Si vous êtes une femme et que vous osez regarder à l’intérieur de vous-même, alors vous êtes une sorcière.
Âmes errantes à la recherche d’un manuel de sorcières pour les nuls, passez votre chemin. Après avoir brièvement rappelé dans l’introduction que les chasses aux sorcières avaient lieu non pas à l’époque médiévale par d’obscurs pervers, mais bien à la Renaissance par des juges laïcs (tuer la femme pour voir arriver l’homme moderne), Mona Chollet s’interroge sur ce regain pour la wicca.
Dans la société patriarcale, il était de bon ton de chasser celle qui osait sortir du rang et préparait des remèdes naturels afin de la faire taire et surtout de la tuer. Tout y passait, les situations étaient complètement absurdes et hallucinantes et font encore froid dans le dos. Au fil des siècles, la société s’est dessinée un nouveau visage : celui d’une femme muselée, « fondue » dans le foyer, muette, qui ne sort pas et ne s’oppose bien entendu pas à la toute puissance masculine.
On finit par intégrer ce regard sur soi, cette évidence de sa propre inanité, de sa propre incompétence.
Cela aurait pu perdurer. Toutefois de nos jours, la société technicienne montre ses faiblesses, là où il n’était question que de progrès et de confort pour l’être humain, on se rend compte de ses méfaits, notamment envers la planète. Mais alors, en quoi croire si ce que l’on définit comme purement rationnel ne l’est plus ? L’être humain (qui a toujours besoin de trouver le sens des choses et de la vie) n’est-il pas enclin à se tourner vers l’irrationnel dans ce maelstrom ? La sorcière a ainsi été la figure toute trouvée pour ce changement de cap : proche de la nature, de ses voix intérieures et de son animalité, elle incarne à merveille cette nouvelle façon d’être.
Sorcières est un essai féministe qui s’interroge surtout sur les sorcières d’aujourd’hui. Qui sont-elles ? De la femme qui allaite en public à celle qui refuse d’être mère, en passant par la femme de 50 ans qui prend toujours son pied au lit, la route est longue pour annihiler certains fondements de la société. Mais les voix tiennent bon, à l’image du retentissement qu’a eu ce livre. Un essai minutieux, très largement documenté sans être soporifique : on referme ce livre avec pas mal de questions en tête, sur la place de la femme dans la société actuelle.
S’imposer, oser dire, revendiquer, dire non : la sorcière fascine autant qu’elle terrifie. Une lecture qu’on peut compléter par Femmes qui courent avec les loups …
La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations: elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie.
Il est toujours sur mon étagère, je ne l’ai pas enc ore ouvert, mais tu me donnes terriblement envie de m’y plonger.
Oui, à lire en parallèle d’un autre roman … tu picores et ne vois pas les pages défiler.
Une lecture intéressante (pas de billet), mais j’avais déjà écouté le propos dans des émissions de France Culture sur le sujet.
Ha oui, en effet, ça pouvait être redondant ! 🙂
J’avais pourtant en tête de lire cet essai… mais il n’a pas encore rejoins ma PAL… je vais regarder si ma bibliothèque le propose : sinon, ce sera une bonne occasion de retourner faire quelques dépenses à la librairie !!! 😉
Le voilà réservé (pour la rentrée !)
Ha super ! 😉 Tu me diras !
J’ai apprécié cet essai car je trouvais que Mona Chollet dressait un portrait intéressant de la sorcière moderne. Le tout sans jugement et en désamorçant la volonté scientifique : elle parle de son point de vue personnel (donc subjectif). Je le trouve d’une grande accessibilité grâce à la vulgarisation des informations.