En prépa scientifique, Garance passe la très grosse partie de son temps le nez dans le travail que lui demande le rythme de ces classes. Pourtant, lors d’une soirée du jeudi, son regard va croiser celui d’Adam. Pour lui, c’est une évidence. Adam croit au destin, il sait qu’un jour il rencontrera la femme de sa vie, celle qu’il attend, et qu’ensemble, ils ne seront plus qu’un. Une évidence ! C’est ce qu’il explique à Garance. Elle est celle-ci, il le sait, il l’attendait. Garance est séduite par l’idée, la conviction et les yeux d’Adam. Commence alors l’idylle annoncée par Adam, Garance et lui coulent des jours heureux, supportant mieux à deux la pression de la prépa, s’aidant l’un l’autre, se complétant. La vie étudiante leur permet de partager une intimité nouvelle pour eux deux. Ils s’aiment. Adam avait raison, leur destin était de se rencontrer, c’est une évidence. Jusqu’à ce qu’Adam, au retour des vacances, tombe malade. De la fièvre, une irrépressible fatigue, une mauvaise grippe… ou plutôt, une leucémie.
Le diagnostic tombe comme un couperet, Garance passe alors par tous les états émotionnels , la peur, l’espoir, l’angoisse… Très vite, elle entame des recherches, sur la maladie, les traitements, les espoirs de guérison, les effets secondaires, elle reprend espoir, les chances de guérison sont grandes… Mais, elle va découvrir que les convictions religieuses d’Adam, qu’il avait tues jusqu’alors, vont l’amener à refuser le traitement conventionnel, celui qui a le plus de chance de le sauver… Jusqu’où ira-t-il dans le respect de sa foi ?
Le roman n’est pas celui de la maladie, très vite, Adam, hospitalisé loin de Garance est physiquement absent du roman. C’est Garance que l’on suit, Garance qui ne comprend pas le choix de celui qu’elle aime, qui se pose des questions sur le libre arbitre et le consentement, qui voudrait tant aider Adam, lui faire retrouver la raison. Garance, qui, tout en continuant à vivre sa prépa, va essayer d’accompagner le père d’Adam dans le combat juridique qui s’ouvre, parce qu’il est probable qu’Adam ne décide pas seul, soit sous influence.
A son niveau de jeune fille encore mineure, avec les moyens dont elle dispose et l’amour immense qu’elle ressent pour Adam qui lui avait promis une vie à deux qui semble s’éloigner, elle va tenter de lutter. De loin. Parce qu’après seulement quatre mois d’amour, même si pour elle et lui, cet amour est une évidence, pour les proches d’Adam, elle n’est rien d’autre qu’une copine, pas une priorité, pas en droit d’avoir une place dans le drame qui se joue.
Le roman est un choc. On partage la peur et la pression de Garance, on espère avec elle, on est déçu lorsqu’elle échoue, on est triste pour elle quand son combat devient trop difficile. Mais Sophie Adriansen, en posant l’objectif de son écriture sur Garance plutôt que sur Adam, nous propose aussi une réflexion profonde sur le sens de la vie, la foi, les convictions, les sectes, au delà de la maladie. Il ne s’agit pas seulement des états d’âme d’une jeune fille amoureuse. Le roman est ancré dans la réalité de la vie d’adolescente de Garance, ce qui donne de la consistance à la réflexion. Et une lueur d’espoir.
C’est un roman pour grands ados, fort, vertigineux, on y apprend beaucoup sur le consentement, le libre arbitre, on voit que l’auteure a mené un vrai travail de documentation, sérieux, contrebalancé par la fraîcheur de Garance, jeune fille incroyable de courage, pour qui on ressent une importante empathie tout au long du récit. Comme souvent avec Sophie Adriansen, un roman essentiel, propice aux discussions et aux échanges post-lecture, un roman à partager, à glisser sur la table de chevet de vos ados et sur lequel s’engagera forcément un dialogue. Les notes de fin nous apprennent comment l’auteure a porté ce roman en elle pendant 17 ans, comment il l’a amenée à l’écriture. On le comprend aisément puisque l’on sort de la lecture secoué par cette histoire et par Garance.
Ce qui coule nos veines
Sophie Adriansen
Gulfstream éditions
Collection électrogène
9782354886943
Août 2019
17€
Il n’a pas l’air évident ce roman, pour grands ados effectivement.
C’est un roman fort, effectivement, pas avant 14-15 ans je dirais…
On sent que cette lecture t’a touchée.
C’est une chronique de Ludo (je me suis trompée en la postant … trop vite ! 🙂 )
Et je te remercie de me faire une place ici pour partager mes émotions de lecteurs!
C’est normal … 🙂
Mais, oui la lecture m’a touché, c’est un roman qui traite le sujet avec la bonne distance, le bon point de vue, je trouve, celui qui nous permet de ne pas être emporté dans un camp ou l’autre, mais de vivre la lecture comme Garance vit le moment, entre incompréhension et incrédulité, espoir et douleur. Le choix du narrateur participe à la réussite du roman!
J’adore l’auteure et ce que tu dis du roman donne vraiment envie de découvrir ce roman.
Tu m’as convaincue.