étaient à la messe ? Qu’est-ce que j’ai pleuré quand il a disparu sans prévenir, du jour au lendemain ! J’avais seize ans, et lui vingt. C’est l’année où tu as arrêté le football. Tu venais d’entrer en apprentissage dans la charcuterie du papa et tu as commencé à grossir. Dino, est-ce que personne n’a jamais eu des nouvelles de Gino depuis ce jour?»
Pas de réponse. Assis dans son dos, Adriano gardait le silence.
«Tu vois, je n’ai jamais eu de chance avec mes amoureux. Tu te rappelles de Luca, le beau brun qui mettait toujours du gel sur ses mèches ondulées ? Lui aussi, envolé, je n’ai jamais su ce qu’il est devenu, on avait projeté de partir tous les deux à Palerme, il m’avait promis qu’on logerait dans un petit appartement prêté par sa tante, il avait du travail pour moi. Je t’avais mis dans la confidence, tu devais masquer notre départ. Tu as bien pris dix kilos, cet été-là. Tu en dis quoi, Dino ? »
Elle entendit son frère se racler la gorge, mais pas une parole n’en sortit.
«Le plus terrible pour moi, ce fut la désertion d’Alberto, le maçon sarde avec qui tu jouais au poker le samedi soir. Alberto, j’y tenais pour de bon. Au point de passer outre les injonctions de la mama et du curé, et de faire la chose au fond des bois, et plus d’une fois, tu peux me croire. Mais nous étions aussi imprudents l’un que l’autre et je suis tombée enceinte. Tu l’as su, puisque tu nous servais de boite aux lettres. Et deux jours après mon mot qui lui annonçait ma grossesse, plus d’Alberto, plus rien, aucune trace. Tu ne trouves pas cela bizarre, Dino ? Cette année-là, tu as dépassé le quintal et le médecin a cru que tu avais le diabète.»
« Alors je vais te dire, Dino, j’ai bien réfléchi dans ma petite tête, surtout ces derniers mois, parce que la mort de mon mari et mon retour sur l’île, ça a remué bien des souvenirs en moi, j’ai additionné deux et deux et j’ai tout compris ! »
Derrière elle, Adriano soufflait de plus en plus fort, mais pour ce qu’elle avait à dire, elle ne pouvait pas le regarder, elle n’aurait pas eu le courage.
« Dino, dis-moi la vérité, as-tu tué tous mes amants ? T’es-tu goinfré de saucisses de Gino, empiffré de pâté d’Alberto, as-tu farci tes tomates de la chair de Luca ? »
Adriano poussa un petit soupir, presque un gémissement.
« Angelina, tu as trop lu de romans, ton imagination a toujours été féconde, déjà toute petite tu adorais inventer des histoires. Tu as appris que la vie est cruelle, elle t’a déjà pris ton mari et je dois maintenant te ravir tes rêves de jeune fille. »
« Ton Gino, il avait un petit trafic de scooters volés avec la mafia, mais comme il s’était cru plus malin, il a fini dans le port, suicidé pieds et poings liés avec un parpaing.
Le Luca, c’était une petite frappe, qui avait déjà une fille qui travaillait pour lui. Tu te serais retrouvée à faire les trottoirs de Palerme, et pas pour admirer les vitrines ! J’ai été le voir avec un de mes couteaux, j’ai bien failli le faire mourir de peur, c’est vrai, mais je lui mis le marché en main, il filait par le premier bateau en partance pour l’étranger ou je lui trouais le costume.
L’Alberto était encore plus lâche, quand je lui ai appris qu’il t’avait mis enceinte, il m’a avoué qu’il avait déjà une femme et un enfant en Sardaigne, qu’il allait y retourner et qu’il me laissait le soin de te l’annoncer.»
Le silence s’installa. Elle sentait les gouttes de la sueur d’Adriano lui tomber sur l’épaule. Etait-ce des larmes ? Emue , elle choisit de faire diversion.
« Dino, toi qui garde si bien les secrets, écoute bien, je viens de terminer le cinquième tome de ma saga, je l’ai appelé Les trois amants étonnants. Personne ne dois savoir, comme d’habitude, surtout pas les journalistes. »
Adriano se pencha vers elle, entourant ses épaules de ses bras et répondit sur le ton de la plaisanterie : « Tu sais bien que je suis une tombe, ma petite Elsa ! »
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Le texte de Manue :
Elle avait l’air faussement désinvolte. C’était en réalité une tueuse, la meilleure, personne ne pouvait l’égaler dans son domaine et lui ne le savait pas, pas encore.
La conversation avait commencé de manière totalement innocente, on aurait presque pu croire au hasard. Lui, assis là, à respirer le temps qui passe. Elle, en pleine promenade, et qui soudain ressent le besoin de s’asseoir. Ses pieds. Ses pieds lui font mal. La faute à ses nouvelles sandales lui explique t-elle. Un vrai coup de foudre. Mais malheureusement, totalement inadaptées à sa morphologie. Heureusement que son banc était là, cette pause est divine et il sent qu’elle se détend, oubliant la douleur des ampoules prêtes à éclater, cachées là, en embuscade sous les lanières.
La vie est douce lui dit-elle. Quel charmant endroit … et cette boutique, à côté de chez vous, quel ravissement. Une merveille. Parce que voyez vous, j’aime les belles choses. Lui s’en doute bien, car elle a belle allure cette touriste, pas de première fraicheur c’est vrai, mais peut-il prétendre à mieux ? La première impression qu’il laisse n’est pas toujours à son avantage, il le sait, mais ensuite, il a des arguments, et très vite il passionne les femmes. Il sait s’entourer, c’est indéniable, c’est un collectionneur.
Elle l’a reconnu. Elle sait qu’il n’aime pas se défaire de ses meilleures pièces. Mais ces deux là, elle les aura.
Tranquillement, la conversation dévie. Oui, on dirait des reproductions mais non ce sont des originaux. Mais comment peut-il les exposer ainsi à la vue de tous ? Elle est outrée. Il explique que tout est art et qu’un chef-d’œuvre, aussi rare et fragile qu’il soit, doit être vu, utilisé à ses fins premières plutôt que d’être exposé dans un musée, où il perd de son essence.
Elle veut les sauver, elle ! Et propose un premier prix. Il refuse.
Elle n’en revient pas qu’ils soient là, sous ses yeux, et que n’importe quel quidam puisse les abimer, ignorant la valeur de ce qui se trouve là ! Et la pluie, misère, la pluie, a déjà dû largement détériorer ces merveilles … sans parler des chiens, ou plutôt de leurs crottes, accrochées aux chaussures des piétons. Elle en est presque révulsée ! Et propose un deuxième prix, qu’il ne peut refuser, même s’il est largement en dessous de ce qu’elle peut encore dépenser. Avec cet argent, il va pouvoir à nouveau écumer les salles de vente et les galeries d’art.
Enfin elle respire. Il ne l’a pas reconnue, la meilleure négociatrice du marché, travaillant pour les plus grandes fortunes et les plus célèbres fondations privées. C’est quand elle signe le chèque qu’il comprend son erreur et c’est un rien contrarié qu’il la voit partir avec les deux paillassons, pièces uniques et presque inconnues du grand public, réalisées par un immense artiste ; rarissimes, car après ces deux essais, il préféra se tourner vers la céramique. En effet, après sa période toute carrée qui avait perturbé beaucoup d’acheteurs, il ressentait le besoin de gagner à nouveau un peu d’argent.
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Le texte de Terjit :
Oscar et Marianne.
Il était marin comme son père et avait passé toute sa vie dans la petite maison où il était né, tout près de Marianne, la fille de la couturière.
Quand ils étaient enfants il étaient inséparables ces deux-là, et comme c’était de coutume à l’époque, les parents s’entendaient sur la future vie conjugale de leurs rejetons respectifs. Pour lui le certificat d’étude puis la pêche avec son père, pour elle l’école de couture et un jour la transmission du commerce. Tout était prévu : le mariage le lendemain de la majorité de Marianne, les grossesses à répétition et la vie de famille parfaitement traditionnelle.
Cette union programmée depuis l’enfance réjouissait les deux familles et ils étaient élevés comme un couple en miniature, dans cette idée inéluctable de faire leur vie ensemble. Les parents avaient même pris la peine d’installer leurs chambres de chaque côté du mur mitoyen et tous les soirs le rituel était immuable. Une prière pour se protéger mutuellement du malheur et un baiser sur la photo de Marianne posée sur le banc lors de leur habitude du matin : lui dedans, elle dehors, à se raconter leurs rêves de la nuit, ils avaient 6 ans quand le photographe les a surpris. Il faisait un court silence puis frappait trois petits coups secs sur le mur auxquels elle répondait immédiatement, pour se souhaiter bonne nuit. Tout était immuable, réglé, rassurant.
Avec l’arrivée de l’adolescence leurs jeux d’enfants se faisaient de moins en moins innocents, si bien qu’ils décuplaient l’envie d’être enfin adultes pour vivre leur amour si consciencieusement construit. La vie coulait normalement : Oscar partait à l’aube sur le chalutier avec son père pendant que Marianne reprisait avec amour ses vêtements usés.
Bien sûr les journaux parlaient de plus en plus de tous ces rapatriés qui arrivaient à Marseille mais personne ici ne se sentait concerné, jusqu’à ce matin de juin 1962 où un autocar s’arrêtait sur la place du village. Une dizaine de familles en descendaient avec pour tout bagage « une main devant, une main derrière » comme ils disaient eux-mêmes. Ils ne ressemblaient pas à la population Bretonne : ils avaient le teint cuivré par le soleil, les cheveux uniformément bruns et parlaient fort avec des expressions inconnues.
La mairie organisait leur hébergement à coup de réquisitions et la famille Benguigui s’installait de l’autre côté de la rue dans la maison de Germaine, morte quelques mois plus tôt. En guise de maison c’était plutôt un immense hangar à bestiaux avec une minuscule pièce de vie à un bout. Ils étaient quatre : les parents, Simon et Rachel, et leurs enfants, Sarah tout juste 15 ans et Gilles 21 ans passés.
Bien entendu ils éveillaient la curiosité, cela faisait bien longtemps que le dernier étranger aperçu ici ne venait pas de plus loin que Rennes, ou au pire Cherbourg. De leur côté il était difficile d’imaginer refaire leur vie ici, c’était tellement différent de Constantine, mais ils n’avaient pas le choix : l’Algérie était devenue indépendante. Et comme ils n’avaient rien d’adapté au climat, ils étaient obligés d’utiliser leurs maigres économies pour s’habiller chez les parents de Marianne.
Le premier à entrer dans la boutique était le père pour acheter un pantalon, un pull et un ciré pour les jours de pluie. C’est la mère de Marianne qui le recevait et ils en profitaient pour échanger quelques mots : pour le père c’était l’occasion de paraître souriant et aimable, pour la mère de Marianne de se renseigner sur ces gens en apparence civilisés mais tout de même très différents.
Le lendemain c’était au tour de Gilles de venir. Il poussait la porte d’un geste mal assuré, sursautait au « gling » de la clochette de l’entrée et restait comme pétrifié sur le seuil du magasin. Retranchée derrière son comptoir Marianne pouvait le voir de près pour la première fois. Ce qu’elle avait vu de lui au loin se confirmait à deux détails près : il était bien plus grand qu’elle ne le croyait et il avait des mains de pianiste. Elle était d’un coup aussi pétrifiée que lui et n’arrivait pas à articuler le moindre mot. Au prix d’un effort surhumain elle bredouillait un « bonjour » auquel une voix de baryton lui répondait un « Mademoiselle » aux accents de darbouka. Il n’était pas seulement beau, exotique et surprenant, il était pour Marianne l’incarnation de la virilité, un dieu de l’Olympe tombé du ciel par miracle. Quand il plantait son regard d’un noir insondable dans ses yeux bleus elle se consumait. Sa puissance était telle qu’elle savait qu’elle venait de tout perdre : son enfance, son avenir, ses parents et jusqu’à sa virginité. Mais sa décision était prise, inéluctable : il serait l’homme de sa vie.
Comme chaque soir Oscar frappait les trois petits coups secs sur le mur de sa chambre mais pour la première fois il n’y avait aucune réponse. Quelques instants plus tard il entendait des cris, des hurlements dans la maison de ses futurs beaux-parents, puis plus rien à part des sanglots de l’autre côté du mur. Il recommençait à frapper ses trois petits coups inlassablement, mais il n’y avait jamais aucune réponse.
Le lendemain matin il attendait dès l’aube devant le magasin. Marianne sortait une valise à la main totalement défaite par une nuit de calvaire. Oscar ne savait pas quoi dire alors elle se plantait devant lui et ne réussissait à dire dans un sanglot que ceci : « Gilles… je suis désolée » et elle traversait la rue vers la maison de Germaine. Dans un gémissement d’agonie Oscar appelait Marianne qui se retournait pour l’entendre dire « tu n’échapperas pas à mon amour ».
Le scandale était énorme dans le village, au point que la police devait garder jour et nuit la maison des Benguigui pour éviter le lynchage. Marianne était excommuniée le dimanche suivant l’affaire pour trahison envers la famille d’Oscar et parce que Gilles était juif. Poussés encore une fois à l’exil les Benguigui quittaient ce coin de Bretagne trois jours plus tard sous escorte.
Les années passaient dans le silence et la souffrance de chaque côté du mur : des parents avaient perdu leur unique fille, d’autres un avenir radieux pour leur fils et les deux familles leur honneur. Mais voilà, le temps avait fait son œuvre, les témoins du scandale étaient morts et ce vieux garçon discret que jamais personne n’avait vu accompagné était devenu transparent. C’est vrai qu’en apparence il n’a plus personne, mais la réalité est bien différente : il n’est jamais seul puisqu’il n’a jamais oublié son serment.
Depuis 50 ans il la trouve toujours aussi belle, les rides n’y changeront jamais rien.
Depuis 50 ans cette photo est devenue l’album de sa vie
Depuis 50 ans la photo vieillit avec eux, du moins c’est ce qu’il voit chaque soir en embrassant Marianne.
Depuis 50 ans il n’espère qu’une chose : être le premier à s’effacer de la photo.
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Les textes écrits sur d’autres blogs :
Je viendrai vous lire tous plus tard. Mais cette question me taraude à lire ton (?) texte Leiloona… mais qui est Robert?
Ah ah ah ! Robert est un agent secret !
Promis cette semaine j’essaie de lire’ tout le monde! À commencer par la « patronne », ce matin, café en main avant de partir retrouver mes monstres! Et sourire face à ce pied de nez au temps qui passe! Bien vu!!
Voui, hein, nous sommes tous des petits lapins d’Alice.
@Leil : hihihi, d’après nos discussions et tes petits mots de rentrée par ci par là je me doutais bien qu’il y aurait des clichés sur lesquels tu n’aurais pas le temps d’écrire cette année… mais ne pas écrire en écrivant, là t’es vraiment très forte !!! des bisous et belle semaine patronne 😉
Merci Miss ! 😀
Oui, c’est un concept écrire sur le fait de ne pas écrire. 🙂
@Valérie : une émouvante histoire de famille !
@Adèle : j’ai bien ri tout le long de ton texte et n’arrive toujours pas à déceler si Dino dit vrai 😉
@Manue : j’ai eu du mal à comprendre de quoi tu parlais mais la chute m’a sauvée 😉
@Miss Marple : bienvenue ! et bravo pour ce texte devinette ! Je n’aurais pas trouvé la réponse 😉
Ahaha leiloona ton texte était à la fois hilarant et surprenant. Hilarant car je me suis fait un film sur juste les initiales J.K + le Robert et j’ai pensé : Est ce un clin d’oeil à J.K.Rowling qui se fait aussi appelé Robert Galbraith ? Ouais mon cerveau a été loin je l’admets !
Ohhh je suis contente que tu aies trouvé cela ! Non non non tu ne t’es pas fait de film, c’est fait exprès ! 🙂
(Oui, moi aussi j’ai l’esprit tordu. 😛 )
Nady : très belle histoire dont j’ai goûté chaque épisode…
Ludo : c’est fou ce que vous réussissez toi et Nady à écrire sur cette image je suis bluffée.
Miss Marple: amusant d écrire sur le jeu de jambes je trouve…
Valérie : bouh comme c’est triste , mais la fin est jolie.
Adèle: bluffée là aussi par toute cette imagination… bravo !
Manue : ah ah il y a eu entourloupe !
ROoo merci pour ton retour Antigone 😉
@Alexandra : tres bonne idée et en plus tu as pour l’occasion complètement changer de style jouant le jeu à fond.bravo!
@Nady : un style différent cette semaine. J’ai beaucoup aimé ce passage : « Il parait qu’il y a des personnes qui nous font rire plus fort, qui rendent nos sourires plus vrais, nos larmes un peu moins douloureuses et nos vies tout simplement meilleures » très joliment écrit.
merci Valérie, cette citation n’est pas de moi mais semble n’être à personne alors je n’ai pas mis les guillemets 😉 oui moi aussi elle me parle 😉
@Ldo : une jolie histoire qu n’est quà ses débuts. Pas toujours facile d’avouer ses failles surtout à l’être aimé mais ton héros est bien tombé et l’un comme l’autre sortiront grandis de ce partage et de cet apprentissage.
Bonsoir,
Que de jolis textes … merci à vous tous pour cet agréable moment
Belle soirée
@Adele : quelle histoire! C’est amusant nombreux de vos personnages sont en train d’écrire un livre. Celui d’Elsa fera facilement concurrence à « L’amie prodigueuse »
@Manue : j’ai d’abord cru qu’elle voulait acheter le pot de lai et l’espece de bonhomme en métal devant le banc mais non…
Leiloona : ça alors tu serais donc à l’origine de l’un des auteurs les plus mondialement connu ! Mais quel talent !!
Nady : une bien jolie histoire qui ne nous dit pas si elle finira son roman à temps mais elle a visiblement trouvé quelque chose (plus ?) d’important. Et puis cette phrase « Il parait qu’il y a des personnes qui nous font rire plus fort, qui rendent nos sourires plus vrais, nos larmes un peu moins douloureuses et nos vies tout simplement meilleures… » comme elle est belle, et vraie ! Quel plaisir de te retrouver Nady 🙂
Oh L’ivresse, merci de ton retour qui me touche beaucoup. Moi aussi suis ravie de te retrouver. C’est « il » qui écrit 😉 oui, moi aussi ces mots résonnent en moi 😉 je les ai entendus d’un ami qui parlait de sa nouvelle petite amie et qui me disait qu’il les avait entendus de quelqu’un… bref, sans auteur connu, je n’ai pas mis de guillemet mais entre nous je souhaite être sincère et dire que ça ne vient pas de moi 😉 des bises virtuelles à toi et belle semaine,
Ludo : encore une très jolie histoire, naissante cette fois. Tellement pleine de douceur. J’aime bien les histoire d’amour naissante (mon côté sentimentale nunuche ahah) et puis je trouve Raymond extrêmement touchant. Bravo !
Miss Marple : bienvenue ! Bien trouvée cette idée d’écrire sur la posture de l’homme et cette devinette excellente. Bravo !
@Valérie : quelle est touchante cette histoire, triste mais avec malgré tout une jolie joie au final, une lumière au bout d’un tunnel. En effet, le père peut être fier 🙂
Adèle : l’inspiration est belle cette semaine. Il est cocasse ce récit en tout cas moi il m’a beaucoup fait sourire. Assurément le 5e tome de son roman lui vaudra un beau succès.
Manue : il s’est bien fait avoir ah ah. Ceci étant même d’un très célèbre artiste, vouloir acquérir des paillassons … enfin bon pourquoi pas 🙂
Nady: une jolie rencontre qui se joue sous les yeux de ta narratrice, même si j’ai été un peu dérouté par les histoires parallèles qui complètent le récit, (le père et la maison de la narratrice?!) l’essentiel étant ce deuil et le retour à la lumière de la rencontre.
Miss marple : une chute savoureuse! Bien vu!
Valérie : belle histoire de secret de famille qui prédestine une vie, fait des choix pour nous! J’aime beaucoup l’idée!
Merci pour ta lecture Ludo 😉 Tu sais quoi, je m’attendais à la réaction d’un écrivain ou écrivaine sur les histoires parallèles 😉 je l’avais parié avec ma garde rapprochée et ai gagné mon pari, youpiii 😉 disons que c’est ma façon à moi de planter le décor, de donner l’état d’esprit du narrateur (c’est un garçon qui écrit pas une nana 😉 , enfin j’espère ne pas avoir fait de faute avec mes participes passés, j’ai tenté d’y apporter une grande attention là dessus 😉 ). Je craignais en revanche que ça fasse un texte trop long… mais en parallèle je t’avoue que j’apprends aussi à la lecture des autres textes à éviter ces détours au lecteur et l’exemple du texte d’Antigone m’a bluffé dans la démonstration… mais je n’arrive pas encore à sa cheville dans son style… je m’y atèle tout de même 😉 Contente que tu aies pu retirer la substantifique moelle de ma prose 😉
Adèle, j’ai cru que tu avais craqué et que tu nous embarquais dans une histoire de tueurs cannibale… j’en ai eu froid dans le dos en me disant : non, elle n’a pas osé?! Et puis la chute est arrivée… bien joué!
Manue: l’art de mettre en exergue un détail de la photo auquel personne d’autre n’aura prêté attention! Joli, bravo!
@Leiloona : Oui d’accord avec Nady ! Une belle pirouette que tu nous livre là avec un texte qui m’a fait sourire tout en étant un tant soit peu énigmatique. Et merci de nous rassurer quant à ta présence la semaine présence !
@Nady : Un joli texte teinté de tristesse mais surtout d’espoir. Si les évènements de la vie nous font parfois toucher le fond, il y a aussi de belles rencontres qui nous permettent de rebondir et nous donnent envie de continuer… Merci Nady !
ça tu l’as dit ! à jeudi miss 😉
@Ludo : Une belle histoire d’amitié, bien construite et qui réchauffe le cœur. Merci Ludo pour ce moment de douceur.
@Miss Marple: J’aime le rythme « entraînant » de ton texte et l’idée originale de sa chute. Bien vu ! Et Bienvenue !
@Valérie : Une bien belle histoire de vie, avec ses joies ses peines et empreinte de cet amour filial qui donne des ailes et peut tout surmonter ! Un texte qui fait du bien ! Merci Valérie !
Merci à toi Jos. Ton retour fait du bien!
@Adèle : Ah quelle imagination Adèle ! Le suspense est présent tout au long de ton histoire, jusqu’à la fin, jusqu’à la chute et même au-delà…Qui nous dit que Dino dit vrai ? Bravo et merci Adèle pour ce moment de lecture agréable !
@Manue : Les paillassons…il fallait y penser ! Un texte étrange, avec une pointe d’humour et de cruauté. Tu réussi d’emblée à nous faire détester cette femme et à nous faire plaindre cet homme « assis là, à respirer le temps qui passe ». Bravo Manue !
J’en n’ai pas tout lu encore, mais les premiers textes lus sont très beaux. C’est impressionnant de voir ces détails qui divergent et concordent, entre les auteurs sur une même photo, l’expérience est vraiment enthousiasmante 😉
@l’ivresse.: texte tres amusant, tu m’as fait sourire et ça fait du bien.merci à toi. Par contte pas réussi à laisser de commentaired sur ton blog…
@la plume : je ne sais pas si c’est la fatigue ou quoi, mais je n’ai pas compris le lien entre ton texte et l’image. Désolée. …
Alexandra K : Berezina ou les coulisses de l’atelier d’écriture; Un grand merci à toi pour l’existence de cet atelier ! (je me permets une parenthèse il y a des textes trop longs à lire et je suis frustrée de voir déjà la photo de la semaine prochaine et de ne pas avoir eu le temps de lire en toute sérénité et honnêteté tous les textes, dommage !)
Nady : Bien sûr, il semble retrouver l’énergie et c’est un bon début
Ludo : le texte est bien rythmé et j’aime beaucoup l’idée du bruit du volet, sorte de tocsin
Miss Marple : ah ! ah ! ah ! je ne m’y attendais pas, et un poulet rôti pour le p’ti’dej !
Valérie : Quelle belle revanche sur la vie
Adèle : ah ! ah ! Brrr ! je ne suis pas à l’aise à la lecture de ce texte, et la dernière phrase m’a glacée, hi hi hi !!!!
Manue : moi aussi j’ai bien vu qu’ils étaient identiques les paillassons, ah ah ah !
@Ludo : une concordance entre nos textes au début, c’est drôle 😉 La fin de ton texte m’a rappelé un événement personnel qui m’avait troublé en le vivant… mais je ne suis pas arrivée à proposer ta conclusion pour plusieurs mauvaises raisons peut être (l’adulte devait non pas réapprendre à lire mais apprendre à lire, je n’ai pas les compétences pour cet apprentissage et surtout le temps nous manquait….) mais j’en garde un souvenir troublant d’avoir fait cette découverte, comme Jeanne… merci par ton texte d’avoir ravivé ce souvenir pour cette personne qui m’était très cher… et bravo pour cette belle histoire qui demande une suite…;-)
Bonjour
Pour les intéressés
Un noiveau blog pour une association qui fait ecrire
Avec un concours de nouvelles écrire au musée
Son premier prix : séjour d’écriture à Rome
A diffuser
Bonjour !
Hum, la moindre des politesses (selon moi) serait de se présenter ou de dire bonjour … là cela fait très pub avec lien etc. C’est dommage … Je retire donc le lien.
@Terjit : la routine, le déracinement et l’amour…. 3 thèmes que l’on retrouve souvent dans tes textes et là réunis en un seul que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire. Tu excelles en prose, mais ça je te l’ai déjà dit alors il faut que je trouve d’autres choses à écrire… Disons que la manière que tu as à décrire la routine est juste étouffante… pour moi tellement ça donne l’impression qu’on la vit en te lisant (ce qui est donc un compliment même si l’effet produit n’apporte pas sérénité, Zweig excelle aussi dans ce type d’écriture et j’adore le lire quand le moral est au beau fixe 😉 ). Tu m’avais déjà provoqué cet effet dans un autre texte… mais là l’arrivée de la famille vient mettre un côté improvisation, nouveauté (même si on comprend le thème du déracinement à travers tes mots) et la respiration se fait à nouveau calmement pour le lecteur qui vogue jusqu’à l’amour, thème que tu sais aussi si bien décrire… mais cette fois ci un amour empêché par les foutus règles de gens qui se croient « normaux » mais plein de préjugés… je ne m’étalerai pas là dessus, tu connais d’ailleurs mon ressenti et ce n’est pas le lieu, mais je résumerai ma lecture à un sentiment fort agréable de parcours de tes lignes ! merci de nous raconter admirablement bien dans cet atelier des histoires qui pourraient avoir un caractère universel !
ah oui j’oubliais, une belle idée d’écrire à partir de cette photo en la rajeunissant de près de 50 ans ! il fallait y penser ! 😉 congrats !
Merci Nady 🙂
@Terjit : un très beau texte,une histoire triste inscrite dans la grande Histoire à laquelle je ne peux qu’etre sensible car comme les Benguigui mes parents ont du quitter l’Algerie. J’aime beaucoup l’idée de la photo qui vieillit et la dernière phrase » il esperait être le premier à s’effacer de la photo » qui en ditlong sur ce qu’il vit depuis 50 ans. Merci à toi.
Merci Valérie de ce retour. C’est vrai que depuis 50 ans il a du en baver… mais la fidélité à son serment semble plus forte que la douleur.
Et la fuite de l’Algérie… Quel déchirement cela a dû être pour eux et tous les autres.omme n’importe quel exil à n’importe quelle époque Yextte universel
Mon clavier fait des truc étranges… comme à n’importe quelle époque d’ailleurs je voulais aiquerire…
@ Antigone : Belle decription d’un amour platonique, qui ne s’autorise pas à aller plus loin malgré l’envie certaine des amoureux. Pourquoi tant de retenues? Mystère.
@Terjit : Une triste et belle histoire que l’on vit en même temps qu’on la lit. Tout y est très bien décrit, des situations vécues aux sentiments ressentis. J’adore la chute et particulièrement la dernière et tout particulièrement la dernière phrase qui est poignante ! Un grand bravo Terjit (comme d’hab!). 😉
Merci Josplume, merci !!!
@Leiloona : Joli tour de passe-passe ! Tu as utilisé ton joker de l’année ! Mais tu t’en tires avec élégance.
NB 1 Souvenir d’une femme en imper, entourée de soldats de plomb
NB 2 Mon écrivain se prénomme Elsa …
@Nady : un texte fourre-tout qui fourmille d’idées. Et pour commencer, encore une écrivaine !
J’ai adoré la vision de Raymond sur sa chaise, grignotant l’espace qui le sépare de Jeanne.
Et les commentaires sur l’Amour est dans le pré, émission à la fois attendrissante et surréaliste !
En somme, tous ces petits détails qui font de notre quotidien une histoire extraordinaire.
Euh j’ai mélangé les prénoms de Ludo et l’Histoire de Nady ! Pardon à tous les deux 🙁
hihihi, tu es toute excusée 😉 tout le monde y a vu une écrivaine alors que me suis évertuée à faire concorder les participes passés pour que ça soit un écrivain… mais peu importe en fait ;-), merci pour ta lecture Adèle
@Ludo : Lire pour quelqu’un est une dimension supplémentaire ! Et quelle sensualité pour l’auditeur ! Ma sœur me dit tout le plaisir qu’elle a à écouter un livre par la voix d’un acteur.
Après, c’est l’émotion de cet homme amoureux, démuni devant la femme-lectrice. Lui en a t-il fallu du courage pour affronter cette infamie !
Tu fais quoi comme métier ? 😉
.
@Miss Marple : amusée d’apprendre qu’il y avait des sumo en retraite en Normandie.
Plus sérieusement, qui imagine en voyant nos très vieux qu’ils ont été jeunes et ont eu bien des vies ? Souvent les adultes les voient comme d’une autre espèce, alors que nous sommes tous … humains !
Joli message.
NB (je travaille en EHPAD) hier est arrivé un monsieur de 94 ans, ancien guide de haute montagne, comme son père et son grand-père; je me régale à écouter toutes ces vieilles personnes, c’est ce qui fait le sel de mon métier
@Valérie : mais c’est le canevas d’un roman, ton histoire !
Elle m’a évoqué plein de choses, ma grande-tante qui tenait une mercerie … rue Mercière, mes années couture, ma grand-mère et son fils écrasé à 2 ans par une voiture à chevaux.
J’ai souri, j’ai pleuré, j’ai séché mes larmes.
Et j’ai adoré cette expression, tellement juste : « sa bouée pour ne pas se noyer. » (perso j’utilisais « soupape de sécurité »)
Très touchée par ton retour Adèle. Merci
@Manue : quelle malice dans ton texte ! Tu ménages tes effets, tu es la reine du suspens et de l’entourloupe ! J’ai bien ri et j’ai évidemment du revenir sur la photo. C’est léger, c’est malin et plein de finesse. Le jeu du chat et de la souris.
@Terjit : ton texte commence comme une sympathique bluette ( plus c’est cucul, plus je fonds), j’ai cru ensuite à un récit plein d’espoir, sur l’ouverture aux autres (j’aurais bien marié Oscar à Sarah) et voilà que tu me déchires le coeur, que tu brises celui d’Oscar et sa vie entière.
Marianne, symbole de la liberté !
NB quelle merveilleuse expression : »être le premier à s’effacer de la photo »
Désolé de t’avoir brisé le coeur en même temps que celui d’Oscar 🙂
Nady : Oh une certaine « violence » dans ton personnage au début du texte, étonnant ! 😮 (Elle a des comptes à régler en tout cas ouch …) J’aime la fin, cette rencontre entre deux personnes, espérons que par ricochets elle s’apaise un peu. 🙂 )
Sinon j’ai souri avec ton héroïne qui écrivait. 😉
Merci ma belle ! tu as tout compris de mes détours dans ce texte ! Thanks god !!! 😉 c’est ce que j’ai recherché aussi à transmettre, son apaisement après une telle rencontre 😉 ce qui se ressentira sur son livre 😉 .
Je comprends pourquoi tu as souri 😉 et c’est pour cela que j’ai mis un héros en tant qu’écrivain 😉
Ludo : Des personnages qui pourraient s’épanouir dans un roman, tiens … Je dis ça, je dis rien. Mais je trouve qu’ils collent bien à ton style d’histoire ! 😉 (Je les trouves touchants et ce que tu écris sur le ressenti d’une lecture est émouvant.)
Miss Marple : Bienvenue par ici ! Votre texte est rigolo, après effectivement on ne voit plus que ses jambes ! 🙂 On sent le plaisir lors de l’écriture, il s’est transmis à travers les mots.
Valérie : Eh bien c’est tout un pan d’une vie que tu nous racontes là en peu de paragraphes ! Le ton est donné, l’écritue est fluide, les personnages attachants. On les visualise bien. 🙂 Joli texte avec des petits clins d’oeil, de la tristesse et du rebond … la vie. 🙂
Merci pour ces doux mots qui m’encouragent.
Adèle : Mouhahaha, punaise encore une fois c’est excellent, mais dans un tout autre registre que la dernière fois, si ce n’est qu’on retrouve là encore de la cruauté (mais j’aime ta façon de la traiter.)
Manue : Eh bien toi aussi une certaine forme de cruauté, ou de la fourberie plutôt, comme le dit Adèle, oui, le jeu du chat et de la souris : qui entourloupe qui ?
Z’avez croqué des personnages finement les filles, chapeau.
Terjit : La dernière phrase est le point d’orgue à la détresse … S’effacer de la photo. Vaine demande … :/ Pas mal de mélange de tons dans ton texte, mais je retiens surtout la fin, plus forte que le reste.
Je suis d’accord avec toi, je ne suis pas très satisfait de ce texte et surtout de ce mélange de tons…
@ Leiloona : j’adore les pirouettes et celle-là je ne l’ai pas vu arriver ! Tu as grillé ta cartouche de l’année, plus le droit maintenant, un texte chaque lundi 🙂
@ Nady : un texte très différent de ce que tu publies d’habitude, bravo ! J’ai beaucoup aimé toutes ces petites touches de légèreté retrouvée malgré le contexte pesant de son veuvage. Et la référence à l’amour est dans le pré m’a bien fait rire (ce sont de vrais personnages de l’émission ?). Bien, très bien ce texte !!!
ROoo merci pour ton retour. L’écriture devient exercice pour moi dans ce style et je t’assure que j’ai rayé beaucoup de lignes pour que ça ne devienne pas roman illimité… 😉 alors que d’habitude je ne prends que du plaisir à slamer et rimer… mais il me faut sortir de ma zone de confort pour ne pas lasser les autres et m’essayer à d’autres cordes de mon arc pour me challenger 😉 et pour répondre à ta question, devine 😉
@ Ludo : je me suis laissé emporter en deux phrases, quelle qualité d’écriture pour décrire le moindre petit détail qui fait qu’on est avec eux. Et puis la chute pleine de tendresse et d’amour… J’adore ce texte, tout simplement ! Merci pour ce moment 😉
@ Miss Marple : le sumo exilé en Bretagne, quelle idée !!!! J’ai beaucoup aimé, merci !