I nostri antenati, Uanadji, Ecriture 301

© Matheus Ferreira

C’est le 06 juin 1906 que Sixtine Larrivière du Bois Fleuri, ma soeur, s’assit au milieu de nous pour la dernière fois. Je m’en souviens comme si c’était hier. Nous étions assis autour de la grande table de la salle à manger, la comtoise comptait laborieusement ses heures. Je me rappelle encore que le vent s’engouffrait dans nos fenêtres. C’était la seule musique permise chez les Larrivière du Bois Fleuri.

– J’ai dit que je ne veux pas, et je ne veux pas, cria Sixtine, en repoussant son assiette de veau marengo.

Jamais on n’avait vu de désobéissance aussi grave. Père éructa qu’elle pouvait quitter la table. Sixtine n’eut pas un regard pour nous. Elle sortit de la maison déchaussée. Le silence m’étouffait. Seuls ses petits pieds sur le carrelage froid, et ses cheveux défaits scandaient son dos d’une rumeur guerrière.

De loin, toujours à table, un oeil sur mes petits pois, un autre sur le jardin, je vis Sixtine arracher une brindille. Elle se retourna soudain, dos à notre bambouseraie qui faisait la fierté de père. Je vis ses lèvres marmonner. Le temps de m’extasier sur sa chevelure qui prenait des allures de gorgone et de poser les yeux sur mère qui gémissait devant son veau, Sixtine n’était plus là. Seul un rire cristallin s’échappa de la verdure.

Il fallut près de quarante ans pour retrouver, au retour de l’enterrement de père, sur la table du salon, un bouquet de bambous fraîchement cueilli. C’est seulement à ce moment-là que je compris ce que Sixtine avait marmonné le jour de son départ. Depuis, ses paroles me hantent.

© Alexandra K, le dimanche 15 avril 2018

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Sam :

L’été 1986, j’avais 9 ans et Caroline était ma bonne amie. Après deux mois de sécheresse, la pluie était enfin arrivée ; elle était tout excitée par cette eau abondante.
Je me souviens des draps gorgés de vent qui flottaient à l’entrée de sa ruelle comme des lèvres accueillantes. J’y rentrais avec délectation pour jouer dans sa rue, chaude, humide et étroite comme une voie chinoise. L’eau perlait de partout et finissait au bout de la rue, dans la bouche d’égout. Cette entrée noire me fascinait. Des grands y descendaient mais Caroline, à cause de la saleté et par peur d’avoir mal, refusait.
J’aimais à lui tirer les nattes tandis qu’elle transpirait, les joues en feux, haletante prise entière dans le jeu. Moi, je profitais du 4 heures pour goûter son miel.
J’étais tellement concentré que je pouvais ressentir les spasmes des parois chaudes des immeubles; les sourdes vibrations, chants homériques des habitants exhaltés.
Parfois, le vent crachait sur ses tâches de rousseur des grosses gouttes d’eau. Cela la faisait rire.

J’ai la nostalgie de ces moments de tendres innocences de mon enfance.

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Cloud :

 Journal « Culture Infos » page 15. La chronique d’Anne Chesnel.
« Le concert à Pleyel de la jeune Clara Bruzetti le 10 avril dernier :
Les cheveux dispersés comme une Vénus de Botticelli, la frimousse à faire pâlir des publicitaires de yaourts bio, elle arbore une petite robe blanche aux épaules ajourées qui indique bien que ses parents ne travaillent pas à la mine.
Présumée violoniste virtuose malgré ses dix ans, elle joue Chostakovitch à la manière d’André Rieu et a même composé quelques pièces musicales, d’un ennui profond, qui la présentent un peu trop facilement comme une Mozart du XXIe siècle. Personne ne peut aujourd’hui dire si le génie salzbourgeois avait un caractère aussi exécrable que Clara Bruzetti. »
En relisant ma critique, je me dis que, parfois lorsque je suis jalouse, je peux vraiment être injuste.

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Tara :

Toi qui me regardes, me fixes dans ton objectif, toi que j’appelle papa, tu n’as aucune idée de qui je suis. Tu vois ta jolie petite fille rousse épanouie dans l’herbe de l’été. Tu ne soupçonnes pas une once de ce que je porte au fonds de moi.

Mon âme a mille ans, que dis-je mille fois mille ans peut-être, je ne sais plus, ou ne veux plus vraiment me remémorer comment mon âme a été trempée pendant ces innombrables vies au feu de la forge d’un Vulcain cosmique.

J’ai dû être un ange déchu, j’ai payé ma dîme à l’enfer. Je fus Méduse, fatale, maudite, maléfique, trahie. En tant que Morgane j’ai maîtrisé l’art de la magie, noire, blanche, peu importait. De fée en fée j’ai joué des tours facétieux, protégé ou terrorisé les humains, contrôlé les éléments. Alors évidemment j’ai été ostracisée, qualifiée de loup-garou, de vampire, ‎torturée et brûlée vive. Plus d’une fois.

Alors que vais-je faire de cette vie humaine à priori paisible dans une époque et un pays où ma chevelure teintée aux flammes de l’enfer me vaudra au pire du harcèlement à l’école ? Mon âme aguerrie à tous les feux me fait résiliente et puissante ; où me portera-t-elle encore ? Vais-je séduire et trahir les hommes faibles ? Est-ce que je pourrais accéder aux sommets de la science et de la technologie pour masquer mes pouvoirs sous des innovations renversantes ? Salutaires ou destructrices les innovations, je ne sais pas encore. Ou bien me ferai-je oublier en restant connectée à la simplicité de la nature ?

Peu importe, j’ai décidé de jouir de cette nouvelle vie, prête à en faire une opportunité quelles que soient les épreuves encore à venir.

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Iza :

Je suis l’arbre flamboyant tel un soleil automnal, dans la verdeur du printemps
Je suis les doigts-racines plongés dans la terre, engrais de mon imagination
Je suis la peau blanche, marbre chaud baigné de rosée
Je suis la jeunesse insouciante dans la Nature millénaire
Je suis racines, tronc, feuilles, ma canopée frémissant au soleil d’un jour nouveau
Je suis née de l’humus, des fougères, de la boue primale
Je suis la païenne, l’insoumise, la druidesse
Je suis fille du cerf, sœur de la laie
Je suis forêt, je suis prairie, je suis montagne
Je suis sylphide, je suis oréade, je suis nymphe
Je suis Déméter, Artémis, Perséphone
Mais sur Tout
Par-dessus Tout
Au-delà de Tout
Je suis à part, je suis Une, je suis MOI !

(Dédié à Peter Steele…)

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Marie : « Maman, si on se racontait des histoires à partir des nuages du ciel… » …. Alice s’est allongée sur le dos, mains jointes sur son torse d’enfant, dans l’herbe verte, épaisse et touffue du jardin, résultat d’un arrosage régulier et salvateur par le crachin breton. Les vacances battent leur plein. « On dirait qu’il y a deux nuages qui s’embrassent, regarde…. ». Sa mère abandonne son journal quelques instants et penche la tête en arrière pour observer ce ciel qui s’assombrit « Je vois un loup, là-bas regarde bien ». Puis son regard s’attarde sur sa fille, attendrie et amusée. « Cette obsession pour les robes ! Impensable de lui passer un short. Ce matin encore, Impossible de la détourner de cet ensemble blanc archi salissant. J’ai cédé, j’avoue, comme à chaque fois. Quelle importance après tout. Cet attrait irrésistible pour les dentelles de son col et les volants de ses bretelles, c’est bien de son âge. Adorable, je reconnais, une vraie robe de mariée. » « Et cette paille immense qu’elle tient comme un cierge la nuit de Paques, qui la suit jusqu’à sa table de nuit, merveilleuse découverte enfantine des trésors du fond du jardin… » « Cette manie de pincer ses lèvres lorsqu’elle réfléchit » Stéphanie sourit, consciente de son manque d’objectivité totale sur l’enfant « Maman, tu m’écoutes ? » « Oui, ma chérie, je les vois ces nuages qui s’embrassent comme des amoureux, et toi mon loup, tu le vois ? » elle poursuit son monologue intérieur « Ce teint pâle, cette peau maculée de tâches de rousseurs, et cette chevelure épaisse, couleur feu qui s’étale dans l’herbe comme celle de la belle au bois dormant dans son sommeil, de qui les tient-elle ? En tous cas pas de moi, c’est certain. La grand-mère de Bertrand était rousse parait-il, il semblerait que ça saute des générations ». « Et cette bobine toute ronde aux joues rebondies ? Ma mère peut être. Signature de l’enfance surtout ‘un appel gourmand à de grosses bises affectueuses’ mais à la vigilance également, on entend tellement d’histoires glauques. Cet abruti de 25 ans, qui s’est approché d’elle sur la plage, prétextant quelques conseils pour améliorer son château de sable, et qui s’empressait de la prendre dans ses bras pour la féliciter de chaque invention, heureusement que Bertrand est intervenu, franchement pas net le gars « Ah oui, je le vois ce loup, un peu bizarre quand même, il a des oreilles immenses » Elle se souvient 5 ans plus tôt, de cette grossesse inattendue, qui avait été un coup de tonnerre pour elle et son mari. Mariés sur le tard, à 40 ans passés, se réjouissant simplement de vivre une rencontre unique après tant d’année de célibat, aucun d’eux n’envisageait d’enfant, chaque chose en son temps ! La question d’une Five n’avait même pas été évoquée. A 46 ans, vous pensez ! Puis cet enfant était arrivé, petit miracle, cadeau de ciel qui transforme une vie et laisse la place à une joie profonde et indescriptible. « Maman à quoi tu penses ? » « A toi mon cœur, je pense fort à toi

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Fabrice :

« Tiens, tu es… rousse ! dit Marco.
— Bah, oui, comme tu vois, je suis rousse, répond Olive. C’était un genre de question ?
— Euh, non je…
— Oui, rousse, ça te pose un problème ?
— Euh non, je…
— Ce n’est pas une décision mal inspirée que j’aurais prise un beau matin, au saut du lit, levée du pied gauche ou je ne sais quoi, non, mais quelle conne, vraiment, tu parles d’une idée tordue. Rousse : sérieusement ? Yes, sir, je suis venue au monde comme ça, sans avoir rien signé au préalable, avec ce si joli (comme disait maman) nuage de taches de rousseur, qui vient à la fois souligner la beauté flamboyante (dixit papa) d’une fichue tignasse montée sur ressort, on dirait une sorcière (comme ils disaient, à la récré) et sublimer la pâleur rosâtre de ma carnation (selon le docteur Loiseau, notre vieux pervers de médecin de famille). C’est ça, si je vois le soleil, si le soleil me voit, je suis fichue, cramée sur place, avec ou sans crème et peu importe l’indice, c’est la brûlure assurée, de bas en haut, enflammée d’un seul tenant, façon Nosferatu s’étant un poil trop attardé aux premières lueurs de l’aube. Alors oui, la plupart du temps, je marche à l’ombre, je longe les murs autant que je peux, mais la tête haute, toujours, je n’ai jamais eu honte de rien, honte de moi, pour quelle raison d’abord ? Oui, je vis aussi beaucoup la nuit, forcément, CQFD comme qui dirait. Quand les gens dorment, j’aime ça, il n’y a pas de loi contre, aimer la nuit, tout est si différent, alors. Les heures n’en sont plus, je me balade dans les cimetières, j’en ai pris le pli, l’habitude, je le reconnais, je parle aux morts, ça m’est venue très tôt ce besoin. Je sais que le temps presse, je vois que tu regardes ta montre, mais je peux te le dire en confidence, rien qu’entre toi et moi, je venais d’avoir mes premières règles, oh, ne sois pas inutilement gêné, oui, Marco, nous autres femmes rousses avons également un cycle menstruel, bref, j’étais encore jeune, dix ans, c’est tôt pour de premières… allez, tiens, je t’épargne la répétition, je ne voudrais pas que tu t’évanouisses avant d’entendre la suite, ça vaut le détour. Dix ans, imagine le choc. Non, tu ne peux pas ? Reste assis quand même. Quand je me suis réveillée avec tout ce sang, sous les draps, entre mes cuisses, pas une mince affaire, reste assis, reste assis, j’ai cru que j’étais blessée, j’ai crié, crié à l’aide, maman est venue, paniquée, elle aussi, suivie de mon petit frère, c’était rock and roll, quand il a vu tout ce sang, sous les draps, entre mes cuisses, il s’est mis à tourner dans la pièce en psalmodiant, tel l’attardé mental qu’il était encore du haut de ses quatre ans, que j’avais fait pipi du sang au lit, que j’avais fait pipi du sang au lit. Maman, très prude et vieille école, m’a dit que ce n’était pas grave, que c’était normal, que ça arriverait tous les mois, à partir de tout de suite, que c’était normal, une deuxième fois, et basta, rien de plus là-dessus, et quand j’ai demandé « Pourquoi ? », maman a pris un air aussi impénétrable que les voies du Seigneur, en m’expliquant, ça tombait bien, que c’était parce que Dieu en avait décidé ainsi. Un truc planifié de longue date pour une raison obscure, je me suis dit, mais j’avais quand même de sérieux doutes. Maman avait tendance à abuser du procédé, elle nous en servait à toutes les sauces du Dieu a en voulu ainsi, je te laisse imaginer, une rengaine usée jusqu’à la corde. En plus d’être rousse, elle aussi, ce qui était la moindre de ses tares, maman est morte folle à lier comme à peu près tout le monde dans la famille, mais je m’égare, je voulais te raconter ma première conversation avec les morts, le lendemain de tu sais quoi. Je me revois d’ici, d’ailleurs je m’étais vu du dessus ce jour-là, comme si j’avais pu me tenir debout devant moi et me prendre en photo, allongée comme je l’étais dans la prairie proche du cimetière, les flammes rousses de ma chevelure démoniaque, comme un panier empli de serpents rouges et soudain renversé dans l’herbe grasse, mes yeux d’émeraude fixés au zénith, mon petit brin de paille à la… »
Dring ! Posé entre les deux tasses d’expresso au milieu de la petite table étriquée, la sonnerie grinçante du petit minuteur est sans appel. Olive hausse les épaules, sourit, fixe Marco :
« Déjà fini ? demande-t-il, comme s’il en redemandait.
— Bah, c’est ça le speed dating, trois minutes.
— Mais j’en ai pas placé une, tu…
— C’est ça avec les rousses, mon vieux, un tempérament de feu. Sois sans regret, c’est toi qui a mis le feu aux poudres. Suivant ! »

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Venusia :

 La petite princesse au teint de porcelaine

Quand Alice arriva sur la scène du crime, comme à son habitude elle avait déjà enfilé sa carapace. Celle qu’elle s’était construite au fil des enquêtes, toujours plus solide, toujours plus épaisse. Pas d’affects qui ne tiennent, ils auraient perturbé le travail. Ils étaient relégués aux oubliettes. Elle pouvait donc entièrement se consacrer à sa tâche : observer méticuleusement les plus infimes détails. Chacun d’eux étant susceptible de la lancer sur la piste de l’assassin. Le sang ne l’impressionnait pas, les blessures non plus. Même l’odeur des cadavres pourrissants depuis plusieurs jours ne l’incommodait pas. Tout cela était rabattu à l’utilité qu’ils avaient pour l’avancée de ses investigations. La puanteur lui permettait ainsi d’avoir une idée aproximative de l’heure du décès, avant même d’obtenir les résultats du légiste.

Tous les sens d’Alice étaient tournés vers cette mission essentielle : dénicher chaque morceau du puzzle duquel surgirait le mobile et l’auteur du crime. Elle récoltait scrupuleusement une foultitude d’éléments disparates. Elle les emagassinait tous dans sa mémoire, même ceux qui pouvaient parraître anodins en première intention. Elle fonctionnait, depuis plusieurs années, tel un scanner qui numérise chaque affaire, pixel par pixel. A tout moment et aussi rapidement qu’un clic de souris, elle pouvait bondir sur une piste, puis revenir en arrière, en ouvrir une autre, et ainsi de suite… jusqu’à ce que quelques indices enfin convergent. Cela ne manquait jamais d’arriver, si cette logique implacable était appliquée, sans y metrre de sentiments, mièvreries écouerantes selon elle. Ainsi les inidces finaissaient toujours par parler et à l’amener jusqu’au tueur. Ce n’était qu’une question de temps et de gymnastique intellectuelle.

Ce jour là, Alice n’avait pas prévu que cette petite princesse au teint de porcelaine, qui ne grandirait plus, allait entamer sa carapace. Elle avait juste senti un petit malaise inhabituel, un subtile vertige qui n’avait pas retenu son attention. Très vite elle s’était atelée à collecter toutes les informations : Chevelure rousse, opulente, soigneusement coiffée et mise en valeur telle la gorgone Méduse. Yeux laissés entrouvers. Corps intact comme préservé. Présence d’un épi de blé-placé en évidence – ce n’éatit pourtant pas la saison, l’automne touchait presque à sa fin. Robe en dentelle neuve – confection manuelle artisanale très fine pour une robe de princesse. Présence de terre sous l’annulaire et l’oriculaire de la main gauche. Pas de traces de pas. Un lit de feuilles spécialement préparé pour l’occasion. etc…. Point après point, la liste grandissait et se gravait dans l’esprit d’Alice. Au début sans analyse, juste des faits. La mécanique se mettait en route.

Une fois au poste, Alice et son coéqupuier se mirent à épingler sur le tableau les premières photos des éléments importants à leur yeux: lieu, identité, horaire du décès, quelques indices triés sur le volet. C’était surtout pour aider Grégoire. Alice, elle, avait tout dans la tête. Se tournant pour demander à son collègue de rappeler le légiste, elle fut happée par la photo qu’il venait d’afficher . De nouveau le vertige, plus prononcé cette fois-ci. Elle ne parvenait plus à parler comme sujette à un AVC. Les cheveux carmins de la petite venaient de sortir de la photo, de s’allonger jusqu’à elle, de se glisser jusqu’à la faille de son bouclier d’indifférence. Ils s’y engoufraient à présent, le transperçant. Ils atteignaient son cœur, s’enroulaient autour de lui, jusqu’à former un lasso. Une fois bien arimé, tel un nœud coulant il se ressera et étrangla sa proie. Une douleur intense laissa Alice clouée sur place. Grégoire surpris et inquiet l’interpellait :« Alice ! Alice? Ca va ? ».

Alice se ranima brusquement lorsqu’elle sentit la main de Grégoire sur son avant bras. Elle se reprit et fit comme si de rien n’était : « Oui, oui, ça va. Bon, il nous faut les résultats du légiste avant midi… ». Grégoire avait compris le message et prenait le téléphone. Alice était retournée à son bureau. Elle avait beau lutter et s’accrocher à sa méthode de travail, le venin s’était imiscé et se répandait en elle. Celui qui vous ronge jusqu’à l’os, celui des émotions, celui de la culpabilité. Se superposant à la chevelure et aux éphélides de cette petite victime, Alice ne voyait plus que l’image de sa sœur Anna. Celle qui resterait pour toujours la petite Anna, qu’elle n’avait pas pu sauver de la noyade, ce mardi 23 juin 2001. La blessure venait de se réouvrir béante.

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Valérie :

 Du haut de mes douze ans, je venais de vivre une belle expérience.

En ces premiers jours d’été, pour mon anniversaire, mon père me fit une mémorable surprise. Sans rien me dire, il me fit monter en voiture et roula plusieurs heures pour arriver enfin en bord de mer : Quiberon. Il faisait un beau soleil et j’étais enchantée de cette chouette idée. Pour le déjeuner, papa me proposa un plateau de fruits de mer, ce qui changerait un peu de l’habituel fast food. Nous passames un temps fou à table à tout décortiquer, crevettes, crabes, bulots…et je trouvai cela très amusant et très bon en plus.

Vers 14h, papa me pressa un peu car nous avions rendez-vous sur Belle-île et devions prendre le bateau. Arrivés sur l’île après 45 minutes sur une mer calme, papa me dirigea vers un phare rouge à l’entrée du port Le Palais, sur la cale Bonnelle. Un monsieur vint vers nous et j’appris enfin quelle était ma surprise : papa m’avait réservé un baptème de plonger. J’étais super contente mais en même temps un peu angoissée. J’aime bien me baigner mais j’appréhende un peu de voir ce qu’il y a sous mes pieds, je ne m’éloigne jamais trop du bord d’ailleurs. Alors là… Le monsieur qui s’appelait Jacques me tendit une combinaison. Ce fut la première épreuve : réussir à me glisser dans cet acoutrement cahoutchouteux, froid et humide… Je fis en sorte de ne pas montrer mon désagrément mais je pris sur moi. Une fois prête, Jacques nous expliqua comment aller se passer la séance, ce qu’il faudrait faire une fois sous l’eau, combien de temps nous resterions et ce que nous allions pouvoir voir.

Jacques était bien loin de la vérité quand il nous dit que cette sortie serait magnifique. Après quelques kilomètres de zodiac, l’heure de plonger arriva. Jacques nous équipa, réexliqua rapidement les consignes et lança le départ.

A peine avions nous plongé, qu’une ambiance surréaliste s’offrit à nous. Des anémones colorées et des éponges tapissaient les roches. On se serait cru dans un jardin japonais. Dans les failles se cachaient des poissons. Nous vïmes mêmes des tourteaux, les cousins de celui que nous avions dans notre assiette au repas du midi. L’exploration était vraiment sublime mais laissa un petit goût de trop peu. Le moment de remonter arriva bien vite.

C’est un sourire jusqu’aux oreilles que vit papa sur mon visage quand j’enlevai mon masque. C’était vraiment super.

Nous finîmes l’après midi dans un parc allongés sous les derniers rayons de soleil de cette belle journée. Je crois bien que je devais imiter un poisson quand papa prit cette photo que j’aime beaucoup : On dirait une tête de bar perdu dans les algues …

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Terjit :

Quand le médecin de campagne arriva à 23h il était déjà trop tard. Après le repas Sœur Elisabeth s’était inquiétée de voir Brindille être la première à se mettre sous les couvertures. C’était étrange : elle n’avait ni température ni pâleur, mais était tellement amorphe qu’elle n’arrivait pas à parler. Le temps de lui dire de ne pas s’inquiéter et que le médecin allait venir la voir, son corps s’était arrêté aussi brusquement qu’une bougie soufflée. Brindille n’était plus, ou du moins elle avait décidé de ne plus être. Le médecin rédigea le certificat de décès avec la mention « mort naturelle inexplicable, aucun signe clinique particulier ».

Sœur Elisabeth était la seule à savoir que ce qui ressemblait à une mort incompréhensible n’était que l’expression de son absolue liberté. Brindille avait été capable de surmonter la naissance sous X, d’apprivoiser l’orphelinat, de s’inventer 10 vies en une, de s’extraire de ses fardeaux, de ne regarder qu’en avant. En l’espace de 12 ans elle avait si bien apprivoisé la liberté qu’elle était devenue maîtresse de sa vie et de sa mort.

Finalement elle était simplement partie comme elle était arrivée, à la vitesse de l’éclair. La vie en elle fut célébrée en la déposant sur un lit de feuilles fraiches. Ses yeux mi-clos rappelaient à chacun combien son regard était perçant, même au-delà de la mort, et ses cheveux étalés montraient la dimension céleste de son aura. Le médecin avait bien tenté de décrisper la bouche mais Sœur Elisabeth l’arrêta en lui disant que c’était inutile parce qu’elle avait déjà tout dit. Dans un dernier geste d’amour elle posa la main gauche sur la droite pour y glisser une petite brindille ramassée sous le grand noyer qui était finalement son seul confident.

Aujourd’hui on peut encore voir sur sa tombe cette phrase gravée dans la pierre : « Au revoir Brindille, ne nous oublie pas ».

Les textes publiés sur d’autres blogs :

124 comments

  1. Adele says:

    @Marie : quelle belle histoire de famille ! Que de tendresse ! Tu traduis avec bonheur tout l’amour d’une mère et toute l’innocence de l’enfance. J’aime beaucoup.

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  2. Adele says:

    @Fabrice : quelle diablesse ! Une séductrice au tempérament de feu et qui doit faire peur aux hommes. Excentricite ou folie, une logorrhée inquiétante qui cache la peur de ne pas pouvoir tout dire et une envie de tout maitriser. Mais pour aimer il faut savoir faire une place à l’autre …
    Tu vois, ton texte laisse la part belle à l’imagination du lecteur ! Extra !

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  3. iza says:

    @Sam : je vais prendre une douche froide et je reviens lire les autres textes 😛

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  4. iza says:

    @Amor-Fati : j’adore ton texte… l’intemporalité de l’enfance… un grand bravo !

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    • Amor-Fati says:

      Merci Iza. C’est juste ce que je voulais dire !!
      Je me suis permis de recopier ton commentaire sur mon blog…

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  5. iza says:

    @Leiloona : ton texte me laisse aussi frustrée qu’une certaine vidéo de Radiohead, celle où on voit un homme s’allonger dans la rue, qui en explique la cause sans qu’on puisse savoir ce qu’il dit, et où sur le plan suivant, tout le monde est allongé aussi… mais qu’ a bien pu dire Sixtine ? Grrr, vilaine, va ! 😉

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  6. Tara says:

    @ Leiloona – je n’ai pas lu Nos ancêtres d’Italo Calvino, mais ton texte pourrait me donner envie de le faire ! Et je découvre en même temps des aspects symboliques du bambou au-delà du porte-bonheur asiatique… Merci ! Je n’ai pas les mêmes références, j’ai pensé à la jeune fille qui disparait et donne trace de vie pendant des décennies en envoyant anonymement des fleurs séchées à son grand père de Millenium t1.

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  7. Tara says:

    @ Sam – tendre innocence, tendre innocence… Un psychanalyste s’en ferait un régal ! Bel exercice !

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  8. Tara says:

    @ Iza – J’aime ces mots évocateurs d’une humanité profondément liée à la nature.

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  9. Tara says:

    @ Fabrice – C’est dynamique, percutant et non sans humour, j’ai lu avec plaisir.

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  10. Tara says:

    @ – Venusia, Terjit – Ben zut vous l’avez vue morte tous les 2 la petite fille ?!

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    • Venusia says:

      J’ai envie de lire des policiers en ce moment, ça m’a probablement m’influencé!

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  11. Tara says:

    @ Laura – Du fond et de la forme, du sens et de la légèreté, un bel équilibre !

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  12. Tara says:

    @ Jos Plume – Poème (ou chanson ? J’ai entendu Souchon) bien construit.

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    • Amor-Fati says:

      Merci. Bonne journée.
      Je me suis permis de recopier ton commentaire sur mon blog.

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  13. Tara says:

    @ Antigone – De la subtilité pour évoquer les difficultés de certains enfants à trouver leur place.

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  14. Tara says:

    @ Blandine – Un texte emprunt d’une douce inquiétude. Bonne idée de prier la nature.

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  15. Tara says:

    @ – Pier Forest – La contrainte des 10 mots n’altère pas la fluidité ni le sens du texte, bien joué !

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  16. fabricedécamps says:

    @Amor fati : du sein d’un vertige de destins possibles, de la superposition d’époques et de mœurs, émerge l’universalité sensible de l’enfance.

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    • Amor-Fati says:

      Voilà qui est parfaitement dit. merci pour cette jolie synthèse de ce que j’ai écrit !!!
      Je me suis permis de recopier ton commentaire sur mon blog.

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  17. fabricedécamps says:

    @Sam : des images puissantes, suggestives, d’une sensualité débordante. A lire au second degré, vu leur âge, mais c’est l’adulte qui se penche sur son enfance, sur ces moments d’innocence, avec une nostalgie érotisée par le temps écoulé, comme s’il enquêtait, avec ses désirs d’homme mûr, sur ce qu’il avait pu alors entrevoir en elle de la femme qu’elle deviendrait.

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    • Sam says:

      oh merci. Belle analyse. Même si au final il regrette surtout de ne pas l’avoir (insérer ici n’importe quel verbe du 1er groupe).

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  18. fabricedécamps says:

    @Leiloona : je retrouve le jardin comme univers des possibles, une porte ouverte vers autre chose, une autre incarnation, un autre monde pour Sixtine. Les bambous apportent un sentiment de paix intérieur, auquel elle atteint en s’arrachant à la pesanteur plombante du carcan paternel. Il y a quelque chose d’ensorcelant, une touche de magie, dans cette échappée-belle. Il serait moins question d’une disparition que d’un voyage entrepris sous les yeux de la famille resté à table, sous les yeux de la sœur, qui, après quelques instants, n’est plus en mesure de voir Sixtine, du fait qu’elle a choisi de briller à sa propre fréquence, selon son propre cœur. J’en viens à imaginer qu’elle aura marmonné à sa soeur : « Toi aussi, tu es libre de ta propre vie. »

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  19. Valérie says:

    @blandine Un texte qui fait froid dans le dos tant il donne à penser à des faits d’actualité atroces. Très bien écrit, bravo.

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  20. fabricedécamps says:

    @Tara : fluide et inspiré. Monologue intérieur d’une âme qui a tout vu, tout éprouvé, tout enduré, tout incarné, une âme qui n’a rien oublié, sa petite enfance remontant à la Nuit des Temps. C’est de la lave en fusion qui coule dans ses veines. Venue tant de fois au monde dans le creuset de forges incandescentes, condamnée tant de fois à se tordre de douleur dans les flammes dont elle procède, elle est le Feu elle-même, si souvent éteint, si souvent ranimé, toujours couvé sous la cendre. En effet, que va-t-elle faire de cette nouvelle incarnation, de cette nouvelle page blanche ? Quelle histoire écrire sur ce palimpseste ? Un curriculum-vitae dont son père ignore tout, mieux vaut pour lui.

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  21. Estelle says:

    @Alexandra : La chute fait froid dans le dos… J’aime beaucoup ta façon de raconter cette scène.

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  22. fabricedécamps says:

    @Cloud : drôle, bien troussé, comme la dernière fois. Je découvre doucement, j’aime le cinglant de ton cynisme. La plume de ta chroniqueuse est trempée dans un tel vitriol qu’on se questionne. Est-elle banalement jalouse ou bien, plus gravement, aigrie par sa propre vie ?

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  23. fabricedécamps says:

    @Iza : merci, c’est très beau, d’une force d’évocation renversante. On éprouve l’intensité de chaque mot dans la brièveté d’un poème. Ce que j’éprouve en lisant le tien entre parfaitement en écho avec le sentiment, l’impression qui m’habite à la vue de la photo.

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  24. Claude says:

    @ Leiloona : Ton texte est, une fois encore, superbement écrit, riche et bien mené avec cette part de mystère dont le lecteur s’empresse de remplir les cases une fois la lecture terminée. Pour ma part, loin de penser que Madame Larrivière du Bois Fleuri aurait pu, par erreur, servir du veau marengo à sa fille panda qu’elle aurait mise au monde au zoo de Beauval à la suite d’un mauvais sort, je vois plutôt une transformation des bambous en serpents (cf mon dictionnaire des symboles) et une métamorphose de Sixtine en Gorgone (cf encore mon dico des symboles), d’où sa soeur pétrifiée…

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  25. Claude says:

    @ Sam : Bravo pour ce double jeu d’écriture. L’un dans l’autre, ça fonctionne…

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  26. Claude says:

    @ Tara : Très beau texte au souffle épique et très bien écrit. L’idée elle-même est géniale au vu de la photo calme et insouciante. Bravo.

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  27. Claude says:

    @ Iza : Dans ton poème, il y a aussi un souffle épique. C’est vraiment bien, avec un beau rythme. Merci

    Répondre
  28. Claude says:

    @ Fabrice : Un sacré bagout, Olive ! Toutes les rousses sont comme çà ? Il y a du dynamisme dans ton texte, avec pas mal de clins d’oeil. Ça se lit avec grand plaisir. Bravo.

    Répondre
  29. Claude says:

    @ Venusia : Superbe texte. Il se lit d’une manière haletante jusqu’à la fin. Plein de beaux mots, de belles phrases et une dramatisation bien menée.

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    • Venusia says:

      Merci! Je reçois ton commentaire comme des encouragements! ☺

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  30. Claude says:

    @ Valérie : Ton texte est attachant et plein de bonheur familial. Que du bonheur.

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  31. Claude says:

    @ Terjit : Ton texte est plein d’émotion. Et fort bien mené. Je ne me rappelle pas t’avoir lu dans ce registre. En tous cas, c’est très réussi. Tu as su y glisser de la poésie et une ambiance profondément attachante. Bravo.

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  32. pierforest says:

    @Alexandra: Peut-on être à la fois si jolie et sorcière? Oui, sans doute et il est clair qu’elle a du tempérament la petite. Histoire bien imagée. Bravo!

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  33. pierforest says:

    @Sam: J’aime la description que tu fais de l’ambiance qui règne. Parfois, même, l’ambiance devient presque un personnage central. Bravo!

    Répondre
  34. pierforest says:

    @Iza: Je ne connaissais pas Peter Steele et j’arrive difficilement à associer ce que j’en ai lu avec cette petite frimousse rousse assez unique. Steele semblait beaucoup souffrir, mais était-ce parce qu’il n’osait affirmer ouvertement qui il était vraiment, lui qui chantait sans filtre? Peut-être pourras-tu m’éclairer Iza.

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    • iza says:

      Oh… très rares sont ceux qui connaissent Type O Negative… Peter adorait les rousses ;-)… et j’ai recommencé à ecouter quelques jours avant l’anniversaire de son décès… étranges les circonvolutions de l’esprit parfois… merci

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  35. Valérie says:

    @Alexandra : un texte plein de mystere. Qu’est devenue la jolie rebelle toutes ces années? Comment a vécu sa soeur sans elle?…

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  36. Valérie says:

    @Sam : de très belles images pour raconter ces souvenirs d’enfance et cette belle amitié.

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    • Sam says:

      Merci oui, j’ai essayé de retrouver des mots et des images d’enfants, plein d’innoncence et de fraicheur pour ce souvenir de l’enfance.

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  37. Valérie says:

    @Tara : que d’images maléfiques collant à la peau des rousses…ton texte les évoque intelligement. Bravo

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  38. Valérie says:

    @Iza Etre soi-même, le plus important en effet et pas toujours le plus simple.

    Répondre
  39. Valérie says:

    @marie : c’est marrant car contrairement à Adele je n’ai pas vraiment ressenti l’amour de cette mère. Elle semble une dizaine d’années après sa naissance s’interrogeait encore sur cette enfant venue comme par miracle. Elle semble surprise en la regardant cherchant des liens de parenté….

    Répondre
  40. Valérie says:

    @fabrice : un texte plein d’intensité, ..avec un personnage débordant de vitalité.
    J’aime assez ta façon de te mettre dans la peau d’une femme, tant dans ce texte que dans celui de la semaine derniere.

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  41. Valérie says:

    @PierForest : tu as complexifié l’exercice et le rendu est amusant. Ta Celestine est attachante.

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    • pierforest says:

      C’est arrivé un peu par hasard. J’avais déjà mes dix mots quand, venant visiter le site de Leiloona j’ai vu l’image de cette belle petite rouquine et rapidement le chemin s’est fait dans ma tête. Habituellement, je cherche à simpifier les choses, c’est plus dans ma nature. 😉

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  42. Sam says:

    @Alexandra , joli texte mais je n’ai pas compris où était parti la petite fille. 40 ans c’est long non ?
    @Cloud : très beau texte mais au final, elle a aimé le morceau ??
    @Tara : joli ! mais la rousse sorcière est un procès hélas trop souvent d’actualité. Il est navrant de constater que depuis Judas les mentalités n’ont pas vraiment évolués à Paris. J’ai une amie rousse (preuve que je ne suis pas anti-roux) qui a beaucoup souffert dans sa scolarité)
    @Iza : bel effort de poésie 🙂 mais je pensais la mode des majuscules révolue sur ce blog 😉 (au passage, tu ne peux pas être fille du cerf si tu es la sœur de la laie car ce ne sont pas les mêmes familles d’animaux).

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    • iza says:

      Je suis Moi donc je ne suis pas les modes ;-). Et quand on est fille de la nature, on s’en fout des mélanges de races. On appartient au Tout 😀

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  43. Leiloona says:

    @ Sam : Dis-moi le texte précédent parlait d’une Martine, là d’une Caroline : jolie rime. ^_^

    Oups pardon je m’égare. La faute au sous-texte.
    Je file derechef réciter trois pater noster pour me laver de mon outrecuidance.

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  44. Leiloona says:

    Claude : Mouhahaha, le bref éclair qui clôt le texte ! 😀 Mais la réelle question est : pourquoi autant de haine ? 🙂

    Répondre
  45. Leiloona says:

    Tara : Jolie réflexion teintée de légendes et de mythes. Je les adore ! Il manque p’tre Lilith, mais était-elle rousse ? Le peintre Rosseti l’a peinte ainsi … alors qui sait ? 🙂


    J’aime beaucoup en tout cas ton traitement d’un souci encore bien actuel … le roux ostracisé n’est pas une légende. Elle a raison de se ficher du regard des autres, son raisonnement démontre bien son âme de mille ans. 🙂

    Répondre
  46. Leiloona says:

    Iza : Un poème qui résonne en moi. Sans doute le brame de Cernunnos que j’entends au loin.
    Bravo miss ! C’est bien lorsque tu délaisses les textes à chute. 🙂

    Répondre
    • Iza says:

      Et en plus tu postes un tableau preraphaelite. On n’a pas été siamoises dans une autre vie ? <3

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  47. Leiloona says:

    Marie : Deux tonalités dans ce texte : la menace d’un loup, d’un homme rôdeur étrange : symbole du monde qui environne toutes jeunes filles ? Et puis cet amour immense d’une mère qui ne pensait pas un jour l’être … Du coup, je ne sais pas vraiment où mon coeur balance. C’est pas mal, cela permet de se poser des questions : pourquoi le loup est-il aussi prégnant ? Et pourquoi la mère cherche-t-elle d’où viendrait sa fille ? Un peu comme si elle était plus issue d’un conte que de la réalité.

    Répondre
  48. Leiloona says:

    Fabrice : Oh punaise ! Sa logorrhée m’a épuisée, je déteste ce genre de personnage ! 😀 Moi, moi, moi ! 🙂

    Répondre
  49. Leiloona says:

    Venusia : Ouch ça peut se comprendre … cela dit, elle sera p’tre moins en mode terminator automatique sur un lieu de crimes, parce qu’elle faisait un peu peur à ne rien ressentir tout de même. 🙂

    Répondre
    • Venusia says:

      Oui. Je me disais que c’était peut-être trop caricatural… Il aurait été intéressant d’apporter un peu de nuances mais comment faire sentir alors le contraste chez Alice entre avant et après avoir été percutée par cette photo….

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  50. Leiloona says:

    Valérie : Ah voici l’explication de cette moue alors ! 🙂
    Un texte solaire, sur un moment qu’elle gardera longtemps en mémoire !

    Répondre
  51. Leiloona says:

    Terjit : Quel texte ! Wouf !
    J’ai plus qu’adoré ce massage :
    « Brindille avait été capable de surmonter la naissance sous X, d’apprivoiser l’orphelinat, de s’inventer 10 vies en une, de s’extraire de ses fardeaux, de ne regarder qu’en avant. En l’espace de 12 ans elle avait si bien apprivoisé la liberté qu’elle était devenue maîtresse de sa vie et de sa mort. »

    Un condensé de la force de cette petite.
    Bravo, vraiment.

    C’est ton texte le plus court, je crois. Tu vois, tu gagnes en force en réduisant l’ensemble à feu doux !

    Répondre
  52. Josplume says:

    @Alexandra : Comme souvent je trouve, une certaine « magie » se dégage de ton texte. Cette fois tu y ajoute une pointe de mystère qui laisse sur sa faim… Mais qu’est-elle devenue ?

    Répondre
  53. Venusia says:

    @Terjit: Je trouve une vrai singularité à ce récit, dans la façon de décrire la vie fugace de cette enfant.

    Répondre
  54. Venusia says:

    @Valérie: une belle relation père-fille. J’ai beaucoup aimé l’image que tu a associé à la moue de cette petite fille!

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  55. Josplume says:

    @Tara : Une bien belle façon de décrire les mille vie de cette enfant et des conséquences de la peur de la différence.

    Répondre
  56. Josplume says:

    @Iza : Un joli poème d’où ressort parfaitement la volonté d’être soi malgré ses différences. J’aime beaucoup le côté fantastique de ton texte.

    Répondre
  57. Josplume says:

    @Marie : Une belle description de l’amour d’une mère. On y ressent la fierté, la crainte, l’interrogation, tous ces sentiments qu’éprouvent souvent les parents.

    Répondre
  58. Josplume says:

    @Fabrice : Un texte dont le rythme colle parfaitement à la situation. C’est vrai qu’elle a du bagout Olive, comme si ce qu’elle avait à dire avait un caractère d’urgence… J’aime aussi les pointes d’humour.

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  59. Amor-Fati says:

    @Alexandra. Ton texte me rappelle une histoire que racontait mon grand-père. Un type lui avait fait une crasse et il termina son histoire en disant: « Et il en est mort »0 Silence autour de la table,puis il ajouta: »Quarante ans après, mais il est bien mort… » On a la rancune tenace chez les Larrivière de Bois fleuri…

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  60. Amor-Fati says:

    @Sam. Après une première lecture, j’ai relu ton texte en me demandant si, des fois, je n’aurais pas un peu l’esprit mal tourné… Puis, apres la seconde lecture, j’ai jeté un oeil sur les commentaires des « autres ». Bon… Ils ont compris comme moi. Ca va… Merci pour ce joli moment de lecture entre les lignes…

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  61. Amor-Fati says:

    @Cloud.. Tout a fait plausible comme article de critique. De fait, certains artistes ou présumés tels sont des êtres capricieux et invivables. Bien vu et bien écrit.

    Répondre
  62. Amor-Fati says:

    Réincarnation… Qu’ai je été dans une vie antérieure ? Que deviendrai-je dans la prochaine. Avec un vocabulaire riche et de belles tournures, tu nous plonges dans ces interrogations qui ne me sont pas étrangères…

    Répondre
  63. Amor-Fati says:

    @Fabrice. C’est marrant, en lisant ton texte, j’ai dans la tête « Champagne  » de ce cher Higelin… Dans son contenu et dans son rythme… Voilà comment je l’ai vécu ton texte…

    La nuit promet d’être belle
    Car voici qu’au fond du ciel
    Apparaît la lune rousse
    Saisi d’une sainte frousse
    Tout le commun des mortels
    Croit voir le diable à ses trousses

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  64. Amor-Fati says:

    @Valerie… Ce que l’écriture nous réserve quand même… Décrire une plongée sous marine à Belle ile à partir d’une photo d’une petite fille dans l’herbe…. Faut le faire. je pense que tu es partie de la fin, de la tête de bar et que tu as déroulé à l’envers.. En tout cas, c’est très réussi.

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    • Valérie says:

      Oui je ne sais pas bien…je crois que je redoutais de tomber dans un texte sur le rejet des roux et du coup… Assez peu satisfaite de mon texte, j’avoue. Par contre j’ai beaucoup aimé le tien. Tu as su t’appuyer sur cette jolie frimousse et la rendre intemporelle.

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      • Amor-Fati says:

        Merci à toi. Je me suis permis d’insérer ton commentaire sur mon site. A moins que tu ne préfères le remettre à ta manière..

        Répondre
        • Valérie says:

          Pas de pb mais j’avais normalement commenté sur ton site aussi.

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  65. Josplume says:

    @Venusia : On ne peut enfouir le passé, il finit toujours par ressurgir, quelque-soit la carapace. Et quelque part, cela humanise ton personnage.

    Répondre
  66. Josplume says:

    @Valérie : Un texte qui fait rêver, qui fait du bien et qui nous éclaire enfin sur la moue de cette petite fille !

    Répondre
  67. Josplume says:

    @Terjit : Un texte poignant, sans tomber dans le « pathos ». On ressort de la lecture sans réelle tristesse et avec l’impression que cette petite a eu le pouvoir de vivre comme elle le voulait et de partir quand elle l’a voulu. Pour ma part, la dernière phrase me parait importante car elle accentue le pouvoir de l’enfant : On ne lui dit pas que l’on pensera toujours à elle, mais on lui demande de ne pas nous oublier. Cela conclut bien ton texte !

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  68. Amor-Fati says:

    @Alex…A nos ancètres, d’accord, mais Uanadji ?? Kezaco ??

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  69. Venusia says:

    @Fabrice: ouh la la. Elle en a à dire! Je trouve que dans tes textes il y a un soin particulier à décrire le quotidien et la vie intérieure des femmes.

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  70. venusia says:

    @Marie : simplicité, délicatesse, tendresse…
    @Iza : Très joli. Mais qui est Peter Steele ? Ça m’intrigue, je vais chercher…
    @Tara : j’aime beaucoup ton texte. Je lui trouve du rythme, on pourrait presque entendre la voix qui l’énonce… Cette traversée du temps, des époques avec toutes ces références…. ça me donne envie d’en savoir plus sur ces personnages. Merci.
    @Cloud : le style journalistique te va comme un gant ! Et la dernière phrase colore différemment ce texte. Ça m’a fait sourire. Je me suis demandée si Anne Chesnel pourrait vraiment avoir ce recul sur elle-même ?…. Bravo !
    @Sam : ah ah…malin, l’enfance pourrait nous leurrer…. mais la sensualité débordante ne nous trompe pas ! Joli tour de passe passe. Bravo !
    @Alexandra : beaucoup de mystères dans ce texte, on voudrait en savoir plus…. ! Et en même temps tu laisses la part belle au lecteur, celle de l’imagination…

    Répondre
  71. Antigone says:

    Alexandre : je trouve qu’il y a presque une ambiance « roman gothique » dans ton texte… on se demande où est passé la fillette… beaucoup de mystère.
    Sam : très joli texte. J’y retrouve des accents du mien, un même souvenir des plaisirs sucrés et binaires de l’enfance…. mais beaucoup plus de sensualité dans le tien. 😉
    Cloud : j’ai bien souri à l’idée originale de ce court texte, bravo !
    Tara : pas toujours facile à porter cette chevelure flamboyante depuis des siècles…
    Iza : tu sublimes cette photo (pourtant déjà belle) avec ta poésie si riche et évocatrice, bravo.

    Répondre
  72. Antigone says:

    Marie : oh comme c’est joli ce texte, et si bien écrit… toute une palette d’émotions, j’adore, bravo !!
    Fabrice : scotchée par la vitesse de ton texte (speed dating oblige ;)). En réalité, j’ai beaucoup aimé ce portrait sanglant. Bravo pour l’originalité !

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  73. janickmm says:

    Alexandra K : La dureté de l’éducation paternelle fait frémir toute la famille, des pieds à la tête. Joliment tourné et bien conté, devant la comtoise.

    Répondre
  74. janickmm says:

    Sam : Tendre innocence dis-tu ? Il me semble que le petit garçon de neuf ans a largement eut le temps de transformer ses souvenirs d’enfance en exaltation mature.

    Répondre
  75. janickmm says:

    Cloud : Ah ! la jalousie n’est donc pas bonne conseillère.

    Tara : Belles et profondes réflexions d’une jolie rousse à l’effigie aussi de jolies stars du cinéma.

    Iza : Un personnage très riche et multiple.

    Marie : Adorable toutes ces interrogations au coeur d’un moment privilégié.

    Fabrice : Excellent résumé d’un speed dating, je découvre !

    Vénusia : Certains faits de la vie pourraient nous laisser vivre tranquillement alors qu’avec une force inconnue de nous, ils nous bouleversent tout entier et remue tout sur leur passage.

    Valérie : Ce papa devait bien connaître sa fille pour lui faire un tel cadeau.

    Répondre
  76. Antigone says:

    Vénusia : oh tu as vu dans cette photo un cadavre ?! La surprise passée de cet angle choisi j’ai pris un réel plaisir à lire ton texte très bien écrit. On a envie de connaître la suite de cette enquête !
    Valérie : c’est amusant comme l’angle de vue change de texte en texte, j’aime beaucoup le tien.
    Terjit : oh mais toi aussi tu as vu un cadavre dans cette photo ?! 😉 Très chouette texte cela dit aussi !!

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Commentaire :

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