Bablet, Shangri-La

Les avis sont dithyrambiques : « la claque, un space opera exceptionnel, 200 pages d’une beauté à couper le souffle. »

Shangri-La, BD sélectionnée pour le prix BD Fnac, m’interpellait par sa couverture sci-fi et son épaisseur aussi. Plus de 200 pages, initialement prévue en trois tomes, l’histoire a finalement été publiée d’un seul tenant, renforçant alors la portée époustouflante et dérangeante d’une narration ramassée. 

Dès le début, les couleurs nous éclatent au visage, nous sommes dans un futur pré apocalyptique. Là, un homme vit en ermite et il est le dernier survivant. Il se prépare à vivre une expérience qu’il attend depuis longtemps : la transformation du soleil en supernova. Bang. Saut dans le futur, nous sommes maintenant un million d’années plus tard.

La société décrite fait peur. A l’instar de ces dystopies de Huxley, Orwell ou Bradbury, l’homme a atteint un degré d’inhumanité suprême. Là, le bonheur ne réside que dans la consommation. Consomme mon fils et tu seras heureux. Les êtres vivants vivent tous en orbite, puisque l’air de la Terre n’est plus respirable. Ils sont là, cloîtrés, en huis-clos spatial.

 Tianzhu Entreprises est le nouveau Big Brother. Mais la grande différence est que l’homme ici est maître de son esclavage, prophétie annoncée déjà en son temps par Huxley dans Le Meilleur des mondes (et comme je le dis à mes élèves, nous y sommes déjà …) :

La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude … 

Nous suivrons plus particulièrement Scott, Virgile, Aïcha et Nova. Entre les deux premiers, qui s’aiment comme des frères, une opposition existe. Scott est un fidèle adorateur de Thianzhu et ne se risquerait pas de penser contre le régime en place. Mais des voix s’élèvent contre le projet Homo Stellaris qui consisterait à créer de l’apha à l’oméga des hommes. L’homme cherche toujours à dépasser le divin, même dans l’espace … D’ailleurs, des expériences ont déjà eu lieu, puisque dans cette société existent déjà des animoïdes, des animaux doués de paroles et de pensées, mais traités comme des êtres inférieurs …

Shangri-La, avouons-le sans détour est une claque oui. Le début est ardu, surtout pour une lectrice qui n’est pas férue de science-fiction (entendre par là que j’aime en lire, mais que cela n’est pas mon unique référence littéraire). Mais au milieu de la BD les péripéties s’accélèrent, la mise en place de l’univers a été ancrée, place maintenant aux bouleversements. Et là, plusieurs fois j’ai eu la nausée. Puissance des images alliées à la profondeur du message. Wouf, ça décape, ça agrippe, ça coince, ça rappe …

Une BD foisonnante, guère évidente, mais qui vaut le coup qu’on s’accroche. Ne serait-ce d’ailleurs que pour le fourmillement des détails sur chaque planche (un seul bémol toutefois sur ces visages tous ressemblants, anguleux et assez peu expressifs). A mettre sur le même plan que d’autres contre utopies plus classiques. A réserver aux adultes avant tout, mais aussi pourquoi pas, aux grands collégiens ou aux lycéens, oui.

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Éditions Ankama (Septembre 2016)
Collection Label 619
224 p.

Prix : 19,90 €
ISBN : 978-2-35910-969-6

Une lecture que je partage avec Noukette. Un vrai plaisir, ne serait-ce que pour nos messages en off’ qui valent leur pesant d’or !

Une lecture pour la BD de la semaine ! Les autres liens sont chez au Bar à BD de Mo’ !

28 comments

  1. noukette says:

    We did it !!! Sacrée aventure… sacré voyage, oui, loin de notre petite zone de confort…! Je crois qu’on a bien fait de se lancer ! On croise les doigts pour qu’il décroche un prix à Angoulême maintenant !

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    • Leiloona says:

      Et je t’aurais dit la même chose, tu sais … mais bon, là, franchement … du grand art. (Dur mais grand).

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    • Leiloona says:

      Oups, oui, surtout pour les adultes, mais suis en pleine dans une séquence sur les utopies / mondes scientifiques avec une de mes classes que je suis monotâche pour le coup ! 😛 (non effectivement pour les adultes avant tout. Je vais éditer mon billet.)

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  2. krolfranca says:

    Noukette m’a déjà convaincue ! Et pourtant, je ne lis quasiment jamais de SF. vous savez trouver des arguments…

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  3. lasardine29 says:

    je viens de le réserver à la biblio après avoir lu l’avis de Noukette, tu confirme 🙂

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  4. sabariscon says:

    Je comprends l’attirance pour le dessin, par contre ce n’est pas du tout mon univers. Je verrai si j’ai l »occasion de le feuilleter.

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  5. Blondin says:

    Je viens de voir ton article. Si tu veux mettre un lien vers mon billet sur Shangri-la aussi :)https://etagereimaginaire.wordpress.com/2017/10/05/shangri-la/

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  6. noctenbule says:

    Je partage ton avis. Un album magnifique en couleurs. Le dessinateur avoue ne pas savoir trop dessiner les visages, c’est pour cela qu’ils se ressemblent tous 🙂

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Commentaire :

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