Une jeune femme cachée derrière ses mains repliées, un pull trop long tiré sur ses poignets et un titre qui pourrait être celui d’un livre de psychothérapie : Comment apprendre à s’aimer de Yukoko Motoya étonne et interpelle.
Linde a du mal à trouver sa place. Toujours en marge des autres, de leurs émotions et de leurs attentes, elle voudrait être davantage prise en considération. Elle pose alors sur le monde un regard étrange, comme décalé, tente de concilier ses aspirations avec celles des autres, mais difficilement.
3 ans, 16, puis 28, 47, 63 … Autant de chapitres qui balaient la vie de cette femme. Qu’est-ce qui fonde un caractère ? Quelles étapes le changeront ? Comment finalement certaines décisions apportent une sérénité certaine ?
Ce sont des instantanés d’une existence. 152 pages pour façonner ce que fut Linde. Une volonté de se faire des amies à 16 ans, une tentative de dîner en amoureux à 28, un achat de guirlandes de Noël : des épisodes futiles ? Nullement, puisque ce sont sur ces petits riens que se fonde notre existence.
Un roman japonais à la fois fort et délicat, d’une gaieté contenue. C’est dans un sourire, ou dans un échange chez le boucher que l’existence de Linde se forge : une vie faite de vide et de non sens ? Et si justement ce sens résidait dans cette accumulation de petits riens ? La somme de ceux-ci seront en effet le miroir de notre existence.
Ne vous attendez pas à des revirements de situation, des coups de théâtre, ou autres grandes histoires d’amour, vous seriez déçu.
N’ouvrez pas non plus ce roman en vous disant que vous trouverez des solutions pour apprendre à vous aimer, vous seriez déçu. En revanche, tel un apologue, le récit vous délivrera un message sous-jacent. Oui, l’existence de Linde, aussi anodine et normale soit-elle, mérite bien qu’on s’y attarde quelques heures. La nôtre aussi, par effet de miroir. Et vous, quel petit rien retiendrez-vous de cette journée qui débute ?
Comment apprendre à s’aimer
Motoya Yukiko
Traduction du japonais par Myriam Dartois-Ako
Philippe Picquier
16 € 50
en librairie le 19 août (distribué par Harmonia Mundi)
J’adore ton montage, pas facile à faire, bravo!
Elle n’est pas super bien centrée mais ça passe ! Sinon j’ai été aidée car seule c’est mission impossible !
Il fait partie des titres de la rentrée que je veux absolument lire. ça peut paraître paradoxal quand on connaît mes goûts de lecteur mais la pudeur et la sensibilité de la littérature japonaise m’ont toujours beaucoup parlé.
C’est bien d’être paradoxal au contraire ! Cela montre une certaine richesse.
oh. Est ce la première traduction de cette auteur japonaise que je ne connais pas ?
à t’écouter, ça ressemble bien à cette douce sensibilité que l’on retrouve chez Ogawa&Kawakami… je vais regarder. Merciii
Je crois bien, oui, que c’est son premier roman traduit en français. L’auteur est bien connu au Japon : son roman « Pique-Nique dans la tempête » a reporté le fameux prix ÔE Kenzaburô. Elle a eu d’autres prix pour ses pièces de théâtre aussi … On retrouve cette sensation d’étrange malaise parfois, le roman fonctionne en miroir sur le lecteur.
Il faudrait que je lise « Les Années douces », toujours sur ma PAL … 🙂
J’aime beaucoup ta présentation, qui donne une idée très précise de ce roman. Il pourrait me plaire (le tout est de le lire au bon moment, quand on se sent disponible à ce genre de lecture).
Merci ! 🙂 Oui, effectivement au début je me demandais quel était le rapport entre le titre et le récit … Et puis, on se rend compte que la narration est une sorte de miroir (à la Stendhal ! 😉 ) … Délicat, sensible … avec une pointe de malaise tout de même, mais on retrouve là une caractéristique de la littérature japonaise.
Oh. vous avez les mêmes yeux souverains qu’A.K. !
Mouarf ! Il semblerait effectivement que j’aie des points communs avec cette Anna … Quel plaisir d’avoir un hôte de marque sur mon blog ! 🙂