L’éveilleur de l’hydre (atelier d’écriture)

© Vincent Héquet

De loin, cela ressemblait à une plaisanterie. Là, sur les rives du Dniepr que tout le monde admirait flottait l’équivalent d’une machine à laver dont on aurait oublié la lingette anti décoloration. Pavel, Milan et moi descendîmes alors à pas menus vers cet arbre qui défrayait le paysage. Et effectivement nous ne regardions plus le panorama, happés par les bouts de tissus chantant au vent.

Nos rires devaient résonner sur les montagnes environnantes, tandis que nous chuchotions :

– Avec ton bonnet A tu ne risques pas de trouver ton bonheur ici.

– Tu crois que je vais enfin percer à jour le mystère des chaussettes disparues ?

– Tu prendras le foulard rose, je te bâillonnerais bien, tiens, ce soir.

Arrivés en bas, une pancarte nous fit taire. Sur cet arbre flottaient en réalité les loques de personnes malades en quête de guérison. Les objets se firent symboles. La croyance datait du moyen âge, alors que la peste sévissait toujours dans la région. Le village se mourait, l’espoir était infime.

-Qui en sortirait vivant ? chuchotaient les bouches édentées.

Et puis un soir, cet ancien chêne prit feu. « Com-bus-tion ins-tan-ta-née », ânonna Milan en me demandant ce que cela signifiait.

A cet endroit, le fléau avait pris fin non sans avoir une dernière fois brûlé chacune des branches de ses pestilences. Le lendemain, les bubons avaient disparu, le village était sauvé. On glorifia l’arbre : il avait donné sa sève en échange de la vie des hommes. Comment ? Les mystères de la nature ne doivent pas être dévoilés.

Nous nous assîmes alors tous les trois, hypnotisés par cette étonnante croyance païenne. Chaque personne accrochait à l’arbre le vêtement d’un malade. S’il était sincère, la guérison viendrait. Le rite perdurait et traversait les siècles avec la même élégance rocambolesque.

Tout à nos réflexions, nous ne vîmes pas arriver une petite vieille courbée par le poids des ans. Ses dents en or brillèrent dans l’obscurité comme des yeux de chat lorsqu’elle nous salua. Elle sortit religieusement de sa poche un mouchoir, qu’elle mit ensuite sur le pommeau de sa canne. Elle déposa alors cette étrange offrande sur la plus haute des branches.

Pour qui, pourquoi venait-elle ? Nous ne le sûmes jamais, elle s’évapora en passant derrière l’arbre.

La voix enfantine de Milan résonna alors dans le noir. Nous ne pûmes que réprimer un frisson d’évidence :

« Cet arbre est comme un livre. Combien d’histoires volent devant nous ? Combien de vies cet arbre mort porte-t-il toujours en lui ? Combien de secrets attendent d’être racontés ? »

C’est alors que je sortis mon carnet lie de vin et commençai à écrire ma première histoire. D’autres suivraient, toujours animées par ce feu catalyseur. Mais en son milieu brûlerait toujours l’épicentre de cette soirée de décembre, là où tout avait commencé.

© Alexandra K. Le 03.09.2017

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Le texte d’Iza :
C’est cet arbre qui avait donné à Ella l’idée de la baignade. Un arbre nu, malgré des lambeaux, des loques non identifiées, accrochés à ses branches, fait de bric et de broc. Comme si un kelpie y avait suspendu ses trophées. L’endroit désert comblait ses envies de solitude et l’eau éveillait son désir de fusionner avec le grand Tout.
Ella quitta le sentier de randonnée, déposa son sac à dos sur la berge et jeta un regard inquiet mais excité aux alentours. Elle n’osait s’avouer que malgré sa pudeur, elle souhaitait ardemment être surprise, voire épiée. Elle retira ses grosses chaussures de randonnée, déboutonna son short et le fit glisser, lestement et lentement, culotte comprise, le long de ses jambes. Ses fesses fermes et musclées frissonnèrent de plaisir d’être pour la première fois ainsi exposées à la sauvagerie d’un paysage et au vent écossais de mai. Le t-shirt et le soutien-gorge prirent le même chemin. Ella déposa ses affaires au pied de l’arbre, comme une offrande, se disant que mêlées à ce qui y pendait, elles attireraient moins une éventuelle convoitise.
Ella pénétra dans l’eau et aussitôt le froid du loch saisit ses pieds et ses chevilles, les enfermant dans une gangue glaciale. La jeune fille eut l’impression de devenir sirène, les jambes prises dans un étau d’insensibilité. Un seul remède à cette métamorphose : plonger et croire au merveilleux. Un choc à couper le souffle… Elle crut que son cœur cesserait de battre. Mais du fin fond de son cerveau reptilien surgit une image, un tableau cher à son âme « Eaux mouvantes » de Klimt et ses naïades aux corps livrés aux flots. Ella se recroquevilla dans l’eau, essayant de ramener un semblant de chaleur dans son corps froid et glissant comme celui d’une anguille, puis banda tous ses muscles et se raidit sur le dos, se laissant porter par l’onde. Une odeur tourbeuse, de pourriture végétale l’envahit. Sa peau se contractait sous le froid, ses seins se tendaient, ses tétons pointaient comme sous la langue hardie d’un amant enfiévré. Des algues lui enserraient les poignets, telles des mains brutales mais douces. Une autre végétation, plus abyssale, venait doucement lui caresser l’entrejambe, provoquant de délicats effleurements qui lui électrifiaient le bas des reins. Ella sentait la vie grouiller autour d’elle, comme une pluie d’or la fécondant. De petits poissons malicieux sans faire exprès venaient jouer dans le discret buisson de son bas-ventre. Pour la toute première fois de sa vie de femme, Ella se laissa aller. Et alors qu’elle baignait dans un cosmos froid et liquide, à la limite de la viscosité, elle ressentit une profonde secousse de chaleur intense dans ses entrailles et émit dans l’eau glacée la sève brûlante de son plaisir ultime.

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Le texte de Nady :

 Qui saura m’aimer sans m’adorer ici bas ?
Celles là, qui chaque année, viennent pomper, en enlaçant mon tronc, toute l’énergie de la sève qui coule en moi ?
Qui verra ma fragilité, bien que planté là sur des racines profondes et solides, seul, au milieu de cet endroit végétal sec ?
Ceux là ? Ces touristes arrivés par car pour un pèlerinage suspect ?
Qui se verra offrir la beauté et protection de mon feuillage épais chaque été ?
Ces animaux là, plus affamés que d’ordinaire sur des sols asséchés et ayant pour seul réflexe de venir, le long de mon tronc, pisser ? A d’autres époques c’était plus gai ! C’était des amants qui venaient chercher un peu de fraîcheur dans la chaleur de leurs ébats agités et qui finissaient par s’adosser le long de moi pour une sieste bien méritée !
A qui sacrifierai je le reste de ma présence sur cette Terre alors que beaucoup de mes confrères s’en sont allés ?
A ceux là qui n’arrêtent pas de se plaindre et devant moi pleurer ?

Un vent de force 5 est passé par là il y a quelques années,
Arrachant tout sur son passage et aidant un début d’incendie à se propager…
Je suis l’unique survivant de tout ce massacre qui, de plus est, criminel, s’est avéré !
La vie m’a épargné,
Mais quelle souffrance de voir tout brûler et maintenant asséché !
Bon, il me reste la vue de ce lac, et en temps clair je le vois là bas au loin, dans l’océan se jeter…
Depuis quelque temps, j’ai même remarqué que le niveau de l’eau avait monté…
Où va donc le monde en cette période agitée ?
Tout fout le camp et je voudrais juste qu’on me foute la paix !
Sous prétexte que je sois l’unique arbre ayant été sauvé
Par une nature affolée,
L’Humanité n’a rien trouvé de mieux que de venir m’idolâtrer !
Il ne se passe pas une saison sans sa foule de gens apeurés
Par un avenir de plus en plus bouché,
Qui ne vienne jusqu’ici me trouver
Et de foulards m’enrubanner !
J’étouffe, je me meurs de leurs pleurs, jérémiades et supplications sans fin !
Mais ils n’entendent rien,
Et continuent à se plaindre et à espérer enfin
Que leurs souhaits arriveront à leurs fins !
Ceux de continuer à vivre dans un petit confort personnel et serein,
Se foutant éperdument du bien être de leurs voisins…

Bien sûr, je vous mentirai si je vous disais que je ne voulais pas d’amour…
Qui peut s’enorgueillir de ne pas apprécier le doux regard de l’être aimé posé sur soi chaque jour ?
Qui se croit assez fort pour traverser cette vie sans besoin d’être aimé ?
Qui peut se permettre de crier qu’il n’a pas envie d’être touché, enlacé, embrassé ?
Mais combien d’êtres confondent amour et idolâtrie ?
Combien attendent d’être sauvés ou reconnus par l’autre dans la flagornerie ?
Combien savent recevoir et ne jamais donner durant toute une vie ?

Au rythme où est l’état de mes racines, sur cette terre, bien ancrées,
je pense que j’ai encore beaucoup d’années,
Pour tout cela méditer…

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Le texte de Manue :

La voyageuse en était presque au bout de son périple lorsqu’elle découvrit ce drôle de petit arbre au feuillage surprenant.
Depuis la veille, avant dernier jour de son trek dans les montagnes himalayennes, elle allait de surprise en émerveillement. Son premier choc avait été d’imaginer la vie sur le versant en face de celui où elle se trouvait, elle pouvait presque toucher du doigt la spiritualité qui émanait de ces pentes abruptes. Le Tibet et ses moines, sur chaque sommet c’est un vent divin qui soufflait, empreint d’humanisme et de sagesse, de pauvreté et de persécutions aussi. L’air était pourtant différent ici, il emplissait son cœur, la rendait meilleure, elle en était sûre, et changeait à tout jamais son âme d’occidentale. Et ce n’est pas sa prochaine rencontre qui allait la faire changer d’avis. Le guide avait décidé de faire une pause au cours de leur descente et, ayant posé leurs sacs qu’ils n’en pouvaient plus de porter, ils étaient en train de manger quelques fruits secs se demandant quand même pourquoi les chemins étaient si sinueux et étroits, incapables accueillir un bon vieux 4×4, symbole ultime de l’aventurier des temps modernes. Soit … leur voyage était à ce prix, de la sueur et de l’authenticité, ils avaient signé pour revenir changés. Ils en eurent donc pour leur argent quand une habitante du coin, octogénaire de surcroit, arriva fraiche comme une rose alors qu’elle montait depuis l’aube pour rejoindre un village plus haut, invitée au mariage de la petite fille d’une cousine. Il faudrait que son entraineur à la salle de sport s’inspire des techniques d’endurance népalaises, à n’en pas douter, elles étaient bien meilleures que celles inculquées par Véronique et Davina. La vieille, ridée de partout, avait le sourire de celles qui ont vécu les pires épreuves et qui pourtant étaient capables de rire d’un rien ou de s’émerveiller du vol d’une libellule ; un monument de sagesse, qui s’en retourna vers son destin sans même accepter une gorgée d’eau de leur part.
Bref, la voyageuse était sur son petit nuage quand, presque arrivée au dernier lodge du programme, son regard tomba sur un arbuste couvert de tissu, des culottes, des caleçons en lambeaux, des vieilles chaussettes, … Une merveille se dit-elle ! Elle se trouvait devant le moyen rudimentaire et tellement authentique que les népalais utilisaient pour faire sécher leur linge. Quelle civilisation pensa t-elle … n’utiliser que la nature pour vivre, sans rien rajouter. Pas de haute technologie. Aucune des facilités offertes par la modernité aux femmes occidentales. Une vie libre. Elle en tomba presque à genoux, le choc ultime. Un profond bouleversement lui broyait les entrailles.
Elle ne vit pas Shirisha, népalaise de son état, sourire derrière sa fenêtre. La voyageuse n’était que 144ème pseudo aventurière à rester ainsi en sidération devant son arbre. Elle en avait vraiment ras le bol que son mari Krishna ne mette pas son linge dans la corbeille destinée aux vêtements sales et c’est pourquoi elle jetait depuis des années ses effets sur le premier arbre venu. Elle avait rapidement compris l’argent qu’elle pouvait tirer de la fascination occidentale pour son linge sale ainsi exposé aux quatre vents et, grâce à son portable dernier cri et la puissante liaison satellite qui la reliait au reste du monde, elle venait de fixer avec son galeriste new yorkais les dates de sa prochaine exposition photo. L’authenticité avait le vent en poupe et elle n’avait pas de prix.

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Le texte de Ludovic :
CLAC!
La portière de la voiture claque, elle ferme les yeux et profite du silence feutré de l’habitacle. Elle en a besoin, quelques longues secondes sans un bruit, sans un cri, sans une question, sans une plainte…
Elle démarre finalement le moteur mais coupe immédiatement la radio qui braille son lot de mauvaises nouvelles et d’interviews sur la rentrée scolaire… elle n’a pas besoin d’entendre ces profs, ces parents et ces enfants raconter leur première journée, elle vient de la vivre. Et quelle journée!
Un de ces jours au cours duquel rien ne fonctionne comme prévu. Sur le chemin du retour elle visionne le film de sa journée, analyse, réfléchit, se questionne, s’interroge, se remet en question… Elle se demande même si elle est encore faite pour être prof. C’est comme ça à chaque rentrée.
Elle se gare après avoir tourné quinze minutes pour trouver une place, coupe le contact, regarde l’heure. Il lui reste beaucoup de travail pour que demain ne ressemble pas à aujourd’hui, elle va dîner d’un bout de pizza froide avalé devant l’ordinateur, seule. Max n’a pas pu la suivre ici, pour son premier poste, si loin de chez eux. Elle loue une petite chambre au cinquième étage, le minimum pour manger et dormir, travailler aussi, avant de retrouver chaque weekend sa maison douillette.
Elle pousse la lourde porte cochère de l’immeuble, pose ses trois sacs surchargés de manuels et cahiers et ouvre sa boîte aux lettres.
Une petite carte postale l’y attend :
Salut Manu,
L’Irlande c’est beau, le temps est top! À plus!

Une unique carte, qui n’est même pas pour elle, une erreur du facteur. Elle sent sa gorge se serrer, elle avale difficilement sa salive, jette la carte sur le dessus d’un des sacs, les saisit et grimaçant sous le poids au bout des bras, elle entreprend la montée des cinq étages.

Arrivée là-haut, elle ressort la carte, la retourne et en voit alors la photo. Un lac, des montagnes et au premier plan, un drôle d’arbre sur lequel sont accrochés des vêtements, foulards, chaussettes, chapeau. Elle s’interroge, retourne à nouveau la carte, le texte n’en dit rien. Mais elle déchiffre les petites lignes imprimées sur le bord du cadre :
L’arbre des vêtements orphelins.
Voilà qui ferait un beau projet pour sa classe!
Le sourire lui revient en même temps que les tonnes d’idées qui fusent déjà dans sa tête pour mettre en œuvre un projet écolo-poétique autour d’un arbre d’objets perdus!
Elle pense à toute vitesse, planifie, visualise, imagine déjà et allume l’ordinateur afin de mettre en mot le projet, le moral retrouvé.

Bref, c’est la rentrée!

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Le texte d’Adèle :L’arbre des forfaitures
Accroupi sur la rive herbeuse du lac, il ramassait machinalement les petits cailloux à portée de sa main et les lançait dans l’eau avec rage, n’importe comment, avec un mouvement sec du poignet qui ruinait tout espoir de précision.
C’était un homme en colère. Jeanne était partie, sans prévenir, comme ça, sans sac ni valise, les mains vides, n’emportant que les vêtements qu’elle portait sur elle. Même pas sa montre, même pas un sac à main, ni ce fin bracelet vert qu’elle aimait tant, et qu’il lui avait offert, au retour de ce premier voyage sans elle, ce déplacement professionnel en Thaïlande.
Ce matin, l’avion d’Auckland avait atterri vers six heures, et il avait aussitôt pris le train pour rentrer. Il était impatient de la retrouver, après ces deux mois passer à installer une usine à l’autre bout du monde. Ses absences, c’était la rançon de ses responsabilités. Par SMS, pour ne pas la réveiller vu l’heure matinale, il lui avait communiqué l’heure prévue d’arrivée. Elle ne l’attendait pas sur le quai et cela l’avait contrarié. Il avait trouvé un taxi, non sans mal. Dans ces petites villes de province, trouver un taxi à la gare est toujours un challenge, incompréhensible aux voyageurs pressés.
Il avait gravi en vitesse les deux marches du perron, la porte était fermée à clé.
« Chérie, je suis rentré ! », appela t’il avec force au pied de l’escalier.
« Jeanne, je suis là ! Tu es où ? ». Impatient, vaguement inquiet, il laissa sa valise à roulettes dans l’entrée. Le cadeau pour sa femme était à l’intérieur. Puisqu’elle le faisait languir, le cadeau aussi pouvait attendre. Il grimpa l’escalier lourdement. Douze heures de décalage à encaisser, quelques kilos en trop, ses cinquante ans lui pesaient.
Dans la chambre, personne, mais il avait trouvé le bracelet thaïlandais sur la table de chevet, celui qu’elle ne quittait jamais, même pour dormir, et à côté, un mot : « Je pars ». Incrédule, il sentit l’énervement le gagner.
Départ avec préméditation, son cas s’aggravait. Il avait eu un geste violent qui avait projeté à terre la lampe de chevet. Le pied en grès s’était brisé sous le choc, et il avait secoué la tête, incrédule. Elle l’avait tant de fois menacé. C’était devenu presque un rituel, à chacun de ses retours. Elle défaisait sa valise, en passait le contenu aux rayons X de ses yeux amoureux, reniflait les odeurs, traquait les moindres indices, quelques cheveux blonds sur sa brosse, des préservatifs oubliés dans une poche, et même, une fois, un slip féminin dans la doublure du sac. Elle trouvait toujours, sinon elle inventait, elle devinait. Elle le connaissait tellement bien, après tant d’années, tant de voyages.
Elle se mettait alors à hurler, le frappait parfois, par petits coups saccadés dans le haut de l’épaule ou du thorax, sans force, entre deux sanglots. Il la laissait s’épuiser, la prenait dans ses bras, la câlinait comme un enfant, lui caressait les cheveux, promettait, sortait de sa poche un petit paquet.
« Là-bas, j’ai pensé tout le temps à toi, pas une minute je ne t’ai oubliée. Ma chérie, être séparé de toi est une violence insupportable. Comment veux-tu que je survive sans toi, tu sais que dans chaque femme c’est toi que j’aime, tu es celle dont je ne peux pas me passer, tu es l’unique».
Toujours il promettait, chaque fois elle le croyait.
Avec les années, c’était devenu plus simple. Elle faisait un peu la gueule, il lui donnait le cadeau, ils allaient diner dans leur restaurant préféré, ils rentraient, pas trop tard, il était fatigué. Et puis voila, la vie à deux reprenait son cours.
Mais aujourd’hui, il se sentait trahi, elle avait rompu le pacte, alors que lui avait respecté le contrat tacite. Il s’était appliqué à n’avoir aucune maitresse attitrée, aucune liaison sérieuse, que quelques actes sexuels sans importance, juste pour se détendre, jamais de sentiments, c’était, si on veut bien, un genre de gymnastique d’entretien. Et voilà qu’elle l’envoyait au tapis.
A la recherche de Jeanne, il s’était résigné à appeler l’amie de cœur, la confidente. Une amie qu’il n’appréciait pas, il avait toujours senti son hostilité larvée. Elle lui avait dit de l’attendre près du lac, juste après le parking, il y avait un arbre, il ne pouvait pas se tromper.
En effet. L’arbre était laid. Rabougri, tortueux, ses feuilles étaient clairsemées, le tronc malingre. De près, il lui faisait penser à un dépotoir. Toutes sortes de déchets pendaient à ses branches, des bouts de tissus élimés, une savate, des fleurs en plastique. Immonde ! Il préférait regarder la surface du lac, et comme l’attente était pénible, il jetait des cailloux dans l’eau.
L’amie était venue, elle avait parlé.
« Vois-tu, Paul, chaque fois que tu as trompé Jeanne, c’est au pied de cet arbre qu’elle est venue pleurer. C’est là qu’elle venait chercher la force de continuer, les premières années parce qu’elle t’aimait plus que tout, les suivantes parce qu’elle voulait offrir à ses enfants une enfance en famille. Les dernières années, elle ne savait plus trop pourquoi elle venait encore ici. Je crois qu’elle gardait l’espoir que tu changes un jour, que tu deviennes l’homme qu’elle avait cru voir derrière le coureur de jupons. A chaque duperie, à chaque trahison, elle accrochait à l’arbre quelque chose de toi, de tes infamies ».
Il regardait l’arbre et il reconnaissait cette écharpe de soie rose, cadeau d’une danseuse russe, se souvenait-il, cette tong brésilienne rapportée de Rio, et même la culotte de la petite idiote de Manille. L’ignoble peluche verte était un souvenir d’une japonaise, le foulard fleuri, il l’avait cueilli au cou d’une étudiante de Budapest ou de Pragues, il ne savait plus. Il y en avait eu tant et tant. Il leva les yeux vers l’arbre.
Tant que cela ? Tant de conquêtes, tant de plaisirs ? Tant d’aventures, tant de forfaitures ?
L’arbre était laid, et il était à son image.
La colère laissait place à un sentiment inconnu.
Asphyxié, étranglé, alourdi, l’arbre était en train de crever, et l’homme aussi, du chagrin de la savoir partie.
Sur l’arbre ne manquait que le bracelet vert. Il le sortit de sa poche, l’enroula avec maladresse autour d’un rameau desséché. Il recula de quelques pas, tira de sa poche son smartphone, centra la photo sur cette branche, appuya sur le déclencheur, vérifia le résultat, rangea le téléphone. La preuve de sa défaite en poche, il fit demi-tour et repartit sans avoir dit un mot.
Ah si, l’amie m’a dit avoir entendu un mot. « Pardon ».

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Le texte de Valérie :
Aujourd’hui, alors que pour changer la pluie me bloquait à la maison, j’ai décidé de me plonger dans mes albums photos. J’ai souri en revoyant les enfants, petits, avec leur bouille à croquer. J’ai été émue devant leur complicité. J’ai eu les larmes aux yeux en revoyant en photos des personnes parties trop tôt ou que le temps a éloignées. J’ai réalisé que la vie était faite d’instants précieux trop vite oubliés alors qu’on se focalise sur des banalités, des contrariétés…
J’ai voyagé aussi, dans notre beau pays mais aussi en Espagne, en Italie, au Maroc, au Portugal, en Grèce et en Irlande, d’où j’ai pris cette photo. L’Irlande, un pays intemporel, réservant de nombreuses surprises toutes aussi agréables les unes que les autres : ses paysages fabuleux, sa faune, sa flore, ses habitants adorables, ses légendes, ses pubs et même son climat.
Ce jour-là, nous avions posé la voiture près d’un port et étions partis marcher le long de la côte. De loin, on voyait une tache multicolore sans bien comprendre ce que cela pouvait être. Devant, notre perplexité restait intacte. Toutes sortes d’objets étaient posées, accrochées, nouées dans cet arbre. Une œuvre d’art moderne ? Un arbre recueil ou porte bonheur ? Un porte-objets-perdus ? Je ne comprenais pas. Quel objet avait-il bien pu être accroché le premier ? La chaussette ? Le doudou ? Le foulard ? La tong ? Peut-être qu’au départ, une personne avait juste par mégarde laissé tomber l’un d’eux et que quelqu’un l’ayant trouvé avait pensé que l’accrocher dans l’arbre aiderait la personne à le retrouver. Mais après ? Si ce n’était l’idée un peu loufoque d’un artiste, comment expliquer que tant de personnes aient décidé de laisser à leur tour un objet sur cet arbre ? J’avais beau essayé de trouver un lien entre ces objets, je n’en voyais pas. Quelles motivations avaient bien pu guider les gens ? Le besoin viscéral de laisser une trace de soi dans ce lieu magnifique, n’importe quelle trace juste pour montrer qu’on existe et qu’on y est venu. Ou l’espoir peut-être, comme lorsqu’on jette une pièce dans une fontaine en faisant un vœu. Ou bien la peur de ce qu’il pourrait leur arriver s’ils ne le faisaient pas. Ou encore cette manie de faire comme les autres, tels les moutons dans les champs alentours.
Devant tant d’interrogations, je me contentai de prendre une photo, d’autant que ce jour-là, seule ma petite culotte était colorée et aurait eu, à mes yeux, sa place dans l’arbre…

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Le texte de Terjit :

Sur cette terre où le vent ne fait que torturer,
Dans cette zone inculte dévastée par les embruns,
Désertée de tous, même du plus téméraire des marins,
Quelques âmes perdues osent encore s’aventurer.

Corps brisés par des secousses trop fortes.
Solitaires aux jambes solides mais au regard fané,
Ou éconduits venant pleurer leurs amours profanées.
Chacun a ses raisons de venir jusqu’à mes branches mortes.

Certains accrochent un symbole qu’ils veulent éternel
D’autres font un geste qu’ils pensent fraternel
Mais tous y déposent le dernier acte d’une vie brisée.

De l’humanité je ne vois que les souffrances et les pleurs,
Sur mon promontoire jamais personne ne dépose de fleur.
Mon corps décharné est le dernier allié des âmes martyrisées.

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Les textes publiés sur d’autres blogs, écrits à partir de la même photo :

Leiloona

Museo geek l’hiver, sirène l’été.
Je lis et j’écris durant les 4 saisons.
J’aime le bon vin et les fromages affinés.

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103 commentaires

  1. Chouette c’est la rentrée ! La plus importante, celle de l’atelier de Leiloona.

    Je survole les textes devant ma tasse de café et déjà surgit une evidence : que de fantaisies, que de talents ! Que de plaisir à lire la production de vos esprits féconds et de vos plumes gracieuses !

    Que j’aime cet atelier et que j’aime celle qui nous y accueille ! Mille mercis à toutes et tous et des millions à Leiloona ! Des baisers !

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  2. Eh bien, que de monde et de plumes qui me sont inconnues 🙂
    Je reviens vous picorer dans la semaine. Là, c’est la rentrée 🙂

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  3. C’est assez marrant comme il y a des éléments qui reviennent dans chaque texte : l’aspect randonnée, l’idée d’espoir…
    Le texte de Manue m’a bien fait sourire ! Et j’aime beaucoup celui d’Adèle, il est inattendu, pour moi…
    Je continue ma lecture !

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  4. Créativité et émotion : je n’ai pas tout lu – je reviens vite. Suis honorée de ces belles lectures

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    1. J’espère que tu as aimé participer pour cette nouvelle rentrée ! On te retrouve la semaine prochaine ? 😉

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  5. Comme cela fait du bien de vous retrouver!
    Alexandra, ton texte est à la fois touchant et drôle, on a envie de croire à ton idée. Bravo!

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  6. @Iza : Whaou! un super texte de rentrée, plein de sensualité. ça promet!
    @Nady : L’arbre qui s’interroge, qui médite. Comme on te retrouve dans ce texte fort qui au détours d’une phrase dénonce telle ou telle attitude, tel ou tel travers de notre société. J’adore.
    @Manue : une texte très amusant, un peu éloigné du ton que je te connais, mais ça te va bien. Bravo.
    @Ludo : On retrouve dans ton texte l’esprit du prof toujours à l’affût de l’idée qui fera « tilt » et sera à l’origine d’un projet péda sympa. Bonne rentrée à ton héroïne et à tous les profs.
    @Adèle : L’homme est mis face à ses trahisons d’une bien belle manière. Elle a bien fait de partir enfin.
    @Terjit : Un poème puissant pour cette rentrée, bravo.

    Quel plaisir de vous relire! Merci à Alexandra.

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    1. Merci pour ton retour de lecture miss. ça m’a fait drôle de faire penser un arbre 😉

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  7. Hello à tous et à toutes,
    Comme il est bon de vous retrouver le lundi ! J’aime ces moments de renouveau (rentrée, nouvelle année) où on a l’impression que le vent a balayé nos fatigues du passé et nous voilà revigorés pour encore et toujours plus nous étonner ! Merci Leil de poursuivre ce bel atelier encore cette année !
    Bienvenue aux nouveaux et nouvelles ! Vous allez voir, on va bien s’amuser et bonne nouvelle, sans bizutage d’arrivée 😉
    Allez, je file vous lire en commençant par les anciens (trop hâte de retrouver vos plumes) et terminerai par la découverte des nouveaux 😉

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    1. Merci Nady !
      Oui, jamais eu envie d’arrêter l’atelier, et là vu votre enthousiasme j’aurais eu tort si l’idée m’avait traversé l’esprit. 😉

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  8. @Alexandra : une bien jolie histoire que tu nous contes là ! J’aime les questionnements de la narratrice dans cet état de contemplation devant cet arbre qui fait voler les souffrances humaines au vent ! et l’arrivée de cette petite vieille et son mouchoir me touche au plus haut point ! Merci !
    ps : tu me donnes envie de lui demander (à la narratrice) de me faire lire un jour son cahier d’histoires 😉

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  9. @Iza : quelle sensualité dans ton texte ! J’ai remarqué que nous tous, quand nous déshabillons une héroïne dans nos textes, elles ont un fessier ferme et musclé 😉 c’est à croire que les sportives aiment montrer les résultats d’heures incalculables au sport pour en arriver là 😉 Blague à part, je me suis laissée porter par tes mots et me suis régalée en découvrant ce tableau de Klimt que j’adore dans le baiser. Bravo et merci pour cette rentrée tout en douceur et glam !

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  10. @Valérie : toi aussi tu t’es replongée dans les albums photos cet été ? Idem pour moi et comme je comprends tes pensées.
    J’ai bien aimé toutes les suppositions de croyances qui rassurent que tu nous listes devant cet arbre à la recherche de l’origine de cette drôle d’idée de laisser du tissus coloré !

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  11. @Terjit : ça te réussit bien les rimes aussi 😉 j’ai comme l’impression que nos textes se répondent, le mien dans le combat de toute la désolation de notre monde et le tien dans le constat… J’aime cette sagesse qui a compris que rien ne sert de se bagarrer souvent. La vie passe, on se lasse, ça casse aussi mais il y a toujours un point de ralliement des âmes égarées et là cet arbre semble jouer ce rôle apaisant jusqu’au jour où quelqu’un viendra y déposer une graine de fleur qui fera renaître tout en beauté ! un très beau poème concis et percutant !

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  12. @Manue : la chute est divine !!! Tu m’as si bien entraînée dans ton histoire que j’allais te demander si tu étais vraiment sûre que les progrès de l’Occident ne nous avaient pas comblés un peu quand soudain j’arrive sur ton dernier paragraphe qui me fit bien rire ! Bravo ! c’est juste extra ! 😉

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  13. @Adèle : Waouu ! Quelle imagination à partir de ce cliché ! j’ai bien aimé tes expressions comme « Elle défaisait sa valise, en passait le contenu aux rayons X de ses yeux amoureux, » : tu décris si bien cet acte de détailler avec précision la valise de l’élu de con coeur quand il revient de voyage 😉
    Jeanne a certainement souffert, mais quelle idée de vouloir changer Paul ! « Je crois qu’elle gardait l’espoir que tu changes un jour, que tu deviennes l’homme qu’elle avait cru voir derrière le coureur de jupons. » : grave erreur de se croire capable de changer l’autre, là elle est sûre de le perdre à jamais mais je comprends qu’elle ait préféré faire le premier pas en partant. Bon, faut espérer que chacun d’eux refasse leur vie avec des êtres qui les correspondent mieux 😉

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  14. @Ludovic : belle idée de texte pour retrouver le côté positif des rentrées ! Jolie histoire et heureux dénouement pour elle ! ce sont les parents des enfants qui sont heureux d’avoir une maîtresse apaisée et positive ! Merci pour cette chute !

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  15. Quel plaisir de te retrouver Alexandra, de retrouver toutes les plumes de cette atelier et d’en découvrir de nouvelles ! Un vrai grand merci à toi pour cela et à toutes et tous d’être au rendez-vous ! J’arrive bientôt avec mes commentaires !

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    1. Un plaisir pour moi aussi, tu vois je t’ai écoutée, j’ai gardé le même rythme qu’avant pour la publication des photos / textes. 🙂

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      1. Oui ! J’ai vu…j’attendais avec appréhension la rentrée de l’atelier à l’idée d’un changement de son rythme ! Un grand merci à toi pour ce rendez-vous qui reste quotidien.

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        1. Quotidien ? Nonnnnn tout de même pas ! 😀

          Le rythme sera le même, mais je ne sais pas si j’écrirai toutes les semaines en revanche. 🙂

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  16. @Alexandra : Une belle histoire qui fait sourire au début, qui calme et questionne ensuite et dont la fin met l’eau à la bouche en donnant naissance à d’autres histoires inscrites dans un carnet, que comme Nady, j’aimerais trop lire ! Merci !

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  17. @Iza : Qu’elle rentrée sensuelle ! « l’eau éveillait son désir de fusionner avec le grand Tout » « Ella déposa ses affaires au pied de l’arbre, comme une offrande »… J’aime beaucoup la manière – mélange de doute, de peur et de détermination – avec laquelle tu nous attire vers une chute pour le moins « torride ». Bravo !

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  18. @Nady : Nady le retour ! Ah Nady : On te reconnait dans ce texte qui soulève bien des questions et qui invite à la méditation. J’aime particulièrement l’avant dernier paragraphe qui personnifie si bien cet arbre ! Une belle rentrée que tu nous offres là !

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    1. Merci ma belle. Ce jour de rentrée de l’atelier est un grand jour, après la lecture de ton texte je commance ton roman 😉

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  19. @Manue : Rhooo Manue ! J’adore l’angle de ton texte, son humour et sa chute à la fois surprenante et « désacralisante ». J’en ris encore ! Merci pour cette bonne lecture !

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  20. @Ludovic : Un texte qui commence sur un ton maussade – voir déprimant – mais dont la chute re-booste et motive ! La vie quoi ! Merci pour ce texte revigorant !

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  21. Je ne commenterai pas chacun des textes de cette page que je viens de lire. Je vous dirai juste mon plaisir de retrouver quelques plumes connues depuis plusieurs années et que je retrouve inchangées avec bonheur après ces deux mois de pause.
    Et puis de nouveaux mots par de nouveaux abonnés qu’on aura plaisir à retrouver au fil des semaines.
    Merci à notre Alexandra nationale de nous donner chaque semaine un triple bonheur, celui d’écrire, celui de lire et celui d’être lu.

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    1. Ouiiiii de nouvelles plumes à découvrir ! C’est chouette, c’est comme une vraie rentrée en somme ! 🙂
      Merci Amor Fati de tes mots. 😉

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    2. Idem, je ferai comme toi Amor-Fati pour la suite de mes lectures de blogs de la semaine : de belles nouveautés en plumes en effet, des découvertes de nouveaux mots et quelle diversité ! Ravie, je suis !

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  22. @Adèle : Une histoire qui démontre bien que l’amour seul ne suffit pas et qu’il fait peu de poids si les valeurs de l’un et de l’autre sont trop éloignées et différentes. J’aime beaucoup !

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  23. @Valérie : Des questions dont certaines ressemblent étrangement à celles que je me suis posées en voyant la photo pour la première fois… J’aime aussi les réponses que tu suggères, notamment « Peut-être qu’au départ, une personne avait juste par mégarde laissé tomber l’un d’eux et que quelqu’un l’ayant trouvé avait pensé que l’accrocher dans l’arbre aiderait la personne à le retrouver »…Merci pour cet agréable texte.

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    1. Merci pour ton retour Jos. J’ai vu que tu avais ouvert ton blog et je t’en souhaite que du plaisir. J’arrive à y ouvrir des documents mais pas ton texte de rentrée…grhhh. Cela m’a permis de découvrir que tu étais auteur de deux romans déjà, ce que j’ignorais. J’essaierai de les trouver au plus vite.

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      1. Merci à toi Valérie ! Je suis allée voir sur mon blog et j’ai réparé mon erreur (suis pas encore très à l’aise avec l’outil…hum). Mon texte est maintenant accessible. Bonne lecture (enfin j’espère).

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  24. @Terjit : Un poème fort et qui produit son effet ! Je l’ai lu plusieurs fois et l’ai apprécié chaque fois un peu plus ! Un grand bravo Terjit !

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  25. @Alexandra : encore une fois ce mélange de délicatesse et d’humour, j’adore !
    @Manue : merci pour cet éclat de rire ! 😀

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  26. @Terjit : Un très beau poème pour ressentir la souffrance de cet arbre et de ses spectateurs. Un texte magnifique !
    @Valérie : jolie réflexion sur le pourquoi certaines choses deviennent des emblèmes. Ce mystère ne sera sans doute jamais résolu et c’est peut-être ça le plus beau. Très joli texte qui comme cet arbre mystérieux, se laisse observer et découvrir comme une jolie photo 🙂
    @Adèle : ton histoire laisse monter le désespoir de l’être aimant et trahi par l’être aimé. La laideur du traître aimé arrive en crescendo. De cet amour cassé ne reste plus que l’arbre. Très joli texte 🙂
    @Ludovic : ton personnage est enseignant mais on est presque dans le cas d’un écrivain, en panne d’inspiration, qui voit soudain l’étincelle jaillir d’un petit rien du quotidien. Texte sympathique sur la puissance des photos et de l’imagination 🙂
    @Manue : j’ai adoré ton texte ! Une douce ironie subtilement cachée et une chute qui nous fait bien sourire. Merci 🙂
    @Nady : comme j’ai adoré retrouver ta plume, ton style ! La mélancolie de cet arbre, témoin d’un monde en chute libre, est prenante. Et pourtant je veux espérer que cet arbre retrouvera sa vigueur, signe peut-être que l’Humanité aura enfin compris et cessé, comme tu le dis, de « se foutre éperdument du bien être de leurs voisins » 🙂
    @Alexandra : une bien jolie histoire, sur le pouvoir des croyances et les histoires qui en naissent. J’ai bcp aimé 🙂

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    1. Merci Amélie pour ton retour qui me fait très plaisir. Je reviens du sport et file sur les blogs d’un pas alerte 😉

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  27. @jos et @victor : impossible d’accéder aux pages de vos textes sur vos blogs… snifff

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  28. A celles et ceux qui comme Valérie, ont tenté de lire mon texte sans succès, je voulais juste dire que le problème est résolu. Merci d’avance de votre visite !

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    1. Désolée, miss, je ne me suis pas connectée sur le blog, je n’ai pas vu le problème … C’est bon du coup ?

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      1. Cela montre que personne n’est identique et que la richesse intérieur se montre dans la variété des mots proposés 🙂

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  29. Je n’arrive pas à trouver le texte de Laura Vanel sur son site. Le lien renvoie à la page d’accueil mais ensuite, on n’y voit que ses propres publications ;(

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    1. Je ne le trouve pas non plus : elle n’a pas dû le publier, je la contacterai du coup la semaine prochaine si cela se reproduit, pour savoir si c’est un bug …

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  30. Iza : Tu sais déjà à quel point j’ai aimé ton texte. Sans doute le côté voyeur de la scène ! 😛
    Non, plus sérieusement, quelle sensualité punaise. Et tu ne tombes pas dans la cliché pour décrire l’orgasme, non vraiment. Et belle idée que d’établir un décalage entre la nature glauque, froide etc et son plaisir à elle qui en est décuplé. (Non, non, non je ne ferai pas appel à Tonton Freud. 😛 )

    Belle rentrée, bichette ! Je te torturerai si jamais tu arrêtes d’écrire à l’atelier. 🙂

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  31. Nady : Oh ton texte me plonge dans une certaine réflexion … avec ce regard sur le monde et l’écologie qui fait de toi qui tu es. 🙂
    Un bon début de café philo : l’amour est-il par définition limité ? Jusqu’à quel point endurer par amour celui qui nous fait mal ? (ici des touristes.)
    Vaste question qui prendrait une matinée, non ? 😉 (sans que nous puissions trouver une réponse puisqu’elle varie selon les personnes. 😉 )

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    1. Huuummmm, une bien belle idée que ce thème ! Je retiens et tu me donnes même l’idée de l’organiser at home autour d’un Aperitivo 😉 laisse moi trouver le médiateur philosophique pour guider les débats et nous apporter un éclairage avec recul et on fixe une date et le proposerai à quelques acolytes philo de se joindre à nous 😉 j’ai un début de pensée pour la deuxième question : je pense qu’on ne se rend pas compte qu’on a mal dans l’aveuglement de l’amour mais une fois que la douleur se manifeste clairement au cerveau, si on n’est pas maso, on dit stop… quoique regarde cette femme qui a été battu plus de 40 ans et dans un ultime geste de ras le bol tue son mari !!! je ne sais pas, je ne sais plus du coup mais troublante question….

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      1. Ben ma Nady, par définition, l’amour ne devrait pas faire souffrir, sinon autre chose s’y mêle. 🙂 (Après les personnes qui restent alors qu’elles sont battues – puisque c’est ton exemple- cela est un cas psy complexe, je ne m’aventurerais pas sur ce cas, je ne le connais pas. 😉 )
        Là ce qui m’a interpellée, c’est l’aspect sacrificateur de l’arbre (bon en même temps, tu me diras, il ne peut pas bouger, donc ça limite la fuite. 😛 )

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  32. Manue : Un texte bien balancé sur le cynisme des hommes. Oui, effectivement, vu ainsi, les hommes les plus reculés et exempts de notre société corruptrice peuvent eux aussi tomber dans le cercle vicieux … L’Histoire a déjà de nombreuses fois montré à quel point le mythe du bon sauvage est utopique. (Mais nous continuons d’y croire malgré tout.)

    Bref, texte bien mené parce que tu nous plonges dans une identification avec le perso principal, avant de nous faire tomber de haut. La chute est cynique mais réussie.

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  33. Adèle : Woutch … alors là chapeau vraiment, utilisation originale de cet arbre : il fallait la trouver cette métaphore. Brillant.

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  34. Valérie : Ah les manies de l’Homme … même prendre des photos est devenu un passage obligatoire (et on prend plus qu’on ne profite vraiment de l’instant d’ailleurs.) 😉

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      1. Lol, ben oui j’avais compris ! 😀
        Mon « et l’arbre dans tout ça » veut dire « effectivement nous ne prenons pas le temps de faire attention à l’arbre ». (cf « mon corps décharné »)

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  35. @Leiloona ou l’art de faire monter la sauce.
    Avec le mystère des chaussettes disparues, tu as fait rire mon cerveau de ménagère de plus de 50 ans. Puis tu m’as attendrie avec des rites de guérison pour au final me laisser espérer de belles histoires à venir. Et du cahier au livre …

    @Isa, oh Isa, quelle sensualité, quelle délicatesse, comme j’ai aimé cette baignade qui m’a rappelé le plaisir d’être nue dans l’eau ! J’ai aimé la référence à CODB et vers la fin j’ai eu peur, j’ai cru qu’un monstre allait surgir et l’engloutir, mais non, une jolie surprise ! Bravo !
    NB J’ai aussi pensé à un livre de SF où les fleurs fécondaient les femmes de leur long pistil.

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    1. Ah ah Adèle et ses réparties ! ♥
      Voilà, je fais monter la sauce, j’aime bien ta façon de caractériser mon écriture ! 😀

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      1. Désolée, je n’ai pas de formation littéraire. Je dis comme je peux avec mes pauvres mots.
        En fait c’est comme pour le bon vin, je sais l’apprécier mais je ne sais pas expliquer pourquoi.

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        1. Aaaaaaah mais ce n’était pas ironique ! J’adore vraiment ton expression ! (même si je suis une quiche pour faire monter la mayo.)

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    2. CODB ? Quézaco ? merci en tout cas 😉 et je serais curieuse de lire ce roman de sf

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  36. @Nady : ce que j’ai le plus ressenti, c’est l’énorme amertume de l’arbre, et cette impuissance qui le désespère, cette incapacité à communiquer avec le monde des humains. Un côté vieux misanthrope, barbu et ronchon, fumant la pipe. 😉
    Est ce que pour autant la Nature est plus sage que l’Homme ? Pas sur quand je vois le lierre et le liseron qui tentent chaque jour d’envahir mon jardin ! 🙂

    @Manue : merveilleux clin d’oeil plein d’humour à tous ces voyageurs qui arrivent dans un pays avec tant d’idées reçues et de préjugés ! Les descriptions sont très réussies, j’avais l’impression d’y être. Et quelle chute, vraiment j’ai ri !

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    1. Merci pour ton retour Adèle, je te vois bien rouspéter chaque jour avec ton lierre et ton liseron envahissants… ;-)))) et suis mdr 😉

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  37. @Ludovic : « Ben la pôv’ fille ! » me suis je dit élégamment. « Elle n’est pas sortie de l’auberge, qu’est ce qu’elle est venue faire dans cette galère, elle n’a pas LA sacro-sainte vocation, et ses conditions de vie sont pourries. »
    Et Dieu merci, l’intervention divine de Saint Freynet ! Heureusement que nos dévoués enseignants sont pleins de ressources et de bonne volonté. Un texte bien sympa.

    @Valérie : un doux moment de rêverie et de nostalgie, comme on en a tous. Tu me fais partager une anecdote de voyage, tu me confies tes interrogations et … tu me fais bien rire avec ton histoire de petite culotte !

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  38. @Terjit : un poème où je me suis vue dans un paysage d’automne, mal à l’aise, comme dans un endroit hanté par les âmes en peine et les souvenirs accrochés dans l’arbre. Laideur des lieux en écho à la laideur de la vie. Sombre, je frissonne …

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    1. Frisson… surement, sombre…certainement, mais c’est déjà pas mal pour cet arbre d’être le dernier allié des âmes perdues, ça le rend vivant finalement. Merci Adele de ce commentaire.

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  39. Alexandra K : c’est étonnant que nous ayons pensé au chêne, symbole de puissance et de longévité

    Iza : quelle intensité ! et cette détermination à se baigner seule dans des eaux peu avenantes, c’est tellement bien évoqué, admiration !

    nady : et pourquoi pas se glisser au coeur de l’arbre, pour une fois

    manue : excellent, la chute d’une légende qui commence à pointer le bout de son nez et tombe sans embage dans l’infernale spirale financière

    ludovic : j’adore ces petites idées fulgurantes qui se déclenchent tout à trac lorsque l’on est profondément déçu ou épuisé et loin de penser à ce genre d’éclat, adorable texte

    adèle : revirement de situation, bien vu

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    1. Quelle belle idée Janickmm ! Je lisais justement que des archis allaient construire des hôtels à l’intérieur de séquoias , arbres réputés très hauts… ce qui nous permettrait de dormir en altitude au sein d’un arbre… pas sûre que ça soit très écolo mais ma foi au point où on en est, on n’est plus à une catastrophe près avec la nature 😉 contente de te retrouver en cette rentrée !!

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  40. Je débarque un peu tard, semaine de rentrée chargée et chargée et chargée à la maison !!!
    Merci pour vos retours … J’ai été très aidée dans mes descriptions par un voyage fait au Népal et un trek assez extraordinaire organisé par ma frangine qui habitait à l’époque Kathmandu, trek que j’ai fait moi à cheval car je ne peux pas marcher longtemps. Nous avons vraiment vu le Tibet en face, vraiment rencontré la grand mère impressionnante qui allait à un mariage et vraiment vu le linge à sécher dehors sur la végétation, rare, donc précieuse. J’ai adoré en faire ce texte en lien avec la photo !!!
    Je me plonge dans vos textes !!!

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    1. Waouu ! je me disais bien qu’il y avait des traces de ton voyage que tu nous avais raconté il y a quelques années sur une photo de Claude mais j’étais loin d’imaginer tous ces détails si réels ! Gosh !!! Amazing !!!

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  41. @Leil, c’est fou le nombre de trucs étonnants qui sont arrivés à tes narrateurs depuis que je connais l’atelier, et qui les ont poussés à écrire ! Drôles de rencontres, étonnants personnages … ton monde est rempli de légendes que tu inventes ! J’aime beaucoup !

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    1. Ah ah ah, tu crois que ….. ? Noooon. 😀

      Un monde rempli de légendes, oui, je crois bien que mon cerveau est rempli d’imaginaire. (Du moins, cela me suit depuis le collège … « Élève à l’imaginaire hors du commun ». )

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  42. @Leiloona: un texte plein de magie!

    @Iza: plonger et croire au merveilleux… histoire pour le moins érotique!

    @Nady: je suis comme cet arbre, je n’aime pas l’idolâtrie. Elle fait perdre la raison. Il n’y a qu’à regarder l’état de notre Monde…

    @Manue: une jolie fable.

    @Ludovic: rien de pire que la rentrée pour perdre le moral…

    @Adèle: oh que c’est compliqué la vie à deux!

    @Valérie: moi aussi je n’aurais fait qu’une photo. LOL!

    @Terjit: il en marre cet arbre et je le comprends!

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  43. @Leiloona : j’ai toujours trouvé fascinant ce type de croyances sorties d’une époque où les hommes n’avaient que cela pour se réconforter. J’ai fait un beau voyage avec ton texte, merci.
    @Iza : cette immersion dans l’eau glacée m’a donné chaud 🙂
    @Nady : sans même lire ton pseudo en haut du texte j’aurai su qu’il était de toi, tellement tu es cet arbre. J’aime beaucoup le style, le fond et le ton.
    @Manue : je ne suis jamais allé au Népal, malheureusement, mais avec la précision des mots, la puissance des sensations et tout ce qui n’est pas écrit mais que l’on comprend j’ai l’impression d’y être allé ! Très fort !
    @Ludo : cette capacité des profs à rebondir sur un tout petit rien donné par le hasard, en faire un projet exaltant pour des enfants qui auront le privilège de rencontrer celle-là, que c’est beau la rentrée ! Et vive les profs !!!
    @Adèle : quand on récolte ce que l’on a semé… Très beau texte, comme d’habitude !
    @Valérie : tu décris toutes les questions que je me suis posé en voyant la photo… amusant !

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