Bonjour à tous, voici la nouvelle photographie, elle servira de base pour l’écriture de votre texte. Laissez votre imaginaire vagabonder, la seule contrainte est de « faire parler la photo. »
Les textes sont à déposer dans les commentaires. Mardi, je posterai une nouvelle photo.
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About the author
Alexandra K
Boulivrique et écrivovore J'aime le bon vin, les fromages affinés et la tarte au citron meringuée. (Indices pour me corrompre.)
55 comments
laura vanel-coytte says:
Land art
Ce n’est plus le paysage dans l’art qui fut longtemps un art mineur avant de prendre le devant de la scène au dix-neuvième siècle et surtout grâce aux impressionnismes qui lui donna ses lettres de noblesse au point d’éclipser parfois le paysage de l’art des siècles précédents, de ceux qui firent à la même époque autre chose que l’impressionnisme et de ce qui suivit ce courant si populaire(aujourd’hui mais décrié à l’époque) comme le land art ou « art paysage. »
Le dernier exemple que j’ai vu, l’année dernière, est le parcours « art et architecture » du Château Lacoste[1].
Répondre
Nady says:
Découverte de ce courant de land art grâce à ton texte, merci. Question subsidiaire : pourquoi ce parallèle avec l’impressionnisme (un courant que j’affectionne particulièrement et pour lequel je me déplace souvent en expos 😉 ).
Répondre
laura vanel-coytte says:
Le texte l’explique
Répondre
Nady says:
Ah ok, bon ben j’y retournerai peut être si le temps me le permet pour comprendre, sinon pas grave je survivrai sans réponse à mon interrogation 😉
Je ne connaissais pas, bien que je crois avoir déjà pu observer quelques exemples à Paris.
Répondre
laura vanel-coytte says:
l’art du paysage est partout
Répondre
Anne-Marie says:
Un texte bien court pour initié. Profane : s’abstenir, le Château Lacoste présenté ainsi ne m’attire pas, je vais devoir me priver de ce parcours…
Répondre
laura vanel-coytte says:
dommage pour toi, on y visite aussi les caves et le vin est très bon
Répondre
Cloud says:
C’est très intéressant et très instructif. Merci.
Répondre
laura vanel-coytte says:
merci
Répondre
Nady says:
Hier, toi et moi étions bien ancrés dans nos rôles en société derrière nos masques très travaillés. Plein de préjugés, nous aimions mettre en avant moralité et jugement. Mais ça, c’était avant, quand on se plaisait à avancer avec arrogance et confiance dans un monde où tout était permis.
Aujourd’hui, nous voilà confinés et nos masques tombés. Les lives et visios se multiplient, ouvrant la porte de nos intérieurs sans plus de question. On se dévoile, on crie nos peurs, on décrit même nos quotidiens jusque là fermés et on écrit nos rêves de lendemain dans le vrai !
Et demain, de quoi sera-t-il fait ? Tout est encore incertain mais on sait qu’il existera bien ! Il y en aura d’autres printemps, d’autres étés, automnes et hivers non confinés ! Le soleil, en attendant, continue de briller, la terre de tourner et les oiseaux de chanter. Mais toi et moi, survivants de ce chaos planétaire, mis à terre et giflés par cette crise sanitaire, on se retrouvera debout ensemble dans un extérieur déboussolé. Comment se comportera t on devant une telle situation ? Perso, je n’ai pas la réponse à la question mais une chose est certaine, on avancera masqué. D’ailleurs, as-tu commandé ou fabriqué ton masque pour le déconfinement ?
J’aime beaucoup la façon que tu as d’aborder la photo ! C’est très original, tout en faisant ressortir les interrogations du tout à chacun dans cette étrange époque. Joli tour de force
Répondre
Nady says:
Merci beaucoup Victor de ton retour de lecture 😉 Je ne sais pas si ce sont les interrogations des autres mais ce sont les miennes et elles sont teintées de beaucoup d’inconnu auprès des experts qui m’entourent 😉 Belle fin de week-end à toi
J’aime cette approche et ce texte très rythmé au point que je l’ai lu en le chantonnant dans ma tête 🙂
Répondre
Anne-Marie says:
Un texte qui colle bien à cette période inédite. Le ton est juste et chacun peut s’y retrouver.
Répondre
Nady says:
Merci beaucoup Anne-Marie pour ton retour de lecture. Beaucoup de questions m’assaillent encore pendant la digestion de ce trauma collectif mais petit à petit les pistes de réflexion des uns et des autres viennent nourrir ces réflexions et pour l’Après on verra bien 😉 .
Tu n’as pas écrit ? Sympa de nous lire. Belle semaine.
Répondre
Cloud says:
Bien vu, Nady ! Le lien entre la photo et la situation actuelle est vraiment bien amené. Les incertitudes sur l’avenir sont bien décrites, et je retiens que la force pour les affronter s’appuie sur la cohésion du couple.
Répondre
Nady says:
Merci Claude pour ton retour de lecture 😉 j’y voyais plus une altérité dans l’Humanité qu’un couple car avancer masqué en couple peut faire des ravages hihihi grosses bises
Répondre
laura vanel-coytte says:
Désolée si je ne suis pas dans ces questions à propos du confinement mais l’après veuvage: presque 6 mois et je n’ai pas les réponses
Tout le monde se plaint du confinement
et ne parle que de ça
Répondre
Nady says:
Qui se plaint là ? Et quand bien même le monde s’en plaindrait, où est le problème ? Tout le monde est libre ici bas de gémir sur ce qui lui plait non ?
Je n’y ai pas vu de plainte mais des questionnements bien légitimes en ces temps troublés et même une fin optimiste 😀
Répondre
Nady says:
merci pur ton retour de lecture 😉
Répondre
Anne-Marie says:
Oui pourquoi se priver d’en parler, de l’écrire, de le mettre en musique, liberté de mouvement réduite mais la liberté de penser, de s’exprimer jamais ne faiblira. Bravo Nady.
A quelques encablures d’Eiffel, deux têtes murales, accolées à un parking, se lamentent :
– Mais où sont-ils tous passés ? Mon dieu, plus de paroles, plus de brouhaha, plus le son des pneus qui crissent contre nos crânes, plus un seul visage à contempler, plus rien…
– C’est terrible, ils ont déserté, d’un coup, d’un seul, sans parler, sans se concerter… Quelque chose de terrible a dû se produire, je ne vois pas d’autre solution, ma chère !
– Et nous ? Devons-nous rester là ? Nous ne sommes rien du tout, à peine deux têtes sur lesquelles on s’exclame en entrant ou sortant de son véhicule… Donnez-nous au moins des jambes, que l’on puisse s’enfuir avec vous !
– Mon dieu, ma chérie, je ne peux pas même te voir, encore moins sourire, là de suite, je me sens perdue, définitivement perdue…
Silence prolongée. On entend à peine le bourdonnement des oiseaux.
– Quelle angoisse, l’enfer…
– Chères têtes, avec ce calme et le vent tournant, votre conversation me vint aux barreaux. Effectivement, les humains nous ont quitté pour un temps. Cloîtrés chez eux à cause d’une maladie, que l’on nomme Covid-19, pour un temps indéterminé. Ici, au centre de Paris, on en croise à peine quelques uns en journée, c’est encore Seine qui en voit le plus, le soir, lorsque certains dissidents se trouvent une passion soudaine pour la course à pied.
– Nous sommes tous délaissés, madame Eiffel, tous…
– Au contraire, chers enfants. Nous voilà libérés. Entendez-vous ce calme ? Voyez-vous comme le ciel et l’horizon sont clairs ? Plus de bruit, plus de pollution, plus rien. Pour un temps seulement, que c’est bon. Vous parliez d’enfer… Pour nous autres monuments, dans l’époque qui est celle-ci, l’Enfer, c’est les autres, croyez-moi bien. Profitez, à présent.
Alors les visages se turent, et savourèrent pour la première fois le plaisir des caresses du vent, des rayons de soleil, sans que rien ne viennent les distraire.
– On s’y habituerait presque, n’est-ce pas ?
Répondre
Nady says:
Excellent ton dialogue Victor ! J’ai adoré ! Il faut vraiment que je m’y essaie aux dialogue, Laurent m’en avait donné l’idée mais ce n’est pas encore un réflexe… J’ai beaucoup aimé aussi l’optimisme de la Tour Eiffel qui est parvenu à faire changer la pensée des 2 têtes qui semblaient voir le verre à moitié vide ! Comme quoi, ça marche vraiment de penser positif, on s’y habituerait presque, pour sûr ! 😉
ps : quand tu as parlé d’enfer j’ai pensé à la porte de l’enfer chez Rodin, à quoi elle doit penser elle en ce moment ? hihihi
Idée originale ce tête à tête. J’aime la manière dont la situation inhabituelle entraîne l’inquiétude pour, d’une pirouette causée par la dame de fer, muer en bien-être.
Répondre
Cloud says:
Bravo. Très bien ces dialogues. Ils résument bien le paradoxe qui réside en chacun d’entre nous, bousculés par le drame et amenés à y trouver des bienfaits colatéraux.
Répondre
Kroum says:
Ces deux-là savaient qu’en amour, pour demain, ils n’en savaient rien. Ils avaient été échaudés chacun de leur côté par des histoires parfois sans lendemain ou d’autres fois qu’ils pensaient finir par « c’est pour la vie ».
Ils avançaient sereinement dans leur petit bonhomme de chemin, construisant ça et là des trésors qui les rendaient fiers. Mais ils gardaient toujours l’espoir de rencontrer cet autre qui pourrait les serrer encore très fort. Ça fait du bien d’avoir des mains qui ne se lassent jamais du corps de l’autre et un esprit toujours présent pour stimuler d’enrichissantes conversations.
Tous deux attendaient, sans le chercher vraiment, la flamme qui viendrait réveiller leur désir tout entier.
Cette rencontre arriva fin février. Il y a eu un regard, puis quelques mots échangés, un premier verre, un diner, un second, des baisers, des caresses et tout ce qui s’ensuit.
Jamais rassasiés du corps de l’autre et de leurs discussions ensemble, c’est épuisés d’un câlin torride mais ravis qu’ils se retrouvèrent ce soir du 16 mars 2020 devant un poste de télévision à écouter l’allocution présidentielle : le pays devait faire face à un ennemi invisible et des règles drastiques allaient s’appliquer, à commencer par un confinement de la population pour une durée indéterminée.
Ils se regardèrent. Leur histoire venait juste de commencer et voilà qu’une guerre était déclarée. Mais aucun d’eux n’avait à aller au front et ils ne s’imaginaient pas une seule seconde voir leur corps se séparer.
Aussi, d’un commun accord, ils décidèrent de continuer à s’apprivoiser dans un quotidien ordinaire pendant cette période extraordinaire. C’était une décision plutôt risquée mais le moment était aussi assez grave pour qu’ils fassent confiance à leur intuition en connivence.
Ils ont eu une demi-journée pour organiser la venue de l’un chez l’autre. Aujourd’hui cela fait un mois et deux jours qu’on aperçoit ces 2 héros de l’amour applaudir au balcon à 20h, plus amoureux que jamais et tendrement enlacés.
Ces deux-là se sont trouvés et se sont confinés comme d’autres se pacsent. On leur souhaite de ne pas se perdre lors du déconfinement, ils ont l’air bien partis.
Répondre
Cloud says:
Une belle histoire qui fait rêver. Je pense qu’elle fera aussi rêver ce couple pour de longues années quelque soit l’issue de leur amour. A eux de la magnifier et d sortir le moins possible…
Les visages géants avaient directement accroché mon regard quand j’étais arrivé dans la ville. Je cherchais un parking et, quand je vis ces visages inexpressifs, je sus que je l’avais trouvé. Ce serait là et nulle part ailleurs que je laisserais la voiture que j’avais volée le matin même.
Inexpressifs, ils l’étaient de prime abord mais en y regardant de plus près, ils semblaient un peu tristes aussi voire blasés mais, heureusement, pas désapprobateurs. Ma conscience n’était pas tranquille depuis que j’avais crocheté la serrure de ce véhicule mais je n’avais pas vraiment eu le choix. Je devais quitter la ville de toute urgence et mes maigres moyens ne me laissaient aucune alternative.
Je m’arrangeai pour garer la voiture dans un coin sombre afin que les caméras de surveillance ne puissent pas donner matière aux forces de l’ordre à faire de moi un portrait trop précis.
Je quittai nonchalamment le parking après avoir jeté le ticket pris à la borne d’entrée en dissimulant au maximum mon visage sous ma casquette.
Je me tournai une dernière fois vers les visages, leur adressai un signe de connivence et disparus dans les méandres de cette autre ville où mon avenir allait se jouer…
Répondre
Nady says:
Waouuuu, ni vu ni connu hihihi qui dit qu’il n’y a pas de caméra sur ces 2 masques géants ? Ta description était tellement bien faite que j’étais dans la peau de ton personnage avec ses craintes 😉 Bonne semaine
Ah ben zut alors, je n’ai pas pensé aux caméras dans les masques, et je les ai regardés bien en face! Je n’ai plus qu’à fuir encore plus loin ou a changer de tête 😉
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Nady says:
Hihihi, tu m’as fait faire ma séance d’abdos du jour là 😉
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Anne-Marie says:
Trop court Photonanie, j’aurai tellement aimé pouvoir continuer la lecture, le lecteur était captif dès les premières lignes… Merci.
Merci Anne-Marie. C’est bien aussi de rester sur sa faim et de passer à autre chose ou d’imaginer la suite souhaitée 😉
Je dis ça pour justifier la « longueur » du texte bien sûr 😀
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Cloud says:
Bien raconté ! Cette complicité entre ce délinquant occasionnel (c’est moi qui le dit) et ces statues monumentales imperturbables est attendrissant. Je lui souhaite un bel avenir dans cette autre ville, et cela me donne envie que tu racontes la suite…
Depuis quelques jours, mes lavabos me parlent. Je vous assure. Des gloup et des bloublou pour un oui ou un non. Je tends l’oreille, j’essaie d’y voir clair, mais j’ai le traducteur interne qui fait des siennes. Jusqu’à ce que ce matin, enfin, les deux étranges interlocuteurs apparaissent. Comme ça, l’air de rien, alors que je prenais ma douche aussi chaude qu’à mon habitude. La pièce s’est embuée. Un véritable hammam. La température a grimpé et mes deux miroirs, ronds comme deux roues de vélo, ont pris vie. Et ils m’ont souri ! Juste un bref instant. Ensuite, ils m’ont regardée avec leurs noisettes à la place des yeux, et ils ont fait grise mine, le sourire à plat. Ils ont écarquillé les pupilles, ont battu des cils et se sont présentés. Nous sommes Bric et Broc, m’ont-ils dit. Et nous vivons dans tes canalisations, le temps du confinement. Ensuite, nous filerons rejoindre le ruisseau du village, c’est notre chez-nous. Pardon pour les nuisances sonores, ont-ils ajouté, mais faut qu’on bouge, qu’on se remue, qu’on respire, ne serait-ce qu’un peu. A votre aise, ai-je répondu.
Et je suis partie travailler dans mon petit bureau, au bout du couloir, en me disant que ce n’était pas rien, tout de même, de confiner avec deux esprits minéraux.
Répondre
Anne-Marie says:
Je me suis imaginée en face de Bric et Broc, une belle historiette qui nous emporte et se moque allègrement des viscitudes d’un confinement imposé. Bravo.
Sympa! Ça m’a rappelé l’Écume des Jours, c’est dire…
Répondre
Cloud says:
Un bien joli conte. Et la présence de ces deux lutins bienfaisants, apparemment plus hydros qu’alcooliques doit rassurer dans ce confinement. Belle histoire. Bravo.
Répondre
Miss Marple says:
Bonsoir..que de textes sur cette image qui nous a parlé!!
Que sont tes crèmes devenues
et tes onguents si cher payés ?
As tu rangé les tiroirs
de la salle de bains
que tu ne regardes plus le miroir.
As tu trié les fonds de teint ?
J’aimais bien tes yeux mordorés
soulignés de khol, un trait
juste au bord des cils
puis le halo que tu dessinais
en banane sur la paupière mobile
avant de poser le sfumato
tout en haut.
Et ta bouche trop fine
car tu ne l’as plus ourlée
de crayon à lèvres
de la couleur idoine.
Crois tu que je n’ai pas remarqué
les racines claires
sous la couleur délavée
et les longueurs inégales.
Il est temps de se reprendre
de ressortir les crèmes et les onguents
les peignes et les pinceaux
il est temps de se refaire beaux.
C’est le printemps !
Et si on se faisait beau juste pour soi-même parce que ce qu’on voit alors dans le miroir est bon pour le moral?
Ça me fait penser à cette blague qui circule: demain je sors les poubelles, je me demande comment je vais m’habiller 😀
Répondre
Cloud says:
Chouette poème plein de fraîcheur et d’espérance. Grâce à son rythme, Il se lit avec grand plaisir .
Répondre
Cloud says:
– Tu n’en as pas marre de regarder toujours dans le même sens ?
– Non, et toi ?
– J’ai l’impression que je loupe une partie de ma vie. Je ne peux pas voir les gens qui
marchent à nos pieds, s’activent, discutent, s’embrassent,…
– Oui, mais nous voyons le lointain, le soleil qui se couche, l’horizon,… L’horizon, c’est
l’avenir, l’espérance,… Et cela nous donne la chance de garder toujours une hauteur de
vue.
– Il doit se passer tant de choses que nous ne soupçonnons pas. Tant de détails nous
échappent. Comment se faire une idée d’un monde que nous ne voyons pas ?
– Les bruits de la place nous en apprennent assez. On entend les conversations, les
rires, les musiques, les manifestations. Cela nous suffit. Et ce que les hommes
prétendent comprendre du monde me semble quand même limité.
– Peut-être… Mais l’amour ? je ne sais même pas comment font les hommes et les
femmes pour s’aimer.
– « S’aimer, disait le renard du Petit Prince, c’est regarder l’un et l’autre dans la même
direction. »
– Ah, c’est donc çà ? Alors, je t’aime…
Répondre
Cloud says:
Désolé. Mauvaise saisie de mon texte précédent qui devient difficile à la lecture.
Voilà mieux :
– Tu n’en as pas marre de regarder toujours dans le même sens ?
– Non, et toi ?
– J’ai l’impression que je loupe une partie de ma vie. Je ne peux pas voir les gens qui marchent à nos pieds, s’activent, discutent, s’embrassent,…
– Oui, mais nous voyons le lointain, le soleil qui se couche, l’horizon,… L’horizon, c’est l’avenir, l’espérance,… Et cela nous donne la chance de garder toujours une hauteur de vue.
– Il doit se passer tant de choses que nous ne soupçonnons pas. Tant de détails nous échappent. Comment se faire une idée d’un monde que nous ne voyons pas ?
– Les bruits de la place nous en apprennent assez. On entend les conversations, les rires, les musiques, les manifestations. Cela nous suffit. Et ce que les hommes prétendent comprendre du monde me semble quand même limité.
– Peut-être… Mais l’amour ? je ne sais même pas comment font les hommes et les femmes pour s’aimer.
– « S’aimer, disait le renard du Petit Prince, c’est regarder l’un et l’autre dans la même direction. »
– Ah, c’est donc çà ? Alors, je t’aime…
Répondre
Nady says:
Waouuuuu ! Superbe ton dialogue mon cher Claude ! Une belle pensée philosophique s’en dégage dès le début et ce final qui me fait fondre !!! Super and congrats !!
Ps : bon, on n’est pas obligé de regarder tout le temps dans la même direction pour s’aimer hein, à force ça en devient même lassant et c’est au contraire parfois intéressant d’avoir des visions opposées et les confronter via une belle communication mais là je m’égare hihihi gros bisous
C’est peut-être en regardant partout tout le temps qu’on ne voit plus rien d’essentiel finalement. Et puis, Saint-Ex ne disait-il pas qu’ « on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».
Répondre
Nicole OLLIER says:
Le printemps vous inspire de façon extraordinaire et me laisse émerveillée. Tout cela pour deux masques jumeaux, au regard mélancolique et rêveur, qui regardent passer les nuages, les oiseaux, les rares passants; deux êtres confinés dans la contemplation, du haut d’un perchoir où tout se duplique à la Andy Warhol. La vie est figée, les traits du visage sont des traces de maquillage indien, les Nations premières du Nouveau Monde. Ces masques fascinent, car ils dévoilent et reflètent autant qu’ils dissimulent, leur mystère renvoie à nos fantasmes, nos espoirs, notre désir d’évasion, nos craintes. Leur chair est minérale, lisse comme un masque No mais striée. Dans ces stries, les marques des effleurements de l’époque, équivoque.. Où même les joggueurs en contre-bas sortent eux aussi masqués, évitent leurs congénères, suivent, impassibles, leur chemin sans but en ahanant. Répétition et dédoublement encore. Et credo en l’absurdité du monde et en le sens de l’insignifiant, ces petits pas répétés sur l’asphalte en prenant une respiration entravée, pour voir la Seine ou les arbres, prendra la bise sur ce qui reste découvert du visage, et avoir rempli son contrat de sueur quotidienne et d’agitation.
Répondre
Cloud says:
Bravo pour ce texte. Ce parallèle entre les masques amérindiens qui extériorisent une symbolique et les masques des joggers cachant leur peur, me plaît beaucoup. Tandis que les statues contemplent les étoiles, les coureurs regardent l’asphalte.
J’aime bien aussi ce lien, cette comparaison entre les masques. Très bonne idée.
Répondre
Nicole OLLIER says:
Il me semble que la sauce a pris comme jamais, c’est magnifique. J’adore vos dialogues ou vos méditations. Puis-je continuer à suivre le regard des masques ?
En bas il y a un square, et ce square a été bouclé par la police municipale : il y avait des abus, les gens se frôlaient, se rassemblaient, on y avait vu pique-niquer, des amoureux s’y donner rendez-vous, de jeunes loubards y traîner leurs guêtres pour s’évader de leurs appartements de HLM exigus et surpeuplés, des chiens gambader sans laisse. Tout cette vie spontanée était contraire aux règles, Big Brother avait sévi, enrubanné les grilles désormais verrouillées. Il ne restait plus grand chose à contempler, sinon les oiseaux dan les arbres centenaires, encore plus vocaux ; un chien errant qui avait l’air de savoir où il courait, un vieux monsieur masqué venu chercher sa baguette chez le boulanger, un plus jeune s’engouffrer chez le buraliste pour sa dose de nicotine hebdomadaire, une jeune femme avec son caddie partie ravitaille sa maisonnée. Etrange comme ce ravitaillement avait pris des proportions gigantesques. Le mercredi, jour de marché, des vigiles encadraient militairement une file de clients masqués eux aussi, sous des parapluies qui cachaient leur tête toute entière. Patiemment, ils se laissaient gendarmer, et tendaient avec obéissance leurs mains gantées pour effleurer de leur carte la machine enregistreuse de commerçants peu amènes qui leur tendaient en échange des sacs de légumes déjà emballés dans e grands sacs. Obligeamment, presque silencieusement, la file avançait et se dispersait, aussitôt reformée. Balai morne et mécanique de consommation canalisée, téléguidée, aseptisée. La distance des masques contemplateurs n’avait d’égale que celle des personnages consommateurs masqués, en qui ne se lisaient si jovialité ni fantaisie. Mais un jour peut-être verrait-il le soleil clore leurs parapluies, balayer leurs imperméables, un jour peut-être de nouvelles règles les démasqueraient-elles. Sauf ces femmes voilées qu’ils avaient toujours connues telles mais dont le regard savait pétiller. Un jour certainement..
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Land art
Ce n’est plus le paysage dans l’art qui fut longtemps un art mineur avant de prendre le devant de la scène au dix-neuvième siècle et surtout grâce aux impressionnismes qui lui donna ses lettres de noblesse au point d’éclipser parfois le paysage de l’art des siècles précédents, de ceux qui firent à la même époque autre chose que l’impressionnisme et de ce qui suivit ce courant si populaire(aujourd’hui mais décrié à l’époque) comme le land art ou « art paysage. »
Le dernier exemple que j’ai vu, l’année dernière, est le parcours « art et architecture » du Château Lacoste[1].
Découverte de ce courant de land art grâce à ton texte, merci. Question subsidiaire : pourquoi ce parallèle avec l’impressionnisme (un courant que j’affectionne particulièrement et pour lequel je me déplace souvent en expos 😉 ).
Le texte l’explique
Ah ok, bon ben j’y retournerai peut être si le temps me le permet pour comprendre, sinon pas grave je survivrai sans réponse à mon interrogation 😉
Je ne connaissais pas, bien que je crois avoir déjà pu observer quelques exemples à Paris.
l’art du paysage est partout
Un texte bien court pour initié. Profane : s’abstenir, le Château Lacoste présenté ainsi ne m’attire pas, je vais devoir me priver de ce parcours…
dommage pour toi, on y visite aussi les caves et le vin est très bon
C’est très intéressant et très instructif. Merci.
merci
Hier, toi et moi étions bien ancrés dans nos rôles en société derrière nos masques très travaillés. Plein de préjugés, nous aimions mettre en avant moralité et jugement. Mais ça, c’était avant, quand on se plaisait à avancer avec arrogance et confiance dans un monde où tout était permis.
Aujourd’hui, nous voilà confinés et nos masques tombés. Les lives et visios se multiplient, ouvrant la porte de nos intérieurs sans plus de question. On se dévoile, on crie nos peurs, on décrit même nos quotidiens jusque là fermés et on écrit nos rêves de lendemain dans le vrai !
Et demain, de quoi sera-t-il fait ? Tout est encore incertain mais on sait qu’il existera bien ! Il y en aura d’autres printemps, d’autres étés, automnes et hivers non confinés ! Le soleil, en attendant, continue de briller, la terre de tourner et les oiseaux de chanter. Mais toi et moi, survivants de ce chaos planétaire, mis à terre et giflés par cette crise sanitaire, on se retrouvera debout ensemble dans un extérieur déboussolé. Comment se comportera t on devant une telle situation ? Perso, je n’ai pas la réponse à la question mais une chose est certaine, on avancera masqué. D’ailleurs, as-tu commandé ou fabriqué ton masque pour le déconfinement ?
J’aime beaucoup la façon que tu as d’aborder la photo ! C’est très original, tout en faisant ressortir les interrogations du tout à chacun dans cette étrange époque. Joli tour de force
Merci beaucoup Victor de ton retour de lecture 😉 Je ne sais pas si ce sont les interrogations des autres mais ce sont les miennes et elles sont teintées de beaucoup d’inconnu auprès des experts qui m’entourent 😉 Belle fin de week-end à toi
J’aime cette approche et ce texte très rythmé au point que je l’ai lu en le chantonnant dans ma tête 🙂
Un texte qui colle bien à cette période inédite. Le ton est juste et chacun peut s’y retrouver.
Merci beaucoup Anne-Marie pour ton retour de lecture. Beaucoup de questions m’assaillent encore pendant la digestion de ce trauma collectif mais petit à petit les pistes de réflexion des uns et des autres viennent nourrir ces réflexions et pour l’Après on verra bien 😉 .
Tu n’as pas écrit ? Sympa de nous lire. Belle semaine.
Bien vu, Nady ! Le lien entre la photo et la situation actuelle est vraiment bien amené. Les incertitudes sur l’avenir sont bien décrites, et je retiens que la force pour les affronter s’appuie sur la cohésion du couple.
Merci Claude pour ton retour de lecture 😉 j’y voyais plus une altérité dans l’Humanité qu’un couple car avancer masqué en couple peut faire des ravages hihihi grosses bises
Désolée si je ne suis pas dans ces questions à propos du confinement mais l’après veuvage: presque 6 mois et je n’ai pas les réponses
Tout le monde se plaint du confinement
et ne parle que de ça
Qui se plaint là ? Et quand bien même le monde s’en plaindrait, où est le problème ? Tout le monde est libre ici bas de gémir sur ce qui lui plait non ?
Je n’y ai pas vu de plainte mais des questionnements bien légitimes en ces temps troublés et même une fin optimiste 😀
merci pur ton retour de lecture 😉
Oui pourquoi se priver d’en parler, de l’écrire, de le mettre en musique, liberté de mouvement réduite mais la liberté de penser, de s’exprimer jamais ne faiblira. Bravo Nady.
A quelques encablures d’Eiffel, deux têtes murales, accolées à un parking, se lamentent :
– Mais où sont-ils tous passés ? Mon dieu, plus de paroles, plus de brouhaha, plus le son des pneus qui crissent contre nos crânes, plus un seul visage à contempler, plus rien…
– C’est terrible, ils ont déserté, d’un coup, d’un seul, sans parler, sans se concerter… Quelque chose de terrible a dû se produire, je ne vois pas d’autre solution, ma chère !
– Et nous ? Devons-nous rester là ? Nous ne sommes rien du tout, à peine deux têtes sur lesquelles on s’exclame en entrant ou sortant de son véhicule… Donnez-nous au moins des jambes, que l’on puisse s’enfuir avec vous !
– Mon dieu, ma chérie, je ne peux pas même te voir, encore moins sourire, là de suite, je me sens perdue, définitivement perdue…
Silence prolongée. On entend à peine le bourdonnement des oiseaux.
– Quelle angoisse, l’enfer…
– Chères têtes, avec ce calme et le vent tournant, votre conversation me vint aux barreaux. Effectivement, les humains nous ont quitté pour un temps. Cloîtrés chez eux à cause d’une maladie, que l’on nomme Covid-19, pour un temps indéterminé. Ici, au centre de Paris, on en croise à peine quelques uns en journée, c’est encore Seine qui en voit le plus, le soir, lorsque certains dissidents se trouvent une passion soudaine pour la course à pied.
– Nous sommes tous délaissés, madame Eiffel, tous…
– Au contraire, chers enfants. Nous voilà libérés. Entendez-vous ce calme ? Voyez-vous comme le ciel et l’horizon sont clairs ? Plus de bruit, plus de pollution, plus rien. Pour un temps seulement, que c’est bon. Vous parliez d’enfer… Pour nous autres monuments, dans l’époque qui est celle-ci, l’Enfer, c’est les autres, croyez-moi bien. Profitez, à présent.
Alors les visages se turent, et savourèrent pour la première fois le plaisir des caresses du vent, des rayons de soleil, sans que rien ne viennent les distraire.
– On s’y habituerait presque, n’est-ce pas ?
Excellent ton dialogue Victor ! J’ai adoré ! Il faut vraiment que je m’y essaie aux dialogue, Laurent m’en avait donné l’idée mais ce n’est pas encore un réflexe… J’ai beaucoup aimé aussi l’optimisme de la Tour Eiffel qui est parvenu à faire changer la pensée des 2 têtes qui semblaient voir le verre à moitié vide ! Comme quoi, ça marche vraiment de penser positif, on s’y habituerait presque, pour sûr ! 😉
ps : quand tu as parlé d’enfer j’ai pensé à la porte de l’enfer chez Rodin, à quoi elle doit penser elle en ce moment ? hihihi
Idée originale ce tête à tête. J’aime la manière dont la situation inhabituelle entraîne l’inquiétude pour, d’une pirouette causée par la dame de fer, muer en bien-être.
Bravo. Très bien ces dialogues. Ils résument bien le paradoxe qui réside en chacun d’entre nous, bousculés par le drame et amenés à y trouver des bienfaits colatéraux.
Ces deux-là savaient qu’en amour, pour demain, ils n’en savaient rien. Ils avaient été échaudés chacun de leur côté par des histoires parfois sans lendemain ou d’autres fois qu’ils pensaient finir par « c’est pour la vie ».
Ils avançaient sereinement dans leur petit bonhomme de chemin, construisant ça et là des trésors qui les rendaient fiers. Mais ils gardaient toujours l’espoir de rencontrer cet autre qui pourrait les serrer encore très fort. Ça fait du bien d’avoir des mains qui ne se lassent jamais du corps de l’autre et un esprit toujours présent pour stimuler d’enrichissantes conversations.
Tous deux attendaient, sans le chercher vraiment, la flamme qui viendrait réveiller leur désir tout entier.
Cette rencontre arriva fin février. Il y a eu un regard, puis quelques mots échangés, un premier verre, un diner, un second, des baisers, des caresses et tout ce qui s’ensuit.
Jamais rassasiés du corps de l’autre et de leurs discussions ensemble, c’est épuisés d’un câlin torride mais ravis qu’ils se retrouvèrent ce soir du 16 mars 2020 devant un poste de télévision à écouter l’allocution présidentielle : le pays devait faire face à un ennemi invisible et des règles drastiques allaient s’appliquer, à commencer par un confinement de la population pour une durée indéterminée.
Ils se regardèrent. Leur histoire venait juste de commencer et voilà qu’une guerre était déclarée. Mais aucun d’eux n’avait à aller au front et ils ne s’imaginaient pas une seule seconde voir leur corps se séparer.
Aussi, d’un commun accord, ils décidèrent de continuer à s’apprivoiser dans un quotidien ordinaire pendant cette période extraordinaire. C’était une décision plutôt risquée mais le moment était aussi assez grave pour qu’ils fassent confiance à leur intuition en connivence.
Ils ont eu une demi-journée pour organiser la venue de l’un chez l’autre. Aujourd’hui cela fait un mois et deux jours qu’on aperçoit ces 2 héros de l’amour applaudir au balcon à 20h, plus amoureux que jamais et tendrement enlacés.
Ces deux-là se sont trouvés et se sont confinés comme d’autres se pacsent. On leur souhaite de ne pas se perdre lors du déconfinement, ils ont l’air bien partis.
Une belle histoire qui fait rêver. Je pense qu’elle fera aussi rêver ce couple pour de longues années quelque soit l’issue de leur amour. A eux de la magnifier et d sortir le moins possible…
Voici ma participation que vous pourrez également retrouver sur https://photonanie.com/2020/04/19/brick-a-book-365/
Les visages géants avaient directement accroché mon regard quand j’étais arrivé dans la ville. Je cherchais un parking et, quand je vis ces visages inexpressifs, je sus que je l’avais trouvé. Ce serait là et nulle part ailleurs que je laisserais la voiture que j’avais volée le matin même.
Inexpressifs, ils l’étaient de prime abord mais en y regardant de plus près, ils semblaient un peu tristes aussi voire blasés mais, heureusement, pas désapprobateurs. Ma conscience n’était pas tranquille depuis que j’avais crocheté la serrure de ce véhicule mais je n’avais pas vraiment eu le choix. Je devais quitter la ville de toute urgence et mes maigres moyens ne me laissaient aucune alternative.
Je m’arrangeai pour garer la voiture dans un coin sombre afin que les caméras de surveillance ne puissent pas donner matière aux forces de l’ordre à faire de moi un portrait trop précis.
Je quittai nonchalamment le parking après avoir jeté le ticket pris à la borne d’entrée en dissimulant au maximum mon visage sous ma casquette.
Je me tournai une dernière fois vers les visages, leur adressai un signe de connivence et disparus dans les méandres de cette autre ville où mon avenir allait se jouer…
Waouuuu, ni vu ni connu hihihi qui dit qu’il n’y a pas de caméra sur ces 2 masques géants ? Ta description était tellement bien faite que j’étais dans la peau de ton personnage avec ses craintes 😉 Bonne semaine
Ah ben zut alors, je n’ai pas pensé aux caméras dans les masques, et je les ai regardés bien en face! Je n’ai plus qu’à fuir encore plus loin ou a changer de tête 😉
Hihihi, tu m’as fait faire ma séance d’abdos du jour là 😉
Trop court Photonanie, j’aurai tellement aimé pouvoir continuer la lecture, le lecteur était captif dès les premières lignes… Merci.
Merci Anne-Marie. C’est bien aussi de rester sur sa faim et de passer à autre chose ou d’imaginer la suite souhaitée 😉
Je dis ça pour justifier la « longueur » du texte bien sûr 😀
Bien raconté ! Cette complicité entre ce délinquant occasionnel (c’est moi qui le dit) et ces statues monumentales imperturbables est attendrissant. Je lui souhaite un bel avenir dans cette autre ville, et cela me donne envie que tu racontes la suite…
Merci Claude. Un délinquant confirmé aurait pensé à se méfier des caméras dans les masques 😉 Une suite, pourquoi pas…:-)
Depuis quelques jours, mes lavabos me parlent. Je vous assure. Des gloup et des bloublou pour un oui ou un non. Je tends l’oreille, j’essaie d’y voir clair, mais j’ai le traducteur interne qui fait des siennes. Jusqu’à ce que ce matin, enfin, les deux étranges interlocuteurs apparaissent. Comme ça, l’air de rien, alors que je prenais ma douche aussi chaude qu’à mon habitude. La pièce s’est embuée. Un véritable hammam. La température a grimpé et mes deux miroirs, ronds comme deux roues de vélo, ont pris vie. Et ils m’ont souri ! Juste un bref instant. Ensuite, ils m’ont regardée avec leurs noisettes à la place des yeux, et ils ont fait grise mine, le sourire à plat. Ils ont écarquillé les pupilles, ont battu des cils et se sont présentés. Nous sommes Bric et Broc, m’ont-ils dit. Et nous vivons dans tes canalisations, le temps du confinement. Ensuite, nous filerons rejoindre le ruisseau du village, c’est notre chez-nous. Pardon pour les nuisances sonores, ont-ils ajouté, mais faut qu’on bouge, qu’on se remue, qu’on respire, ne serait-ce qu’un peu. A votre aise, ai-je répondu.
Et je suis partie travailler dans mon petit bureau, au bout du couloir, en me disant que ce n’était pas rien, tout de même, de confiner avec deux esprits minéraux.
Je me suis imaginée en face de Bric et Broc, une belle historiette qui nous emporte et se moque allègrement des viscitudes d’un confinement imposé. Bravo.
Sympa! Ça m’a rappelé l’Écume des Jours, c’est dire…
Un bien joli conte. Et la présence de ces deux lutins bienfaisants, apparemment plus hydros qu’alcooliques doit rassurer dans ce confinement. Belle histoire. Bravo.
Bonsoir..que de textes sur cette image qui nous a parlé!!
Que sont tes crèmes devenues
et tes onguents si cher payés ?
As tu rangé les tiroirs
de la salle de bains
que tu ne regardes plus le miroir.
As tu trié les fonds de teint ?
J’aimais bien tes yeux mordorés
soulignés de khol, un trait
juste au bord des cils
puis le halo que tu dessinais
en banane sur la paupière mobile
avant de poser le sfumato
tout en haut.
Et ta bouche trop fine
car tu ne l’as plus ourlée
de crayon à lèvres
de la couleur idoine.
Crois tu que je n’ai pas remarqué
les racines claires
sous la couleur délavée
et les longueurs inégales.
Il est temps de se reprendre
de ressortir les crèmes et les onguents
les peignes et les pinceaux
il est temps de se refaire beaux.
C’est le printemps !
Et si on se faisait beau juste pour soi-même parce que ce qu’on voit alors dans le miroir est bon pour le moral?
Ça me fait penser à cette blague qui circule: demain je sors les poubelles, je me demande comment je vais m’habiller 😀
Chouette poème plein de fraîcheur et d’espérance. Grâce à son rythme, Il se lit avec grand plaisir .
– Tu n’en as pas marre de regarder toujours dans le même sens ?
– Non, et toi ?
– J’ai l’impression que je loupe une partie de ma vie. Je ne peux pas voir les gens qui
marchent à nos pieds, s’activent, discutent, s’embrassent,…
– Oui, mais nous voyons le lointain, le soleil qui se couche, l’horizon,… L’horizon, c’est
l’avenir, l’espérance,… Et cela nous donne la chance de garder toujours une hauteur de
vue.
– Il doit se passer tant de choses que nous ne soupçonnons pas. Tant de détails nous
échappent. Comment se faire une idée d’un monde que nous ne voyons pas ?
– Les bruits de la place nous en apprennent assez. On entend les conversations, les
rires, les musiques, les manifestations. Cela nous suffit. Et ce que les hommes
prétendent comprendre du monde me semble quand même limité.
– Peut-être… Mais l’amour ? je ne sais même pas comment font les hommes et les
femmes pour s’aimer.
– « S’aimer, disait le renard du Petit Prince, c’est regarder l’un et l’autre dans la même
direction. »
– Ah, c’est donc çà ? Alors, je t’aime…
Désolé. Mauvaise saisie de mon texte précédent qui devient difficile à la lecture.
Voilà mieux :
– Tu n’en as pas marre de regarder toujours dans le même sens ?
– Non, et toi ?
– J’ai l’impression que je loupe une partie de ma vie. Je ne peux pas voir les gens qui marchent à nos pieds, s’activent, discutent, s’embrassent,…
– Oui, mais nous voyons le lointain, le soleil qui se couche, l’horizon,… L’horizon, c’est l’avenir, l’espérance,… Et cela nous donne la chance de garder toujours une hauteur de vue.
– Il doit se passer tant de choses que nous ne soupçonnons pas. Tant de détails nous échappent. Comment se faire une idée d’un monde que nous ne voyons pas ?
– Les bruits de la place nous en apprennent assez. On entend les conversations, les rires, les musiques, les manifestations. Cela nous suffit. Et ce que les hommes prétendent comprendre du monde me semble quand même limité.
– Peut-être… Mais l’amour ? je ne sais même pas comment font les hommes et les femmes pour s’aimer.
– « S’aimer, disait le renard du Petit Prince, c’est regarder l’un et l’autre dans la même direction. »
– Ah, c’est donc çà ? Alors, je t’aime…
Waouuuuu ! Superbe ton dialogue mon cher Claude ! Une belle pensée philosophique s’en dégage dès le début et ce final qui me fait fondre !!! Super and congrats !!
Ps : bon, on n’est pas obligé de regarder tout le temps dans la même direction pour s’aimer hein, à force ça en devient même lassant et c’est au contraire parfois intéressant d’avoir des visions opposées et les confronter via une belle communication mais là je m’égare hihihi gros bisous
Superbe conversation à la frontière de l’absurde et de la philosophie. Et quelle chute ! Vraiment, bravo !!!
C’est peut-être en regardant partout tout le temps qu’on ne voit plus rien d’essentiel finalement. Et puis, Saint-Ex ne disait-il pas qu’ « on ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».
Le printemps vous inspire de façon extraordinaire et me laisse émerveillée. Tout cela pour deux masques jumeaux, au regard mélancolique et rêveur, qui regardent passer les nuages, les oiseaux, les rares passants; deux êtres confinés dans la contemplation, du haut d’un perchoir où tout se duplique à la Andy Warhol. La vie est figée, les traits du visage sont des traces de maquillage indien, les Nations premières du Nouveau Monde. Ces masques fascinent, car ils dévoilent et reflètent autant qu’ils dissimulent, leur mystère renvoie à nos fantasmes, nos espoirs, notre désir d’évasion, nos craintes. Leur chair est minérale, lisse comme un masque No mais striée. Dans ces stries, les marques des effleurements de l’époque, équivoque.. Où même les joggueurs en contre-bas sortent eux aussi masqués, évitent leurs congénères, suivent, impassibles, leur chemin sans but en ahanant. Répétition et dédoublement encore. Et credo en l’absurdité du monde et en le sens de l’insignifiant, ces petits pas répétés sur l’asphalte en prenant une respiration entravée, pour voir la Seine ou les arbres, prendra la bise sur ce qui reste découvert du visage, et avoir rempli son contrat de sueur quotidienne et d’agitation.
Bravo pour ce texte. Ce parallèle entre les masques amérindiens qui extériorisent une symbolique et les masques des joggers cachant leur peur, me plaît beaucoup. Tandis que les statues contemplent les étoiles, les coureurs regardent l’asphalte.
J’aime bien aussi ce lien, cette comparaison entre les masques. Très bonne idée.
Il me semble que la sauce a pris comme jamais, c’est magnifique. J’adore vos dialogues ou vos méditations. Puis-je continuer à suivre le regard des masques ?
En bas il y a un square, et ce square a été bouclé par la police municipale : il y avait des abus, les gens se frôlaient, se rassemblaient, on y avait vu pique-niquer, des amoureux s’y donner rendez-vous, de jeunes loubards y traîner leurs guêtres pour s’évader de leurs appartements de HLM exigus et surpeuplés, des chiens gambader sans laisse. Tout cette vie spontanée était contraire aux règles, Big Brother avait sévi, enrubanné les grilles désormais verrouillées. Il ne restait plus grand chose à contempler, sinon les oiseaux dan les arbres centenaires, encore plus vocaux ; un chien errant qui avait l’air de savoir où il courait, un vieux monsieur masqué venu chercher sa baguette chez le boulanger, un plus jeune s’engouffrer chez le buraliste pour sa dose de nicotine hebdomadaire, une jeune femme avec son caddie partie ravitaille sa maisonnée. Etrange comme ce ravitaillement avait pris des proportions gigantesques. Le mercredi, jour de marché, des vigiles encadraient militairement une file de clients masqués eux aussi, sous des parapluies qui cachaient leur tête toute entière. Patiemment, ils se laissaient gendarmer, et tendaient avec obéissance leurs mains gantées pour effleurer de leur carte la machine enregistreuse de commerçants peu amènes qui leur tendaient en échange des sacs de légumes déjà emballés dans e grands sacs. Obligeamment, presque silencieusement, la file avançait et se dispersait, aussitôt reformée. Balai morne et mécanique de consommation canalisée, téléguidée, aseptisée. La distance des masques contemplateurs n’avait d’égale que celle des personnages consommateurs masqués, en qui ne se lisaient si jovialité ni fantaisie. Mais un jour peut-être verrait-il le soleil clore leurs parapluies, balayer leurs imperméables, un jour peut-être de nouvelles règles les démasqueraient-elles. Sauf ces femmes voilées qu’ils avaient toujours connues telles mais dont le regard savait pétiller. Un jour certainement..