La couverture de Shi interpelle immédiatement par son côté « in medias res ». De l’action, des hommes-chasseurs, des femmes-proies.
Lorsque l’histoire commence, nous sommes au XXIè siècle. Un PDG pourri qui possède une usine de mines antipersonnel vient de remporter un procès. Il le fête plus ou moins dans son jardin, quand soudain une mine, puis une seconde explosent. Sa femme et son enfant viennent de lui être ravis. L’arroseur arrosé. Rideau. Retour quelques siècles en arrière …
L’origine de tout, du Shi, la colère se dévoile alors. Nous sommes en 1851 à Londres en pleine période victorienne : la première exposition universelle vient d’ouvrir. La famille du colonel Winterfield s’y promène. En façade, les conventions règnent. Au milieu d’eux, Jennifer, leur fille, fait figure de mouton noir. Libre, indépendante, éminemment artiste, elle en impose aussi par sa beauté blonde sensible doublée d’un sens aigu de la justice. Elle détonne. On ne voit qu’elle. Et une autre aussi. Une asiatique. Elle tient dans ses bras un bébé mort. Scandale sur le stand, on enterre le bébé à la va-vite, on met la femme prétendument folle à l’asile.
Un début tonitruant pour une BD qui ne cessera d’enchanter le lecteur. Pris dans les filets de l’action, le voici avide d’en savoir plus sur cette femme blonde intelligente et culottée, mais aussi sur cette jeune asiatique qui semble être dotée de certains pouvoirs démoniaques. La BD se fait alors contrastes et joue avec les genres. Satire sociale de cette époque ? Peinture de la perversité de la haute-société et du clergé ? BD d’aventures qui flirte avec le merveilleux ? Les dessins énergiques et musclés de Homs immergent son lecteur, les plongées dans les bas-fonds de Londres se font dans des teintes vert-glauque saisissantes. Et que dire de la lubricité et la perversité dévoilées sous les traits déformés des visages des hommes tandis que face à eux les courbes voluptueuses des femmes ne sont que rondeur et charme ?
La BD oppose alors deux clans. Femme contre homme. Le premier est épris de justice tandis que le second plonge dans toutes les perversités. Femme-objet, femme-putain, il règne dans cette histoire toute une tension excellemment mise en avant et doublée à chaque page par un rythme certain et haletant de l’action. Analepses façon poupées russes, le lecteur ne peut sortir de ce premier tome qu’en ayant le ferme désir de plonger dans le second tome.
BD en lice pour le Prix BD Fnac 2018
Dessinateur Josep Homs
Scénario Zidrou
Coloriste Josep Homs
Editeur Dargaud Benelux
Date de parution 20/01/2017
EAN 978-2505064411
ISBN 2505064415
Nombre de pages 56
13 € 90
Noukette : Une entrée en matière plus que prometteuse pour une série d’ores et déjà complètement addictive, loin des tomes d’introduction plan-plan où les choses peinent parfois à décoller. On en ressort échevelés, admiratifs et plus qu’impatients de découvrir la suite ! Chapeau monsieur Zidrou ! ♥
Lue il y a peu, je l’ai adorée moi aussi !
J’irai lire ! 😉
Ton article me donne très très envie de le lire ! Je vais solliciter le barbu en robe rouge !
Hi hi, oui, c’est le moment de le solliciter ! 😀
Il faut juste arrêter de me tenter … Sa hotte va être trop grosse pour passer dans la cheminée !!!!
Oui, il faut arrêter de nous tenter !
Une BD menée tambour battant, on dirait.
Un premier tome très prometteur. J’ai hâte aussi de lire la suite.