Cultivez votre joie, le reste n’a aucune importance.
Survit-on à sa propre famille, à sa déficience et à sa cruauté ? Ou bien, au contraire, l’enfant ne se construit-il pas en fonction de ce qui a été la norme pour lui ? À jamais bancal, à jamais incomplet.
Voici un roman qui gratte et sème le trouble, complètement hors des normes tant dans l’écriture que dans la narration. Il est question de jumeaux, d’amour entre eux, de construction, de perte des repères, de résilience, de réalisme magique. C’est un roman-monde, un roman qui accouche d’une nouvelle réalité. Celle que se créent les enfants quand ils sont en manque de repères. L’amour, on le prend où on le trouve, parce que c’est un instinct de survie. Et ces jumeaux ne le trouvent qu’entre eux. Alors ils s’aiment, certains appelleraient ça de l’inceste, mais la narration ici possède ce tour de force de le rendre beau. Car innocent. Un pansement sur le monde cruel autour d’eux.
Voici un roman qu’on peut rapprocher de l’univers du conte : l’histoire pourrait se dérouler au début du XIXe comme du XXe, dans la campagne française comme en Guinée, ou en Australie. Un endroit reculé, presque universel, où tout se casse la figure, même le gouvernement.
En lisant ce roman, on pense à du Faulkner pour l’ambiance crue, à la crise de 1929, à ces âmes esseulées, à ces figures sales de pauvreté, mais aussi à du Perrault pour l’enchantement qui affleure toujours. De quelle manière ? Là est le talent d’Antoine Wauters : nous décrire la cruauté et la rendre lumineuse. Un roman servi par l’oxymore. Les personnages courbent l’échine sous les coups, entrouvrent leurs cuisses, crient leur plaisir autant que leur douleur, et laissent malgré tout le lecteur exsangue de leur beauté contenue. Il y a entre ces deux Adam et Eve un petit côté retors, comme si Antoine Wauters avait écrit là un nouvel épisode biblique, mais avec Lilith comme partenaire féminin. Un petit côté alchimiste
Ça pulse, ça envoie et cela reste toujours très poétique. Soufflée j’ai été.
Posez-vous dans votre fauteuil, oubliez tout et criez les mots qui vous viennent. Criez-les plusieurs fois, doucement puis de plus en plus fort. Si vous ne ressentez rien après quelques minutes, c’est hélas qu’on ne peut rien pour vous : sans que vous le sachiez encore, vous êtes morts.
Merci pour la promotion de ce livre qui le mérite ! Il a quand même une certaine inspiration sud-américaine, terre d’origine du « réalisme magique », comme on dit dans les études littéraires, d’où la sorcière qui guide les peuples à la fin… « Un roman-monde », oui mais un roman très court tout de même, peu de pages, c’est cela que j’ai trouvé dommage, on dirait presque une plaisanterie tellement c’est court…
Oui, entièrement d’accord avec toi pour l’inspiration sud-américaine !
Roman court, mais dense, je ne l’ai pas trouvé trop court … Il n’aurait été guère évident d’en faire un roman-fleuve par exemple… Suis pas restée sur ma faim. 😉
Une maison d’édition qui propose des textes hors-norme.
Oui, j’aime beaucoup, même si je n’en lis pas assez.